Quand tu passes ton enfance dans un 4×4, forcément, ça laisse des traces. Des bleus, et des souvenirs ! Mais plus que ça, des moments qui forgent une enfance. Qui te marquent à vie. Te donnent même des valeurs qui te servent au quotidien.

Bien qu’ayant débuté sur un PW50 vers 6 ans, j’ai roulé toute mon adolescence en quad. J’ai eu la chance de rouler dans des endroits magnifiques, en compagnie de pilotes -hommes et femmes- qui trouvaient un échappatoire à leur quotidien grâce à la pratique du quad.

Quoi ? Du quad sur Vie de Motard !? Attends, j’explique…

Remontons 20 ans en arrière. Mon père possède une Jeep Wrangler et les week-ends ma sœur et moi allons arpenter les chemins de Haute Loire, d’Ardèche et au delà, avec la branche 4×4 du club Promorallye. Et devinez quoi ? Je n’ai pas de lien Internet pour ce club, même pas le minitel ! (Pour les moins de 20 ans, allez sur wiki pour savoir ce qu’est un minitel.)

Bref, en 1998, j’ai 10 ans. Et le club de 4×4 a prévu une sortie pour pâques. Direction : la Corse ! Sauf qu’à ce moment là, je ne le savais pas encore, mais j’allais découvrir une discipline à laquelle je ne connaissait rien.

Extrait du journal de l époque.

Le club 4×4 avait décidé de s’associer avec l’association Handi Quad de Haute Loire.

Lorsque le quad a débarqué chez nous, à la fin des années 80, ce fut une révolution pour ces amoureux des sports mécaniques et des grands espaces, immobilisés pour certain(e)s à cause d’accidents de moto. Grâce à leur transmission automatique et les commandes au guidon, il était possible de s’évader sans avoir à adapter la machine et éviter de coûteuses modifications !

Les premiers modèles importés sont des machines très rudimentaires. A la base, le quad est purement utilitaire. Déjà que les directions sont lourdes en l’absence d’assistance, si on y ajoute la transmission intégrale sans différentiel à l’avant, je vous raconte pas. Par la suite, la mécanique s’adoucit et les machines s’orientent de plus en plus vers le loisir.

Imaginez. Imaginez pour ces pilotes quel a pu être le sentiment de liberté de pourvoir circuler en pleine nature, accéder à des endroits où seuls les valides pouvaient se rendre. D’abord les chemins autour de la maison, puis des journées entières de roulage en groupe. Et plus encore, des envies de nouveaux horizons et de défis à relever !

Restait une problématique : transporter les fauteuils et faire en sorte que la famille puisse suivre sur les journées de balade. Sans compter cette furieuse envie d’aller toujours plus loin ! D’où l’aide logistique du club 4×4…

La première apparition « officielle » de cette collaboration se déroule lors de la Croisière Blanche de 1997.

Premier défi relevé à une époque où le quad est très marginal sur ce genre d ‘épreuve.

1998, la Corse ! Un convoi sur les remorques jusqu’à Marseille, le bateau, les paysages magnifiques et un essai pour ma mère qui se découvre là aussi un superbe outil d’évasion.

Quelque part sur l île de beauté.
Hey ! Non seulement je vous met ma tronche avec des cheveux mais en bonus ma sœur est à côté !

Fini les sorties en passagère, ce sera maintenant au guidon de son quad qu’elle s’offre au retour du voyage. (En fils indigne, je passerai mon temps à le lui piquer. A tel point que vers 12 ans, j’ai pu rouler à mon tour sur un Yamaha 200 Blaster pour avoir la paix.)

Quoi ? Kestas ?

1999 la Bretagne. Fidèle à sa réputation, l’humidité, la pluie, le froid. Bizarrement pour une fois les 4×4 étaient pris d’assaut par les passagers des quads !

C est gras !

2002, direction la Creuse. Autour de Vassivière. Et ma première grande sortie au guidon.

A l’époque, un quad homologué n’existait pas. Les 4×4 encadraient le convoi pour les brèves liaisons routières.

Il est pas beau mon ciré ?
Cette fois, des masos à deux roues se joignaient au groupe.

Entre ces dates clés, ce sont des sorties d’un ou deux jours. De nouveaux adeptes, des anecdotes par centaines, des galères parfois.

En ce qui me concerne, c’est déjà le plaisir de la glisse ou du franchissement demandant de la technique. Un penchant déjà pour quelque chose de sportif. Alors que certains dépassaient le 40km/h sur leurs premières mobs, je me faisait mon rallye de Finlande dans les bois du Mont Mezenc, en glisse à fond de 6 et des freinages tardifs aidés d’appel-contre-appel en butée de direction. Et ça passait !

Sans jamais oublier qu’en présence de randonneurs, à pied ou à cheval, il fallait saluer et se faire le plus discret possible. Le partage de la nature est indispensable à la survie de notre loisir.

Surtout, ce qui m’a profondément marqué, c’est que toi, petit valide de 14 ans, quand tu roules dans ce genre de groupe, l’entraide est vitale pour les non-valides. Il faut donc penser aux autres avant tout dans les zones techniques. Un quad qui se retourne, tu peux le repousser avec tes pieds (c’est du vécu) mais pas un paraplégique.

Alors, tu gares ta machine, tu te portes en amont de la zone difficile et tu assistes, tu conseilles. Faut trouver les mots pour rassurer parfois, monter sur le côté opposé pour faire contre poids. A la fin de la journée, c’est un sourire, une tape sur l’épaule, un merci.

Passer l’obstacle et ne pas se soucier du suivant, ne rouler que pour son nombril, ce n’est pas ça l’esprit TT avec lequel j’ai grandi. Et cette vision de l’off-road que je pensais morte, je l’ai vécue lors de la Pirate de 2017. Cigalou, les guides et la majorité des participants ont montré que cette ambiance existe encore. Moi qui n’avais pas remis les roues dans ces chemins depuis mon adolescence, j’ai vécu quelque chose de vraiment spécial. Merci mille fois !

Un vrai moment d’entraide lorsqu’il a fallu remonter la moto de Ferdi sur plusieurs dizaines de mètres de côte. Crédit photo Cédric.

Certes, entre-temps les réseaux sociaux sont passés par là, ainsi que la course à l’armement de la machine la plus équipée, de la tenue la plus chère ou du GPS le plus high-tech. Si vous avez vu les photos, le style était une notion plus que secondaire à l’époque ! Ma tenue de quad, je l’ai toujours 15 ans plus tard et elle fera encore bien des sorties. (Non, pas le ciré !^^)

Il y a une notion de paraître qui est le principe de toute mode. Et lorsque celle-ci sera passée, que les roadsters youngtimer seront devenus à la mode, nous aurons encore de beaux jours devant nous à arpenter les chemins avec nos vieux trails pendant que la masse se jettera sur des poumonesques Bandit 600 à carbu ! 


P.S : A ceux qui se reconnaîtront dans ces lignes, même si certains ne sont plus là pour les lire malheureusement, merci pour cet esprit que vous m’avez enseigné.

3 Commentaires

  1. Superbe témoignage, très émouvant.
    La solidarité ça n’est pas que la CSG de nos politiques!!!
    La solidarité motard, entre 2 et 4 roues, tant qu’on est obligé de porter un casque, je trouve ça normal!!!
    mais ce témoignage est trè penant.

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