Norbert, c’est le motard tendance. Dans les années 90 – s’il avait eu le permis –  il aurait roulé en sportive. Dans les années 2000 il a forcément eu un roadster bien agressif, un Monstro pour être exact. Sauf qu’on est en 2016 et que du coup il a… une Bonneville.

Bah oui, l’heure n’est plus à la performance. Mis à part une poignée de mordus de vitesse qui s’enthousiasment de voir enfin la loi nous autoriser à débrider les bourrins, tout le monde s’en tape de faire péter les compteurs. (Au passage – à mon humble avis – c’était un putain de piège pour nous imposer le Contrôle technique derrière cette histoire de débridage). Non aujourd’hui, l’ambiance est plus au « cruise » qu’au chrono et le néo-rétro règne en maître chez les motards branchés.

Avec sa T100, Nono est pile dans cet esprit « héritage ». Une européenne qui esthétiquement n’a pas bougé depuis 50 piges, difficile de faire mieux ! Alors forcément, ça a un coût la mode. Parce qu’elle est flambante neuve sa fausse vieille. Mais ça il s’en tape le Norbert, il bosse dans une boîte qui paye bien. Sous ses airs de bad boy en cuir se cache un trentenaire en col blanc tout ce qu’il y a de plus policé. Il fait un de ces métiers qu’on ne sait pas trop ce que c’est « Manager-community-financial-trucmuche ». Même lui il a du mal à l’expliquer. En tout cas, toute la semaine, son moyen de transport c’est le RER. Bah ouais, c’est compliqué d’aller bosser en costard sur sa moto. Puis ce n’est pas son délire d’en chier sous la flotte. Sans compter que pour faire du Paris-Paris, s’équiper et enlever les quinze cadenas de sa brêle ça prend plus de temps que d’aller à la station métro en bas de son immeuble du 8ème arrondissement. Non, pour lui, la bécane, c’est le weekend, quand il fait beau. Sortir balader hors de la capitale puis le soir, refaire le « ride » et le monde autour d’une bière sophistiquée dans un bistrot branchouille du canal de l’Ourcq. Garée sur le trottoir en face, entre la station vélib’ et un platane, sa Bonneville aux chromes brillants accroche le regard des passants. Pour lui, la moto, faut que ce soit un régal pour les oreilles et pour les yeux.

Ce n’est pas parce qu’il n’est pas un sado-maso du guidon comme certains de ses potes ou qu’il se laisse facilement séduire par le matraquage marketingue des pubs des magasines que Nono est moins motard pour autant. Il goûte à sa passion différemment, par petites goulées savoureuses. Certainement de manière plus raisonnable d’ailleurs quand on y réfléchit : Il faut vraiment être débile ou fou pour aller rouler sous la pluie ou la neige. A quoi bon se faire des engelures et ne pas pouvoir se pencher dans les virages ? Ou est le plaisir ? Ça c’est un truc qu’il ne comprend pas Norbert. Il chambre souvent ses copains « purs et durs » et essaye de convertir le jeune BB à sa pratique « dolce vita » de la moto.

Bien sûr, Lucien et les autres ne sont pas en reste pour moquer dès qu’ils peuvent ce « motard du dimanche » et son tromblon hors de prix. Mais Nono se contente d’allumer nonchalamment sa clope de mec faussement rebelle, de baisser sa paire de Climax vintage sur ses yeux et de partir tailler la route sous un beau soleil de printemps, bercé par le ronronnement de sa T100.

Il y a autant de façon de vivre sa passion que de motards. Mais il y a peu de motards qui ne soient pas des passionnés. L’essentiel, c’est d’être heureux chaque fois que tu montes sur ta moto.

Les autres, tu les emmerdes.

8 Commentaires

  1. Sacré Norbert, un Hipster bobo comme y en a tant ! Bon, demain 450 bornes sous la flotte pour aller rider dans le Doubs avec des potes à des T° digne de la sibérie ! Envoie nous Norbert, on va lui faire respirer le grand air ! 😉

  2. Moi je l’aime bien ce Norbert, à part le coté « bobo parisien » (Paris ? Quelle horreur !), je me retrouve un peu dans ce Norbert au guidon de ma W800 rutilante qui ne voit jamais la pluie.

    Mais l’un n’empêche pas l’autre, tel dr jekyll and mister hyde, le hipster du dimanche que je suis sais se transformer en « roule toujours » lorsque je monte à bord de ma grosse GT haute sur patte (sur ce webzine je n’ose pas appeler « trail » ma Crosstourer qui ne l’est pas vraiment).

    Comme quoi plusieurs motards peuvent sommeiller en nous, il faut juste les libérer tous pour apprécier toutes les saveurs de la discipline ^^.

  3. moi aussi j’ai une bonneville j’habite en charente maritime je m’en sert pour le boulot ,la ballade
    j’aime bien la gueule de cette moto pourquoi tant de haine

  4. salut Cig et les zotres ,
    Sympa cette galerie de portraits.
    Dans mon coin pas tellement de Norbert, quelques BB et d’obscurs Lucien qui se baladent .
    Chacun aime son truc et c »est bien comme ça … Tout le monde est le ringard de quelqu’un.
    J’avais vu deux gars en mob ( ou en 103 je ne sais plus ) à Assamaka au Niger qui venaient du nord, ils avaient passé les bécanes dans un camion pour la partie piste  » molle » après tam .
    une pèche incroyable . Peu de pièces , de vieilles meules . On s’est vu au marché ,
    ils sont partis 30 secondes après , impossible de les distinguer des autres mob locales sauf de très près .
    Le plus vieux devait avoir 19 a

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