Pour mon anniversaire le pote Denis, sa chérie Nadine et la copine Fred m’ont offert un bouquin que j’ai dévoré en une petite semaine à peine. C’est toujours un petit pari, d’offrir un livre. Au pire il finit au fin fond d’une étagère (c’est l’option A), au mieux il plait et tout le monde est content (c’est l’option B). Or, ces joyeux godelureaux ont eu la machiavélique idée de m’en offrir un qui parle de side-car et de Napoléon. Etant à la fois révulsé par les premiers et attiré par le second, c’est la dimension road-trip de l’ouvrage de Sylvain Tesson qui finit par faire pencher la balance du côté de l’option B.

Pour ceux qui connaissent à minima l’Histoire de France, le simple nom du livre devrait suffire à le résumer. Ou du moins à leur donner une vague idée de son contenu. Pour les autres, il convient de développer (et pour ceux qui n’auraient toujours pas compris après le développement, je vous rappelle que monsieur Cigalou est prof d’Histoire et qu’il se fera un plaisir de faire une vidéo conférence géante traitant de la campagne de Russie si une demande unanime et fervente déferle sur sa messagerie perso telle une vague incontrôlable de soif de savoir impérial).
Je reprends, donc. En octobre 1812, Napoléon est contraint de quitter Moscou avec sa grande armée après que la ville ait été incendiée par les Russes eux-mêmes. S’ensuivit la lente et glaciale agonie de cette armée qui, près de quinze ans durant, était restée invaincue à travers l’Europe. 2800 kilomètres que Sylvain tesson, entouré de deux compères français et de deux amis russes, a eu l’idée de parcourir en hiver, et en side-car.

Que l’on soit pour ou contre Napoléon, qu’on s’en foute cordialement, peu importe. Ce livre peut intéresser tout le monde. L’idée de base était de partir de Moscou et de gagner Paris en empruntant village par village, chemin par chemin, la route de la retraite. L’intérêt du livre, c’est qu’il offre deux lectures possibles.

La première est la lecture historique. En effet, l’auteur a su habilement mêler ses propres péripéties aux mésaventures impériales en fonction du lieu où elles arrivaient. Le livre est truffé d’anecdotes, de descriptions détaillées de la retraite tirées des mémoires de maréchaux d’empire comme de simples grognards rescapés. A travers toute l’Europe, il nous livre le quotidien de ces dizaines de milliers d’hommes, de leur calvaire, avec un respect sobre et pragmatique.

La seconde lecture est romanesque. Même si les parenthèses historiques sont riches et nombreuses, on peut parfaitement trouver son plaisir dans le récit du voyage en lui-même. En effet, l’ouvrage offre un magnifique descriptif de la mentalité, de la vie, des infrastructures dans les pays de l’Est aujourd’hui. Tesson y raconte ses cuites à la vodka, ses pannes (précisons que le voyage se fait à bord de side-cars Oural), ses galères, ses bons moments entre potes.

En un peu moins de 200 pages, divisés en quinze chapitres qui sont autant d’étapes, l’auteur a réussi la réelle prouesse de mêler la grande histoire à la petite sans pour autant que l’une prenne le dessus sur l’autre. Et pourtant, à aucun moment on ne se mélange les pinceaux à ne plus savoir de quoi ou de qui on parle. L’ensemble est plaisant, le récit limpide et amusant, enrichissant bref, une bonne idée cadeau pour les potes. Testé et approuvé.

Merci Denis et vive l’Empereur !

Régis vit en Haute-Savoie. Unique héritier d'une longue lignée de non-motards, fasciné depuis sa plus tendre enfance par tout ce qui a un moteur entre deux roues pour des raisons toujours obscures. Curieux de nature, autodidacte dans bien des domaines, condamné à mort par contumace dans plusieurs pays d'Amérique latine, il a fini par découvrir que son amour de la moto était non seulement aussi fort que celui qu'il a pour l'écriture, mais qu'en plus l'un nourrit l'autre.
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