Session montage dans un hostel sur la Pamir Highway – Tadjikistan

Il y a quelques jours, je présentais pour la première fois mon film de 54 minutes dans une énorme salle de 800 places durant le festival des globe-trotters organisé par ABM (aventures au bout du monde) à Massy. Je suis passé dans les derniers, après des films d’une grande beauté et d’une grande simplicité. Des films bien souvent réalisés par des équipes professionnelles durant des expéditions assez folles.

À côté, j’étais là, seul. Moi qui suis juste parti avec une bécane de 25 ans, sans expérience et avec pour seule ambition la découverte de l’autre et le désir de partager ces instants de vie.

Mais comment en suis-je arrivé là ? 

À l’image de toute l’équipe de “Vie de motard”, j’ai tout appris sur le tas. Je suis webdesigner de formation et je suis entré dans le team en temps que “le mec qui code le site” dixit Cigalou. Je ne suis absolument pas vidéaste, et encore moins écrivain. Pourtant tous mes projets du jour tendent à prouver le contraire.

Beaucoup de voyageurs le répètent, voyager c’est apprendre ! Et pour partir, il faut juste oser prendre le risque de ne pas arriver. Je ne souhaite pas ici, vous étaler toute ma philosophie du voyage, car c’est principalement l’objectif de mon film disponible ici. Par contre, j’ai à cœur de vous démontrer que tout est possible si vous en avez l’envie.

Avant d’entrer dans le vif du sujet, je tiens à indiquer que mes réponses sont le fruit de mon expérience et non de l’arbre de la connaissance et du savoir infini ! Ceci n’est clairement pas un tutoriel pour apprendre comment faire un vidéo.

Alors, quelles sont les questions à se poser avant de faire une vidéo ?

Dans ma conception des choses, il faut essayer de définir trois choses avant de commencer tout projet : 

  • Pourquoi ? Pourquoi faire une vidéo ? Qu’est-ce que je souhaite exprimer ?
  • Comment ? À l’arrache ou en mode pro ? Est-ce que je souhaite y investir beaucoup de temps ? Est-ce que j’embauche les copains ?
  • Pour qui ? Quel est mon public ?Est-ce que je m’adresse à des gens qui connaissent mon histoire ou pas ?

Ces questions-là, je me les pose depuis que j’ai commencé à partager mes pérégrinations. C’est durant mon voyage jusqu’en Mongolie que j’ai réellement commencé à réaliser mes premières vidéos, des petits montages de 4 à 6 min maximum illustrant les dernières semaines. Je les réalisais sur un mini ordi/tablette super lent. Il me fallait généralement une journée voir deux pour sélectionner tous les plans, trouver une musique qui corresponde à l’état d’esprit des semaines passées puis tout ajuster en calant les plans sur le rythme de la musique. J’ai même parfois tout recommencé parce que la musique ne me convenait plus… Mais j’étais content, loin d’ici, de me retrouver devant mon petit ordi pour partager avec mes amis et ma famille ce que je venais de vivre. C’était une façon de dire merci et de préserver les instants passés. En parallèle, j’écrivais sur mon blog, partageais sur Facebook et profitais d’une connexion pour avoir la famille en ligne. 

Au retour de ce premier périple, j’avais réalisé 10 petites vidéos. J’ai essayé d’en faire une pour tout résumer. Faute d’expérience, j’ai fait une simple vidéo musicale qui raconte tout en image en donnant l’impression de vivre un doux rêve, 4 mois et demi en 6mn.

C’est durant cette même période que j’ai rencontré Cigalou. Il m’a alpagué pour venir mettre les mains dans le cambouis. C’est une métaphore, car en réalité, c’est une équipe qu’il cherchait pour compléter les talents qu’il n’aura jamais ! Du coup, j’ai commencé à m’amuser avec ce nouveau groupe d’ami, à faire des petits montages de nos rares virées.

Quand j’ai essayé de refaire la même chose seule. Je me suis vite rendu compte que c’est bien plus laborieux. Il faut trouver un plan sympa, poser la caméra au bon endroit, recommencer, car elle est tombée entre temps, revenir avec deux caméras pour pouvoir présenter plusieurs angles, faire demi-tour, redémarrer mon vieux 350 à coups de kicks, etc. Je m’étais acheté cette moto pour me familiariser avec les chemins et affiner ce que j’avais appris sur une moto chargée. Le petit montage c’était donc un bonus, une bonne excuse pour m’amuser dans la boue.

