Le week-end du 21-22 mai 2016 c’était la grande messe de la moto ancienne, THE endroit très fréquentable si tu veux admirer des bolides à l’origine de tous les machins en plastoc et à injection qui roulent dans nos villes et nos campagnes aujourd’hui : Les Coupes Moto Légende !

De retour de ces deux jours à remonter le temps, quelques textos au « Chief » Cigalou (allusion aux belles Indian qu’on a pu admirer) et je lui propose un petit article agrémenté de quelques photos (passion que je partage avec mon père) et une vidéo tournée et montée par mon frangin. Sans hésiter une seule seconde il me répond « Ben oui beta ! ». Commençons donc par les présentations. Dans la famille il y a le père, 58 printemps, plus de 40 sur des deux roues motorisés de toutes marques, avec une préférence pour celle de l’hélice. Il y a ensuite mon frangin, 29 ans et deux motos dans le garage qui réunies atteignent les 70 ans ! Enfin, moi, 32 ans, le cul le plus souvent possible vissé sur ma 100 GS ou mon side-car (faut commencer l’éducation des enfants dès tout jeunes).

Début des hostilités vendredi. Je prends la route pour le circuit de Dijon-Prenois à 18h30. Au programme, un peu plus de 250 kilomètres en passant par des départementales et nationales. Niveau route touristique on repassera : Je suis attendu pour manger, mon père et mon frère étant partis plus tôt. Je traîne dans mon sillage deux d’jeuns permis qui partent à la rencontre de cette culture motardesque. Ils ne seront pas déçus du voyage. Arrivé 21h30, montage de tente, allumage du feu, apéro, cochonnaille, grillades… merde il est une heure du mat’ et on a encore refait le monde de la moto. Dans mon duvet je suis bercé par le son des corps de chasse ou des échos d’AC/DC qui s’échappent de la sono de la buvette tenu par la société de chasse locale. Bien sur, des mecs se croyant certainement au Mans se sont sentis obligés de taper quelques rupteurs.

Levés 7h30, p’tit déj’ et grand soleil. Les motos des visiteurs commencent à remplir le champ de stationnement. On part faire la queue aux caisses, armés de notre matos photo et vidéo. Des moteurs rugissent déjà à l’intérieur du circuit, faisant résonner la musique envoutante de leurs échappements libres. Ça y est : on est dans l’ambiance.  Une BSA d’avant guerre (la seconde) se gare à côté de nous. Ça pétarade, ça sent l’huile et le ralenti n’est pas du tout régulier. Soudain quelques flammes apparaissent au niveau du carbu  » – Fais gaffe tu prends feu ! « – Vite éteins ! » Une bonne rigolade. Le mec – aussi âgé que sa bécane – continue son chemin comme un prince. Les Coupes c’est ça toute la journée. La moyenne d’âge des participants comme des visiteurs, tourne autour d’un bon 60 ans. C’est le bal des combines de cuirs usées, des Barbours, des casques loin d’avoir l’étiquette « norme CE ».

Nous commençons par faire le tour de l’immense bourse. Nous avons des pièces à trouver pour un copain d’enfance de mon père. Il est accompagné de son fils, la vingtaine, transmission de passion quand tu nous tiens ! Il a un café racer sur base Guzzi Lario en préparation. Il lui manque un feux arrière, des commodos en alu et tout un tas de petits accessoires. Bien sûr, tu peux facilement les trouver grâce au triptyque Internet-plastique-Chine. Mais c’est tellement bon d’en trouver datant des années 70-80 dans le fond d’une caisse. Devoir les repolir ou les repeindre, ça a une saveur unique. Après avoir tournicotés, fouinés, négociés, il est tant d’aller jeter un œil sur les bécanes, celles qui roulent !

Direction les garages des stands. Dans chacun d’entre eux on trouve souvent des motos de GP ou d’endurance allant des 50 Kriedler à une MV Agusta 500 (la même sur laquelle le Roi Ago a été 7 fois champion du monde de 1966 à 1972). Quelques pilotes champions du monde qui n’ont rien perdu de leur talent une fois en piste sont de la fête. Tiens, toujours et encore, Phil Read est là : 77 ans, 7 fois champion du monde, premier à l’être en 125, 250 et 500 cm3 (28 ans avant Rossi) et vainqueur du TT sur l’Ile de Man. Une légende. Les Mécanos font chauffer les moteurs, c’est une véritable symphonie, un régal pour les oreilles.

