Pour mon premier article sur Vie de Motard, je vous parlais de ma première rando TT, faite à l’âge de 6 ans. 2 km d’aventure, organisée par mon papa juché sur une MZ. Eh bien, 30 ans plus tard, il continue à vadrouiller, toujours en MZ, et à partager ses itinéraires avec les gens qu’il aime. Il en a même fait un texte, histoire de partager ça avec encore plus de monde. Et comme on aime bien le piston sur Vie de Motard, on laisse Jef Geoffroy vous raconter son « MZ Tamalou Bourgogne Tour ».


La mode est aujourd’hui au road trip au fin fond de l’Himalaya avec de gros trails aux sacoches carrées. Mais pour des retraités qui n’ont ni le budget ni la santé, il fallait trouver une alternative. Avec trois de mes compères nous avons donc organisé le premier « MZ Tamalou Bourgogne Tour ».

L’itinéraire sera constitué de 700 km de petites routes et chemins qui suivent les canaux de Bourgogne ; est-ce bien raisonnable pour nos foies fatigués ? Le tout en 5 jours, ça laisse du temps pour visiter les caves et les estaminets, et puis il y a les arrêts prostate, les pannes et les siestes. Les pilotes sont tous des sexagénaires confirmés, on cumule 252 ans à nous quatre !

Les machines de bonnes vielles MZ dont la plus jeune a 35 piges.

Nous partons donc le lundi, aux aurores (10h30), de mon repaire situé au cœur du Morvan, en direction de Nevers où nous serons accueillis chez des amis pour la nuit.

150 km qui devraient se dérouler sans encombre. Je dis bien « devraient », car après s’être arrêté dans le petit village de Lormes pour admirer le panorama, où nous passons dédaigneusement devant la station 24/24, la 125 de notre camarade Gilou s’arrête brusquement…Check up rapide et verdict : panne sèche !!! Notre Gilou, aussi adorable que tête en l’air, avait oublié de faire le plein. Récupération d’un litre de mélange sur l’ETZ et c’est reparti.

La pause suivante consistera en un pique-nique frugal (pâté, saucisson, camembert…) au bord des étangs de Vaux, suivi d’une courte sieste, pour repartir vers 15h.

La route se déroule alors sans encombre à 50/60 km/h de croisière jusqu’à ce que la 125 de Gilou refasse des siennes. Les symptômes sont clairs et nous connaissons ces machines par cœur : c’est le petit joint du starter qui fatigue.

Moi : « Je t’en avais pourtant donné un neuf il y a peu »

Gilou : « C’est celui-là »

On démonte : le joint est fripé comme les burnes d’un centenaire… Quel menteur ce Gilou ! On bricole comme on peut. Dans la bagarre une vis du carbu se fait la malle dans l’herbe, impossible de la retrouver. Vive le fil de fer !

Le fil de fer : l’indispensable de la trousse à outils du MZiste aguerri…

Et ça repart jusqu’à l’étape où les copains Nivernais nous ont préparé un barbecue fort sympathique.

Après une bonne nuit et une séance de mécanique pour remettre la 125 à niveau, nous repartons en direction de Bonny-sur-Loire où nous avons loué un gîte très confortable. La chance est avec nous, nous passons à travers les orages.

La troisième étape Bonny-Sens nous réserve quelques surprises. Nous visitons le pont canal de Briard et Rogny les sept écluses, puis c’est Pizza party à Château Renard, et peu avant l’arrivée c’est la vielle MZ de 1973 qui s’arrête. Batterie à plat, ça ne charge plus.

Réfléchissement !!! Nous décidons de laisser Jeannot et sa moto dans un chemin creux, et nous partons à trois en direction de l’étape : environ 30 km. Une fois sur place, nous prélevons la batterie de la moto de Didier, la seule compatible, et repartons dépanner Jeannot. Gilou est fatigué et il reste au camp pour préparer la bouffe. C’est donc Didier qui m’accompagnera avec la 125 de Gilou.

Trente bornes au taquet, enfin 80/90 km/h, et la vielle TS de Jeannot retrouve du jus. Il ne reste plus qu’à refaire le chemin en sens inverse, et ça sera une bière fraîche et une bonne douche.

C’est sans compter sur les talents de Gilou en matière de préparation grand raid. Voilà t’y pas que dans un grand gauche à fond, Didier nous fait une embardée qu’il parvient miraculeusement à maîtriser : roue arrière crevée. Rien d’étonnant quand on réalise que le pneu qui doit dater de la construction du rideau de fer.

Qu’à cela ne tienne ! On devrait avoir tout ce qu’il faut pour réparer, vu que Gilou était chargé de convoyer les chambres à air de rechange. Mais certainement pour gagner du poids, il les a laissées chez moi, dans sa voiture…

Et c’est une fois le jante à nue, qu’on réalise qu’on n’a pas de chambre à air neuve pour remplacer la défaillante.

Heureusement Gilou est dans son fief. Il dégote une roue avec un pneu neuf, et son charmant voisin nous l’apporte. C’est reparti direction l’étape, pour des pâtes à la carbonara et diverses liqueurs. Gilou est meilleur cuisto que mécano, et en plus il met l’ambiance : grosse rigolade et une bonne nuit.

Le lendemain matin nous réparons la moto de Jeannot, une petite résistance avait cramé. Ce n’est vraiment pas solide une MZ, ça tient 45 ans, et ça lâche sans prévenir ! Heureusement on ne part pas sans biscuits. Un régulateur trainait dans une sacoche. On le monte, et c’est reparti direction Ancy-le-Franc pour la quatrième étape.

Parcours sympa : forêt d’Othe, puis vignoble du Châblisais. On évite encore les orages jusqu’à 7 km de l’arrivée où nous prenons finalement la saucée. Heureusement le gîte municipal est confortable, et les motos dormiront à l’abri.

Le dîner se fera au restaurant : côte de bœuf sauce Époisses et une petite bouteille d’Irancy.

Après l’effort, le réconfort !

Le lendemain, la dernière étape commence dans le brouillard qui laissera rapidement la place au soleil. Nous déjeunons à Alésia, et rejoignons le Morvan en louvoyant par les routes forestières.

Le bilan de ce périple est des plus positif. Au départ, des étapes de 150 km journalières peuvent paraître courtes, mais vu l’état des machines et des pilotes, c’est bien assez. Les motos « vintages » sont parfaitement adaptées à ce genre d’exercice, et les pannes rencontrées n’ont pas été rédhibitoires. Au contraire, elles ont pimenté l’histoire, et ça fait des trucs à raconter, et à déformer…

Bref, que du bonheur !

No comment…

Merci à mes trois compères.

 

9 Commentaires

  1. Comme quoi on peut se faire plaisir sans posséder la dernière GS à la mode.
    Belle aventure joliment contée.
    Je leur souhaite encore de belles balades pendant de longues années.

  2. ce récit… la chute dans un faille spatio-temporelle. Ces années 70 où on ne partait jamais sans 10 kg d’outillage et quelques antiparasites de rechange. Merci à nos amis « Visiteurs ».

  3. madone des motards……….un vrai road trip à l’ancienne, avec des vrais poilus……….et des vraies meules pas de moto crottes ! (et de vraies pannes mécaniques) quel pied !
    et personne pour parler du cholestérol…..le bonheur !

    • les pannes ont été prévues lors de la prépa de la virée , juste la panne qu’il faut à l’endroit adéquate Avouez que ce serait une faute de gout , une rando MZ sans panne

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