Le casque et la plume #7 : Les Légendes du rallye Raid

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Pour une fois, je pique la rubrique dont Régis est le sale gosse attitré. En cette période de fêtes, vous devez être plusieurs à avoir eu de la lecture dont le thème tourne plus ou moins autour de la moto. En ce qui me concerne, je vais vous parler du livre de Stéphane Barbé : Les Légendes du Rallye Raid édité par Hugo-Motors.

Si je voulais faire du putaclic, j’aurais mis UNBOXING et le titre en gras. Mais c’est pas le style de la maison. Ni le mien. C’est un beau livre de près de 200 pages dont l’auteur averti en avant-propos qu’il n’est pas question de retracer 40 ans de rallye-raid (et pas seulement du Dakar) mais de s’attarder sur des événements. Des hommes et des femmes qui ont écrit une partie de cette légende. Stéphane Barbé, journaliste pour L’Equipe, a réuni des clichés et quelques Unes. Sur la couverture, on trouve le portrait de Peter. Stéphane Peterhansel, c’est Monsieur Dakar avec ses 13 victoires moto/auto ! C’est ce dernier qui signe la préface.

A côté, c’est Sébastien Loeb. Pas (encore) une légende du rallye-raid pour celui qui s’est lancé dans ce défi hors des pistes du WRC et des circuits. C’est une Légende tout court du sport auto. Sans rien enlever à son talent, mérite-t’il sa place en couverture ? Cyril Neveu ou Hubert Auriol auraient, à mon sens, mérité leur place. D’un point de vue marketing en revanche, je comprend ce choix, la photo justifiant je pense à elle seule quelques ventes !

En ouvrant le livre, je me suis inquiété de la place laissée à la moto quand même.

Motos mythiques

Mes craintes sont rapidement dissipées. La première photo tirée du prologue de 1978 est un vaillant mono ! La part réservée à la moto dans l’ouvrage vaut le coup même pour celui qui ne s’intéresse pas du tout à l’auto. Pour l’amateur de camions en revanche, leur place est assez limitée.

Inévitablement, la Yam XT500 est de la partie, et ses descendantes aussi. Le livre associe parfois pilotes et motos (ou auto) ou même une marque. Ainsi, Peterhansel est associé à Yamaha, avec une page consacrée à Jean Claude Olivier qui lui a donné sa chance. Gaston Rahier est lié à la BMW R100GS, Hubert Auriol à la Cagiva Elefant. Gilles Lalay et la mythique Honda 800 Africa Twin. Plus loin, l’armada KTM se trouve juste après le portrait de Cyril Desprès. Avec ses 5 victoires à moto, il a permis aux autrichiens d’asseoir leur image en tout terrain.

De dépassements humains en drames

La légende s’écrit parfois dans la douleur. C’est d’ailleurs un thème qui revient au gré des histoires et des années. La victoire qui échappe à Hubert Auriol, terminant l’étape malgré deux chevilles cassées. L’équipe Mitsubishi qui arrive au bout d’une étape réputée impossible. Une entraide vitale et des efforts immenses pour apprendre à l’arrivée que l’étape est annulée. Des accidents aussi, celui de l’hélicoptère de Thierry Sabine entraînant sa mort et celle de tous les occupants. Le co-pilote de Jacky Ickx en 1991, Christian Tarin. Il reste prisonnier de la Citroën partie en tonneaux et est gravement brûlé. Il ne survivra pas. Cette même année, c’est Gilles Lalay qui perd la vie sur un parcours de liaison…

L’envie d’y retourner, toujours

Malgré ces drames, l’appel de l’Afrique reste plus fort. C’est ce qui pousse encore et toujours les pilotes, toutes catégories confondues à revenir. Jacky Ickx s’engage en 1995 dans la catégorie sans assistance pour conjurer le sort.

