Pour 2017, mes bonnes résolutions étaient de mener à terme notre projet de BD, se fabriquer de jolies casquettes et aller explorer l’univers méconnu du rallye routier. Depuis, un an a passé, j’ai la BD de Botan dans ma bibliothèque, une casquette sur la tête et un Moto Tour au compteur. Et tellement plus…

Ce fut une fois de plus une année complètement folle : Recos du Moto Tour avec le légendaire Laurent Cochet, rénovation épique de mon vieux SV, rallye du Dourdou, trip sauvage dans les Alpes, rallye des Volcans, rando TT Pirate et une hivernale dantesque. Ajoutez à cela tous ces weekends motos où j’oublie volontairement la caméra, ces sorties off-road  matinales dans une Ardèche que je ne cesse de découvrir et d’aimer chaque jour un peu plus. 2017 fut une grande année de ma vie de motard, entouré par une bande de Sales Gosses avec qui j’ai presque la sensation de vivre façon communauté façon hippies tant nous sommes proches malgré les kilomètres qui souvent nous séparent.

A l’aube de 2018, je sais que tout cela va changer, rien ne sera jamais plus comme avant. Lolo m’a de suite prévenu : « tu vas voir, la paternité, c’est la plus grande des expériences à vivre« . Pour l’instant, c’est beaucoup d’angoisse : Sera-t-il en bonne santé ? Serais-je à la hauteur ? Comment allons nous le baigner, le langer, le nourrir, le coucher, le couvrir, le transporter, le surveiller ? On a beau se dire que ça fait quelques milliers d’années que des jeunes parents n’y connaissant que dalle réussissent à prendre soin de leur bébé, ça fout quand même une trouille terrible la responsabilité d’une vie qui s’abat soudainement sur tes épaules.

J’ai déjà dû commencer à refuser des engagements, des trucs de ouf comme le Moto Tour Series de Tunisie. Décliner une telle aventure pour enfant du Paris-Dakar comme moi, ça pique un peu sur le moment je vous l’avoue. Surtout que le responsable est encore caché pour quelques jours sous la peau tendue du ventre de sa mère. Mais je le fais sans regret, car c’est ainsi. Je ne roule pas à moto pour cocher des cases ou être reconnu, je roule à moto car ça me rend heureux. Et comment l’être quand tu pars en sachant que tu abandonnes ta famille ? Ma saison de rallye 2018 sera donc succincte, comme mes escapades sur plusieurs jours avec les copains. Pas de grands rendez-vous, pas de grand challenge, pas de grand projet cette année. 

Une peur plus lancinante me prend les tripes depuis quelques semaines. Une angoisse sourde face à ce changement de vie. Mes parents avaient vendu leur 600 DR a mon arrivée, faute de temps et de finances. Il leur a fallu plus de 20 ans pour vraiment reprendre le guidon. J’ai toujours bien travaillé à l’école en partie pour cela : avoir assez de sous pour garder ma moto une fois que j’aurai des enfants. Et c’est le cas. Mais je comprends  que leur choix était bien plus qu’une histoire bassement pécuniaire. Et je ne veux pas avoir à choisir…

Alors pour 2018, j’ai bien un projet finalement, un défi certainement plus grand et plus ambitieux que la plus grande des courses que je ne pourrai jamais faire. Car c’est dans la banalité anonyme du quotidien que se cachent souvent les plus grands des exploits : J’ai décidé que j’allais être un papa motard. 

Enfourcher la moto plutôt que le Picasso dès que l’on a pas à charrier le gamin, même si c’est pour aller chercher une baguette (bon, cela dit, la première boulangerie est à 10 km de chez moi par des routes  virevoltantes, c’est tentant), bricoler dans son garage entre deux changements de couches, sangler la poussette derrière mon XTZ pour aller le balader dans les chemins. Non, là je déconne, n’appelez pas la D.A.S.

Rouler, rouler dès que je peux, rouler tout ce que je peux. Pas bien loin, pas bien longtemps, mais rouler. Pas pour le buzz, pas pour les titres, pas pour le site, juste pour avoir l’impossible, juste pour avoir le beurre et l’argent du beurre :

Etre papa et motard 

16 Commentaires

  1. Ben ça sera une belle année 2018!
    J’ai vécu ça (pour la 2ème fois) en 2017, et même si tu roules moins quand tu roules, tu profites encore plus ?
    Félicitations et bonne Année à tous !

      • Toutes mes félicitations ! Un élève de plus dans les classes de la République française. Prof et père de deux enfants, je crois pouvoir affirmer que tu vas un peu déchanté à moins que tes préparations soient légères tout comme ton sommeil. Tu vas découvrir l’amour fou pour un truc vivant dont la conscience s’éveille à la vitesse d’une HP2 en zone rouge mais aussi la terrible lutte pour dormir (« deviens zombi »), la diplomatie du couple en mode guerre froide, la joie de te démener pour obtenir ton mercredi, jour stratégique de l’EDT, le décompte des jours « enfants malades » et les vacances obligatoires (chez papy, chez mémé, pour Noël). Selon moi, seul l’été reste la période des motards papas profs. Sois le bienvenu dans le monde des choix heureux… Bises à la future maman.

        • J’ai oublié une remarque essentielle ! La valeur de ta vie va décupler parce que tu compteras pour quelqu’un autre qui a hyper-super-méga besoin de toi. Du coup, tu vas investir en assurance en commençant par augmenter ta couverture individuelle (option « légumineuse à domicile »). Sois le bienvenu chez PACS par MAIF ! 🙂

  2. Comme dit Marine, « les gamins c’est pas facile » mais même si ça n’a rien de comparable, les sourires et les rires qu’ils apportent sont aussi précieux que ceux nés des virolos et de la petite mousse au bistrot en haut de la cote avec les potes de virée! Une très belle année à vous!

  3. Bienvenue dans le club des papa motards … qui nettoie plus souvent leur moto que la fond, rouler ! Aucun regret si ce n’ai pas arriver à sortir plus souvent à moto ! Bon courage.

  4. C’est bô, j’en ai la larme à l’oeil (gratos quoi).
    Sans compter l’avantage que quand y’aura plus de pétrole tu pourras distiller la crotte du petit.

  5. Félicitations Cigalou,
    Pour te faire mon retour, il y a environ 12 ans quand mon fils est né, j’ai vendu mon V strom quasi-neuf en pensant que s’en était fini du 2 roues financièrement et ne voulant pas abandonner ma moitié. Avant les 4 ans de mon garçon (et les 3 ans de ma fille), je m’y suis remis et je n’ai pas arrêté depuis.
    Je mets un point d’honneur à faire une à 2 sorties de 4 à 5 jours par an entre potes motards, souvent en Auvergne ou en Espagne dans les déserts de Monegros ou Bardenas (je suis proche de la frontière). J’apprécie de retrouver ma famille après chaque sortie (un ptit skype avant qu’ils s’endorment le soirs ça fait aussi plaisir).
    J’attaque également beaucoup moins la poignée depuis la naissance du premier, et j’ai progressivement réduit la puissance de mes trails pour profiter de rouler « calme » ou hors bitume.
    Je pense que si j’ai pu accorder mes envies de 2 roues (avec raison) et la famille, beaucoup le peuvent.
    En espérant te croiser un jour, sur un rassemblement.
    Amicalement.
    Tony ex-Nordiste, réfugié climatique en Béarn.

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