Le titre peut paraître ronflant, plein d’ego démesuré du mec qui pense détenir une forme de vérité. Pas du tout. Ce titre m’est venu d’une réflexion lors de la rando. Devant la troupe réunie et ses machines très différentes, puis plus loin, lorsque le tracé s’est montré sélectif, c’est quoi un vrai trail, le vrai trail ?

Inutile de se le cacher, le trail, du moins la catégorie, est portée depuis quelques temps par un effet de mode. Soif d’aventures, retour à de l’authentique et à la rusticité, quitter le bitume à la recherche des grands espaces, parfois à grand renforts d’accessoires. « On peut plus rouler ma p’tite dame, les vilains radars sont partout ! » L’idée d’une pratique de la moto plus proche de la nature et dans le respect de l’autre, c’est déjà à mon avis un excellent état d’esprit.

Rendez-vous en terre connue

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Je suis assez fier que le point de rendez-vous pour le départ soit dans mon village de l’Ardèche. Les courageux on passé une nuit de vendredi à samedi assez fraîche et venteuse, moi j’ai dormi au chaud chez les parents (#solidarité). Les arrivées se sont étalées jusque tard dans la nuit. Place au briefing avec quelques noms bien choisis comme « la montée de l’espace » ou encore « la montée de Rémi« , qui laissent présager des moments assez intenses. La trace passe par certains endroits emblématiques du secteur, entre les lits de la Loire naissante et de l’Allier, sans oublier le fameux Viaduc de la Recoumène au Monastier-Sur-Gazeille, sur les traces d’une ligne de chemin de fer qui n’a jamais vu le jour. Plus d’infos par ici

Un tracé de toute beauté

Si les inscriptions ont été bouclées en si peu de temps, c’est parce que la TT Pirate, c’est synonyme de mélange entre paysages magnifiques et passages techniques qui mettent à l’épreuve les machines et leurs pilotes, les fameux passages à « solidarité forcée ». Pour ma première participation, je me suis régalé par la beauté des couleurs de l’automne de cette région que je connais mais où je ne vis plus depuis quelques années. Je me ressource à chaque fois que j’y reviens et cela faisait une éternité que je n’avais plus pris les chemins. J’ai aussi pu découvrir les capacités de franchissement de mon DR-RR !

C’était ça tout le week-end, je vous raconte pas la gueule de mes roulements de colonne.

Usurpation d’identité ?

En me pointant avec ma moto samedi matin, je me posais la question de savoir si j’avais bien moi-même l’esprit trail. La moto, je l’ai, l’équipement ma foi n’est pas clinquant entre un casque cross déniché en super-promo (d’où sa couleur flashy !), et mes bottes d’enduro âgées de 15 ans ressorties du placard pour l’occasion. Bref, pas de tenue full adventure quoi. Pas de panique, je ne suis pas le seul ! Les motos sont aussi très différentes. Certains trails sont de vraies vitrines avec des sacoches, sabot et autres reposes-pieds en alu dernier cri, il y a un vrai marché du look aventurier et c’est bien normal de le voir ici. Mais il y a aussi de la simplicité avec des meules robustes où les sacs sont chargés tant bien que mal. Peu importe la bécane, c’est l’état d’esprit qui compte et pour le coup l’ambiance est vraiment sympa, ça se la pète pas !

Un tromblon de 150kg et… un sac de 200 litres. Qui dit mieux ?

Chassez le naturel…

Dès les premiers kilomètres de chemin, je me suis senti super bien.

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Sous le casque, ça doit donner un truc comme ça…

Mon DR avait très peu vu la terre (en dehors des chutes, des fossés toussa) et la préparation s’est limitée à des pneus, une paire de repose pieds à 20€ made in china. Des sous-bois, de la piste et de la petite route. La moto est facile, ça reste un peu souple en suspensions qui talonnent dans le défoncé, mais tout passe. Même après ces quelques années consacrées à une pratique sur route, 10 ans de quad, ça laisse des marques ! La lecture du terrain est restée un réflexe : un œil devant la roue et un œil au loin pour anticiper !

De l’entraide et du dépassement de soi

 Être là pour les autres, s’aider à franchir les obstacles. Ce sont des valeurs essentielles à la pratique de l’off-road et du trail. Surtout quand la monture pèse une âne mort, n’est-ce pas Ferdi ? La montée de l’espace a laissé des traces sur les carénages (et une odeur d’embrayage pour certains…) Fermant le groupe, je laisse un peu de marge. Ma technique est assez simple. Si j’ai un doute sur le fait que ça passe, je met un peu plus de gaz. Ma brave Suzuki se joue de cette montée et je m’amuse comme un fou.

Rattrapant  ceux qui me précèdent, je m’arrête pour aider. Tiens, Ferdi est par terre ! A ce moment son visage est l’expression de « Qu’est-ce que je fous là ?!«  Ce type d’exercice n’était pas au programme de son stage. Ses progrès vont être fulgurants au cours de la rando, jusqu’à la dernière portion hard du dimanche matin où – attendant sournoisement au milieu de ses sœurs – une pierre volcanique est venue percer le carter d’embrayage de la Yam. Le sabot de la marque ne semble pas avoir été étudié pour le relief auvergnat. Nous sommes tous dégoûtés de la voir abandonner si près de la fin. Mais l’entraide est là. La moto est tirée jusqu’au sommet, nous avions moins froid tout à coup !