Je ne sais pas pour vous mais moi, depuis que le rallye se déroule sur le continent sud-américain, je n’accroche plus. Et pourtant, les témoignages du livre font état que, d’un point de vue sportif et technique, la difficulté est équivalente. Est-ce la distance ? Est-ce l’absence de ces paysages de Mauritanie ? Je ne sais pas. Mais lorsque je lis les portraits des pilotes (moto évidemment) de la première décennie du Dakar, je pense que j’aurais été happé par ces envies d’espace, moi aussi. Si j’avais eu leur âge. Je vous invite d’ailleurs à lire ou relire l’aventure de Jean Louis Querel à ce sujet…

Des oubliés et des VIP

Au moment de refermer le livre, j’apprécie la place donnée aux copilotes et à la difficulté de leur tâche. L’auteur déborde sur les carrières d’autres pilotes venus au Dakar d’une autre discipline. Jacky Ickx encore, pointure de la F1 et légende de l’endurance. Jean Louis Schlesser venu lui aussi des circuits. L’arrivée des monstrueuses Peugeot 205 T16 suite à la fin du Groupe B en rallyes, avec leurs pilotes reconvertis comme Ari Vatanen ou, plus tard, Bruno Saby. Carlos Sainz, Sébastien Loeb et Nasser Al Attiyah ont même droit à des portraits sur leurs carrières WRC, et même plus. Personnellement, et même si je salue la sélection du Qatari aux J.O de Londres pour le Ball-trap… Je m’en cogne. Tout comme la carrière en F1 de Sainz Junior. Ce sont des pages qui auraient pu être réservées à deux pilotes qui ont marqué l’épreuve. Ils n’ont pas droit à leur portrait : Richard Sainct et Fabrizio Meoni. Leurs noms apparaissent bien entendu, mais ils n’ont pas droit à leur page à eux.

Pour rappel :

Richard Sainct, c’est 3 victoires (1999, 2000 et 2003) dont le destin se brise en 2004 au rallye des Pharaons. Un pilote cité en exemple dans son professionnalisme et sa simplicité en dehors. C’est un pilote qui repose au Puy en Velay, où le lycéen que j’étais faisait partie de la foule réunie à la sortie de l’église le jour de ses obsèques… C’est donc très subjectif comme avis.

Fabrizio Meoni, le tempérament italien et le cœur grand comme l’Afrique. Il disparaît 3 mois après son coéquipier Richard, à l’âge de 47 ans. Cyril Desprès, auréolé de sa première victoire sur le Dakar, avec d’autres pilotes, iront déposer leur prime dans des écoles où le pilote italien avait contribué à leur construction. Peu de catégories peuvent se vanter d’une telle solidarité, d’un réel esprit de corps.

Ouverture et nouveaux horizons

Le livre évoque à plusieurs reprises le Silk Way Rally (la route de la soie) qui va ouvrir ses portes aux motos pour 2018. Le tracé est dessiné par Luc Alphand vainqueur auto en 2006 sur Mistubishi. Le rallye s’élance de la Place Rouge de Moscou comme le faisait le Dakar depuis le Trocadéro, direction : la Chine. Et si Peugeot y aligne 3 voitures (victoire en 2016 et 2017), c’est aussi pour les retombées commerciales…

Le nom de l’Afrcia Eco Race est évoqué une seule fois, dans le portrait de Thierry Magnaldi. Cette course, au départ de Monaco pour 6500 km jusqu’à Dakar, est tracée par des anciens vainqueurs du Dakar « africain » et passionnés par le continent. J’ai trouvé mon chouchou pour cette édition, Bernard Besse qui roulera sur Honda 600XLM ! (numéro 180)

De belles images, des anecdotes, des émotions aussi. L’envie de prendre la route puis les pistes. Comme quand, à l’époque de la domination de Peter, j’avais ma PW50 « usine » et me rêvais en équilibriste sur les pistes de sable.

« Passionner ceux qui partent, faire rêver ceux qui restent » (Thierry Sabine).

 

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