Et pour toutes les vidéos, les mêmes questions simples : pourquoi, pour qui, comment.

Faut-il un équipement au top dans ces valises ?

Quelques mois plus tard, je suis parti pour un nouveau voyage, huit mois en Amérique du Sud à moto avec un ami fraîchement rencontré en Guyane. 

Un peu de poussière sur la Transamazonienne – Brasil

Je n’ai pas changé de matos. J’avais toujours ma caméra sur le casque, une Garmin Virb, mon appareil photo compact, un Fujifilm X30 et en backup, une caméra premier prix. J’aurais bien aimé ajouter ma voix sur les vidéos via mon kit mains libres, un drone, un trépied, un micro et une lampe UV, mais je n’avais pas assez de place et je suis du genre à aimer les choses simples et efficaces. 

Je suis attaché à filmer au présent. 

Ce que j’entends par là, c’est filmer ce que j’ai réellement vécu et ne pas repasser dans le chemin pour réaliser une belle séquence. Parce que tout cela prend du temps et qu’en voyage il y a bien assez d’autres choses à penser. Surtout quand tu démarres ton voyage, malade, en plein milieu de l’Amazonie avec un gars que tu connais à peine !

Une dizaine de vidéos et je ne sais combien de rencontres plus tard, je suis revenu en France avec l’envie de raconter mon histoire, la vraie, celle que je n’avais encore ni écrite ni exprimée à haute voix. J’y pense sur la route depuis plusieurs mois. J’ai envie de partager les points clés d’un voyage, de transmettre mes pensées par un moyen ou un autre, livre, vidéo ou même télépathie. 

J’ai commencé une mini-série “les observations d’un voyageur heureux” sur ma chaîne YouTube. L’idée c’est d’explorer différents thèmes sur 5 à 6 minutes de vidéos. Sur ce modèle de vidéo, j’ai d’abord écrit une petite liste de chose, puis j’ai posé la caméra et j’ai commencé à parler. Pas de micro, pas de mis en scène et pleins de coupes pour enlever ce qui ne sert à rien. Cela m’a permis de constater que j’étais capable de dire un nombre de phrases inutiles assez impressionnant. L’objectif c’était l’ouverture au dialogue et au partage !

C’est une invitation aux Alpes Aventure Festival à Barcelonnette qui va m’a motivé à franchir le pas. Pour participer au concours, je devais présenter une vidéo de 20-25mn. 

Par où commencer pour réaliser un film court ?

J’avais bien une vague idée, une esquisse de plan, mais rien de bien concret.

Puis je me suis rappelé ma rencontre avec Luc Cotterelle qui venait de terminer son film “Terre propice”. Je vous invite vivement à le voir si vous n’avez pas peur de finir sur votre moto en direction du continent africain. Il m’avait expliqué : la première chose que le réalisateur lui a demandée, avant même de voir les images, c’est de raconter son histoire.

La mienne, même si je la connaissais bien, il fallait commencer par l’écrire.  Et comme j’avais prévu de tout faire seul, il était temps que je me mette au boulot.

Recherche de panne (CDI) dans un village au centre de la Mongolie

Écrire, c’est mettre de l’ordre dans ses pensées. 

Quand je pense à mes voyages, j’ai d’abord un tas de souvenirs qui me viennent en tête. Puis agréablement, ces souvenirs se transforment en émotions.

J’ai alors recommencé le travail que j’avais entamé entre mes deux voyages. D’un côté, une liste de souvenirs de l’autre une liste d’émotions. Puis j’ai gardé celles qui sont pour moi inhérentes au voyage. 

Une fois le scénario écrit. J’ai ensuite demandé aux copains de le relire, me laissant le temps de digérer le tout. Puis après plusieurs corrections j’ai enregistré la voix afin de commencer le montage. 

Sur cette première version, j’ai fait plusieurs erreurs à éviter. 