En mode touriste

Mon duvet prend environ 70% de l’espace de mon sac… Une fois rentré la tente et le nécessaire en cas de crevaison, ben y reste plus grand chose. J’en ai complètement oublié la bouffe. Pas même un saucisson local ou du fromage de chèvre. J’avais vraiment l’air con… Et du coup j’ai taxé Tom tout le week-end ! Faut dire que son organisation m’a vendu du rêve. Le réchaud à essence, la casserole et la cafetière, le tout soigneusement sanglé sur sa BMW. Et pour le bivouac, par 1200m d’altitude, je savais bien qu’il ne ferait pas chaud.

Au coin du feu, c’était l’occasion d’apprendre quelques anecdotes (inavouables) du Moto Tour de Cigalou !

Lorsque je trouve l’étiquette de mon gros duvet (+7/+10) et ma tente à la toile épaisse comme du papier à cigarette, je me rend compte que ça va piquer… Mais Rémi, vole à mon secours. J’ai donc pu passer la nuit avec ce dernier et Cigalou, pile au milieu. Et éviter de finir congelé ! J’aurais presque bien dormi si j’avais eu un matelas. Un vrai touriste je vous dis !

Je suis le mec au fond qui SUBIT.

La piqûre du trail

Comme Cédric, moniteur moto de Cigalou (le pauvre) et de sa mère Lisette, ancien pistard et stunter converti au trail, je me suis reconnu dans cette pratique de la moto. Du plaisir des pistes roulantes qui permettent de belles glisses aux passages techniques où la recherche d’équilibre et de motricité demandent de la concentration. Ce moyen de découvrir une région autrement que par la route et ainsi d’accéder à des points de vue magnifiques. Oui, le trail véritable, c’est cette façon de rouler en accord avec son environnement, les gens croisés nous ont répondu par des sourires et des signes de la main. Car on ne déboule pas comme des sauvages, le bruit des motos est raisonnable. C’est bien un état d’esprit, qu’importe la cylindrée, le prix ou les équipements de la bécane.

J’espère bien être au départ de la prochaine édition. Et mieux, pouvoir contribuer au tracé ! J’ai déjà quelques idées en tête. Affaire à suivre… 

4 Commentaires

  1. On (enfin moi déjà) va dire que je radote, mais quand même, faut avouer que les perches se tendent à n’en plus finir…
    15 jours plus tôt, un ami m’envoie un hameçon dissimulé dans un sms « je suis à Ledenon dimanche avec la brèle que je retape pour la piste. Tu viens essayer? ».
    Depuis le temps que je voulais rouler ce tracé, et essayé son cb500… Je vous passe les détails, je me retrouve finalement à découvrir le circuit sur ma Ducati Monster, chaussée de pneu GT et acheté il y a tout juste trois mois.
    Malgré les fesses serrées et la paire de petites frayeurs, le sourire est bien là. Et avec lui la grande discussion sur la possibilité d’investir dans une seconde machine plaisir. Celle que « si tu la bourres c’est pas si grave même si on est pas la pour ça non plus ».
    Pourtant, quelque chose me titille. La piste c’est franchement top, mais il manque un truc. Une odeur de feu de bois et de vieille chaussette qui a passé trop d’heures au fond d’une botte mouillée sans doute…
    Et comme fait exprès, guettant un moment de faiblesse, Mathieu nous lâche son papier sur le trail, façon « j’étais pas vraiment prêt mais putain c’était bon ».

    Ah ouais? Et ben mon p’tit pote laisse moi te dire une bonne chose: si tu l’prends comme ça, j’vais m’trouver une vieille meule qui accepte les pneus à tétines et j’vais m’pointer à la TT pirate moi aussi. Et compte pas sur moi pour oublier l’saucisson!

    Non mais sans blague…

    • Ah Lédenon, j’espère y rouler un jour. Espérant que ce circuit résiste longtemps encore aux assauts des riverains !
      L’appel de la boue, du gravier (en dehors du bac) c’est un pilotage bien différend mais avec sont lot de sensations. Je ne connais l’ambiance d’une journée piste, j’imagine que ça se compare un minimum les chronos ou le niveau d’équipement de la brêle. En TT, c’est l’inverse. En tout cas dans l’esprit Dirty Trail !

  2. En fait Cigalou, craignant que ce ne soit pas assez difficile pour toi, m’avait chargé de rajouter un peu de piment à ta première Rando TT Pirate.
    Bon, bête et méchant comme je suis, je l’ai un peu trop écouté…

    Mais sinon, le truc du regard qui dit « qu’est-ce que je fous là », c’est très clairvoyant. Je me suis posé la question une ou deux fois, mais la réponse je l’ai vite trouvée : pour me faire un très très gros kiffe !!!

    Mais bon, l’année prochaine, je ne viens pas avec ma vielle XTZ1200, mais avec un truc un peu plus léger…

    • Il faut dire que le parcours a été imaginé avec l’humidité que l’ont trouve d’habitude à cette saison. La montée de Rémi avec ses pierres à nu, auraient donné du fil à retordre (et du cadre à tordre) sans la sécheresse !
      J’ai bien envie de m’immiscer dans les recos pour 2018, avec quelques passages sympas. Je trouve que le poids y fait beaucoup sur la facilité ! Et puis j’avais bien mal au cœur de voir ce beau XTZ par terre !

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