La pré-grille. On a bien calculé notre coup : la série K va entrer en piste. La plus belle à mes yeux, celle des side-cars. Tour à tour, les pilotes fendent la foule pour atteindre la zone d’attente. Le temps que ceux de la série B (Moto de Grand-Prix 350-750 cm3 jusqu’à 1988) évacuent la piste après s’être tirés la bourre pendant 15 minutes. Il règne une atmosphère de Continental Circus : les motos bouillantes, les pilotes encore plein d’adrénaline qui passent au milieu de cette immense foule à grands coups de gaz pour que les gens se poussent et que la moto ne calle pas avant de rentrer vers le camping car. Camping car où souvent madame, les enfants, les potes attendent le retour des gloires d’antan ou des simples héritiers d’Edouard Bracame, Jean-Raoul Ducable, Guido Brasletti et autres Jean Manchzeck, pour se désaltérer. (Je rappelle que nous sommes en Bourgogne…)

Cette pré-grille est l’occasion pour nous de tirer quelques portraits, de véritables gueules de motard(e)s. Les sides nous en offrent de tous les styles : Du vieux, du jeune, du barbu et de la grâce avec la gente féminine très représentée. Elles en sont les véritables héroïnes comme on s’en fera la remarque avec mon frère. Mon rêve depuis que je roule sur trois roues, c’est de pouvoir un jour faire de la compét’ avec ma fille ou mon fils. Et le side c’est ça : il faut une confiance absolue, une complicité que les liens du sang et de l’amour favorisent. Les couples sont légion, les liens de paternité souvent évidents entre le pilote et le singe (ou la guenon).

 

Il est déjà midi. Les snacks et buvettes sont pleins de visiteurs. Les participants et les clubs passent à table à l’abri des tonnelles, des camionnettes et de camping-cars en tout genre. C’est l’occasion de faire le tour du circuit et d’admirer les engins stationnés qui attendent le défilé des séries de l’après-midi. Certaines motos sont de véritables « œuvres d’art », parfois dans un état irréprochable, refaites à neuf, parfois dans leur « jus », au sens propre comme au figuré. C’est sûr que même si tu roules sur les routes pleines de sel pour te rendre aux Millevaches avec une de ces pétoires, elle ne risquent pas de rouiller vu la quantité d’huile qui peut s’échapper du moteur !
L’après-midi va s’écouler entre prises de vues des machines qui s’affrontent dans des styles plus ou moins agressifs sur la piste et déambulation dans le paddock, les stands ou le bois afin d’en prendre plein les mirettes et les oreilles.

La soirée, ne sera qu’un classique de ce qui se fait en concentr’ : apéro (bis), cochonaille (bis), fromages d’Auvergne (bis), bon feu (bis) et des grillades (bis). Le tout arrosé de vin rouge local – on est en pleine Bourgogne (je le rappelle encore) – et saupoudré de récits incroyables. On a droit a de véritables dissertations sur les caractéristiques techniques de machines que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître. Sauf si comme moi tu as la chance d’avoir un père, des potes, ou simplement la passion pour ces engins à deux et trois roues. Dans un avenir proche elles ne pourront plus rouler dans nos grandes villes, mais elle pourront encore et toujours se bricoler dans le fond d’une grange ou sur le bord de la route. Moi j’ai fait mon choix !

19
La brêle du père et celles des deux fistons : Le bon goût doit être affaire de génétique…

Dimanche matin, la canicule de la journée du samedi laisse place à un temps bien plus incertain. Les tentes sont pliées, les montures chargées et… qu’est-ce qu’on fait ? Les coupes c’est sur deux jours. Le programme est sensiblement le même le samedi et le dimanche. On en a bien profité hier, le temps devient TRÈS menaçant et puis j’ai préparé une virée par la route touristique pour rentrer. La décision est vite prise. Traîner sur les paddocks ne donne qu’une envie : rouler. On s’inflige un détour pour trouver une station ouverte avec du carburant (because blocage des raffineries) et on rattrape ma trace. Heureusement qu’on avait tous des trails : le fond de carte ign du GPS me fait emprunter un bout de chemin avec un beau gué à traverser ! De toute façon il pleut comme vache qui pisse et on va rentrer trempés. Un peu plus, un peu moins… On rentre ensuite en longeant les canaux de la région, à travers les vignes des grands crus de Bourgogne et sous une drache terrible. Je laisse la famille à Roanne et continue ma route vers Vichy ou m’attendent femme et enfants.

« Dis papa tu me montre les photos de Moto Légende ? »

La vidéo hypnotisante d’Alexandre « inside » les Coupes Moto légende :

3 Commentaires

  1. Depuis qu’elles sont parties de Montlhéry pour la Bourgogne, je n’y vais plus.

    Faudrait que je me secouasse un peu pour y retourner.

    Merci…

    Philippe

  2. Mmm cet article sent bon l’huile et les vielles machines. Merci pour le partage !

    Çà me redonne envie de rénover ma vielle 125 moto-confort de 1955 qui n’attend que ça !

    V a tous 😉

  3. Très bel article,bien illustré.Les compte rendus sportifs,c’est ce que j’évite d’habitude dans la presse,mais là,ça sent plus la passion que le plat compte rendu.

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.