  • Je n’ai pas respecté la chronologie. C’est difficile, surtout pour une première version. Je conseille de commencer par écrire de façon chronologique pour ensuite déplacer des éléments si besoin est.
  • J’ai oublié de prendre en compte que je ne parle pas comme j’écris. Pendant l’enregistrement de ma voix, j’ai changé des tournures pour qu’elles s’adaptent le plus possible à ma façon de raconter.
  • J’ai essayé en vain d’améliorer la qualité de la bande-son de ma voix alors que celle-ci n’a pas été enregistrée avec du bon matériel. J’ai perdu des heures pour finalement tout refaire avec un meilleur équipement.

Je n’ai pas reçu le prix du jury cette année-là, mais j’étais content d’avoir réalisé ce petit film et d’avoir pu le présenter à plusieurs reprises. J’ai reçu beaucoup de bons retours, mais avec souvent une même critique : c’était trop court. Et en effet, raconter 2 ans de voyage au total sur 6 ans de vie en seulement 20 min c’est compliqué…

Oser recommencer.

J’avais réussi à faire une vidéo de 20 minutes qui a donné envie à tous d’en voir plus. Et le meilleur moyen de savoir si je pouvais en faire un film d’une bonne heure, c’était de tout recommencer. De reprendre l’écriture au complet en corrigeant mes erreurs et sans limitation de durée. 

J’ai donc repris tout mon texte, remis tout dans l’ordre et passé des soirs à revivre d’autres souvenirs et les décrire en les associant à une émotion. Il m’a fallu 4 mois pour écrire douze pages de voix off. Trois fois plus que la version de 20 minutes. C’était compliqué, car je voulais sortir du récit de voyage tout en racontant mes voyages. Je voulais parler de ce qui se passe dans la tête d’un voyageur en montrant ce qu’il voit et en décrivant ses pensées. Chacune étant lié à une émotion illustrant ma définition du voyage.

La différence entre un film de 20 minutes et un film de 54 minutes, c’est qu’il faut penser par chapitre. Car comme pour un livre, la mémoire se dissipe au fil des pages. 

Demander de l’aide à votre entourage.

J’ai finalement envoyé mon scénario pour l’ultime test, la relecture de maître Cigalou. Il avait passé pas mal de temps à relire et corriger tous mes articles de blog. Le seul inconvénient c’est qu’il a tellement pris l’habitude de me relire qu’il s’était habitué à mes tournures de phrases alambiquées (sorry maître). 

J’ai donc demandé à un nouvel ami, JJ Aneyota, auteur du livre “Le bandana bleu”. Son oeuvre reste pour moi le top du top du livre de voyage. C’est son histoire, c’est touchant et il a réussi à mettre des mots sur des choses que je n’arrivais pas à exprimer jusque là. Il a su lire mon scénario avec un regard encore plus critique. Il m’a aidé à simplifier, car c’est un travail complexe d’expliquer le contexte d’une histoire qu’on a vécue.

Il s’est passé plusieurs mois après toutes les relectures et les corrections. Je n’aimais plus mon texte ou plutôt, je ne voyais pas ce que ce film apporterait de plus que la version de 20 minutes.  

Le mal des montagnes (pilote et moto) après une nuit à 4000m – Pérou

Laisser le temps vous redonner des forces !

C’est lors de la présentation de mon film court au Paris Traveler Festival que j’ai été reboosté. C’était mon premier festival de voyageur qui n’était pas lié à la moto. L’accueil fait au film, les gens que j’y ai rencontrés m’ont donné des forces. Pour couronner le tout, j’ai reçu une invitation pour le présenter au Festival des Globe-trotters, le grand évènement annuel de l’association ABM. C’est à ce moment-là que j’ai osé annoncer, non sans stress, que je souhaitais y présenter la version longue. J’avais simplement fait le script, et il me restait quatre mois pour toutes les étapes qui suivent.

Un mois et demi plus tard, je montrais la première version du film à mes amis ! 

J’avais tout refait : enregistrement de la voix, montage, choix des musiques, chapitrage, etc. Les erreurs faites sur la version précédente m’avaient permis d’avancer efficacement. J’avais rapidement fait l’enregistrement de ma voix sachant que je devais le refaire une fois le montage terminé. Même si cela me demandait plus de deux jours de travail, c’était nécessaire.

Il ne restait plus qu’à affiner, grâce aux retours des amis. Une partie délicate qui nécessite un travail sur soi afin de bien digérer les critiques et d’en garder la meilleure partie. Et c’est pas toujours facile quand tu présentes un projet qui représente autant de temps et d’investissement personnel. Je remercie à juste titre les cinq, six personnes qui ont accepté cet exercice qui demande du temps. 

Avoir confiance en soi et ne pas stresser en présentant son travail.

Au total, après 7 versions et plusieurs nuits sans sommeil, j’étais arrivé à la version que je présente aujourd’hui. J’avais réussi à mettre mes émotions en image. Mais lors de la deuxième présentation du film, j’étais au comble du stress et de l’inquiétude. La salle était remplie de plus de 600 personnes mordues de voyages qui venaient juste de passer le weekend à voir des vidéos exceptionnels. 

Savoir recevoir les compliments

Le stress est redescendu à la fin de la séance. Allez savoir pourquoi ! Les retours et les compliments m’allaient droit aux cœurs, surtout ceux qui font référence à une ou plusieurs émotions parsemées dans mon film.

Beaucoup de personnes me complimentent sur le côté humble du film, mais en vrai, je l’avoue, j’étais fier ce jour-là, en plus d’être stressé et heureux. Surtout que mon film était sélectionné pour potentiellement recevoir le prix du jury. Il y en avait huit sélectionnés sur 32 films projetés durant le festival. Je n’avais aucun doute sur le gagnant, Eliot Schonfeld et son film “La marche au-dessus”.

Accueillir les nouveaux défis qui se présentent

Généralement quand j’ai une envie, je la laisse dans un coin de ma tête pendant plusieurs mois. Puis si elle continue de germer toute seul, je me donne les moyens d’y réfléchir.

Je n’avais rien prévu de tout cela le jour de mon départ pour la Mongolie, avec mon vieux tromblon et à peine un an de permis… Et pourtant avec un peu de persévérance, de remise en question et beaucoup beaucoup de travail j’avais réussi à réaliser tous ces projets. 

Et de tous ces beaux projets, j’en avais fait un film qui raconte ce qui compte le plus pour moi. 

Faire un film ou une vidéo demande du temps. Durant la réalisation des deux versions du film, j’avais un travail à temps plein et un appartement à restaurer ! Mais avec un peu de motivation, tout est possible ! Comme beaucoup de projets “Vie de motard”, j’avais un budget de zéro euro et j’ai réussi à le respecter si on oublie le nombre de tablettes de chocolat que j’ai avalé.

Mais le prochain projet, lui, c’est différent.

J’ai besoin de vous pour écrire un livre !

Je ne sais pas du tout dans quoi je me lance. Ça devient une mauvaise habitude, mais pour le moment cela a toujours donné de bons résultats. Alors pourquoi pas pour celui-ci aussi ?

C’est la première fois qu’une de mes vidéos ne sera pas disponible gratuitement dans un premier temps.J’ai envie que mon film puisse aider ce projet de livre à voir le jour.Tous vos soutiens serviront à la réalisation du livre. Et ce livre sortira forcément un jour, car la graine à continuer à germer depuis plus de deux ans. 

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J’ai tout expliqué sur cette page  ↓

Et pour vous remercier de votre soutien, je vous offre mon film.

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Pour ceux qui préfèrent le voir sur grand écran et me rencontrer, voici la liste des festivals durant lesquels une présentation est prévue (je la mettrais régulièrement à jour) :

  • Les rencontres des amoureux du voyage à moto à Brionne (à côté de Rouen) : du 30 au 1er juin
  • ABM Nantes : 8 mars 2020
  • ABM Rennes : 7/8 mars 2020
  • ABM Morlaix : 28 mars 2020
  • ABM Caen : 23 mars 2020
  • En attente : Angers, Rouen, Toulouse, Nice, plusieurs dans les alpes, etc…

Bref, lancez-vous, posez-vous les bonnes questions (mais pas trop) et le reste viendra avec de l’expérience, du temps tant que vous vous faites plaisir !,

1 COMMENTAIRE

  1. Vous véhiculer du rêve à chacun de vos mots, et bon sang qu’en ces temps compliqués et par trop normés, cela fait un bien fou. Ces narrations de voyage solitaire à 3 ( vous, vos pensées et votre moto ) sont d’utilité publique. Merci d’avoir mis tout ceci en images ! Partir ce n’est pas mourir un peu, c’est naître à nouveau. Hâte de lire votre livre

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