Pour toi qui comme moi, redoute déjà ce moment gênant où tu vas devoir feindre la joie (mais pas la surprise) devant cette magnifique paire de moufles orange, tricotée par tatie Jeannine* avec les restes de pelote de laine utilisée pour la confection du pull atroce de son mari, tonton Robert*. Pour toi, qui imagines déjà un usage détourné de cette cravate Bugs Bunny offerte par ton cousin relou (c’est-à-dire la strangulation dudit cousin), en souvenir de ta dentition juvénile, qui aura coûté un scrotum à tes parents en prothèse chez l’orthodontiste. Ou bien encore toi, l’allergique au lactose, qui recevras cet appareil à raclette d’occasion, gagné au tirage au sort de cadeau, initié par ton oncle fauché, qui avait dit « pas plus de 5 euros par personne ». * Les prénoms n’ont PAS été modifiés.

Bref, pour vous tous, qui ne savez pas ce que vous allez faire de tous ces témoignages d’amour sincère une fois rentré à la maison. Et si, en neveu et cousin indigne, vous décidiez de revendre cet encombrant héritage familial pour vous racheter une veste d’enduro ? Parce que là, franchement, non, votre vielle tenue fluo des 90’s n’en peut vraiment plus.  Du coup, j’ai testé pour vous le modèle de chez Dafy. Sobre.

Bon on est d’accord, à moins d’avoir dans votre famille un artiste ultra côté qui vous refile les œuvres qu’il considère comme ratées, mais qui valent des fortunes à Drouot, vos babioles ont surtout une valeur sentimentale, et sont très loin de concurrencer le Bitcoin en ce moment. Si vous arrivez à en tirer moins d’une centaine d’euros, ça sera déjà pas mal. Comble de la coïncidence la veste dont je m’en vais vous parler tombe pile dans votre budget. Si ça c’est pas la magie de Noël !

Alors ce n’est pas la seule veste enduro dans cette gamme de prix, et je ne suis pas un pro de l’off-road. C’est le moins que l’on puisse dire quand l’on voit l’état du carter de mon Super-T… N’ayant pas testé d’autres vestes du même type, je me garderai bien de les comparer, mais je vais essayer de vous apporter mon modeste regard de traileux lambda sur ce produit. Car pour aller s’encanailler dans les broussailles, je sais pas vous mais perso la tenue adventure à 500 bouzouf, ça fait un peu mal au cœur (et au porte-feuille), d’où mon intérêt prononcé pour détourner les équipements enduro – souvent plus accessibles – dans un usage trail off-road.

Cette veste, j’ai eu l’occasion l’étrenner lors de la dernière Rando TT Pirate, soit deux jours et 250 km de petits chemins « roulants » à l’échelle cigalesque, ce qui veut dire bien souvent, trop techniques pour mon petit niveau. Mais le parcours aura permis d’expérimenter des terrains variés, allant des grandes pistes de pouzzolane poussiéreuses, aux petits sentiers étroits en sous-bois, agrémentés de branchages bas et autres ronces, en passant par des montées dignes d’une zone de trial… longues de plusieurs kilomètres. 

La première chose que j’ai pu remarquer en la prenant en main, c’est la légèreté de cette veste. Rien d’étonnant me direz-vous, car la Evo n’est rien d’autre… qu’une veste. Pas de protections intégrées comme sur les équipements moto route car en TT, on préférera un pare-pierre ou un gilet complet. C’est d’ailleurs un équipement hyper sécurisant que j’ai adopté suite à mon stage chez Jean-Pierre Goy et que je ne peux que vous conseiller. Mais revenons à la veste : une fois sur le dos, on ne la sent pas. Bon, c’est vrai que par dessus le gilet de protection et mes 4 couches de Damart et de polaires, même un Barbour huilé avec excès ne se serait pas fait sentir. D’ailleurs, pour y caser ces 5 couches nécessaires au vu des températures pré-hivernales de la haute-Loire, j’avais opté pour une 2XL, dans lequel mon 1m90 et mes 90 kg rentrent sans problème.

Il y a même encore de la place pour glisser une poche à eau et son sac dédié, dont vous pourrez faire sortir le tuyau par le passage prévu au niveau de la poitrine côté droit, pour autant que le diamètre de celui-ci ne soit pas trop gros. En effet, afin d’éviter les frottements entre le textile et le tuyau, cette dernière est munie d’un gros œillet, dont le diamètre intérieur est de seulement 15 mm, ce qui ne permet pas à l’embout de mon système d’hydratation « A Fond La Forme » de passer. Un coup de ciseaux dans le tube et un raccord biconique plus tard, le problème était réglé, mais un œillet de diamètre intérieur supérieur m’aurait évité ce bricolage.

 

Les manches sont bien étudiées, elles sont suffisamment longues pour venir couvrir la manchette des gants et possèdent un empiècement stretch au niveau des coudes, qui permet d’avoir une bonne liberté de mouvement sans avoir cet effet bouffant qu’on peut rencontrer sur certaines vestes grandes taille, dont la coupe a oublié que les nombreux X sur l’étiquette sont plus là pour le tour de taille que pour l’hypertrophie de nos membres antérieurs.

De même le système de serrage des poignets est simple et efficace. Il s’agit d’un velcro, long et facile à manier avec les gants TT. Desserré au maximum, on peut enfiler ou retirer la veste, sans ôter ses gants. Serré, aucun courant d’air à ne s’infiltre. Et si jamais il fait trop chaud dans une montée technique ou que vous partez rouler le matin à la fraîche en mi-saison, hop, vous pouvez dézipper les manches. Pratique encore peu utilisée en trail mais hyper répandue chez nos amis enduristes. Le seul bémol de ces manches amovibles, c’est l’absence de repère différenciant la droite de la gauche. Forcément, je me suis planté au premier remontage et ça m’a fait tout drôle d’avoir les coudes à l’envers… Mais si vous êtes un chouia plus doué que moi, vous devrez vous en sortir !

Que ce soit avec ou sans manches, cette veste est déperlante mais absolument pas… imperméable. Là je vois déjà l’adventurier nous faire une syncope. La question est : pourquoi ? Ben parce qu’en off-road, notamment en enduro, ton principal soucis n’est pas la flotte qui te tombe dessus mais celle que tu fabriques toi-même par seaux entiers à chaque franchissement ou relevage de bécane. Et je sais pas si tu as déjà transpiré dans un k-way, mais c’est pas ce qui a de plus agréable. Du coup, cette veste se veut « respirante ». Et pour un usage trail du coup ? Ben figure-toi que ça peut être pertinent. Je m’explique par un petite constatation de rouleur-radin : A moins d’avoir les moyens de taper dans du Gore-Tex, la plupart des vestes adventures ont une membrane imperméable en « sous-couche » amovible. Hors, que se passe t-il quand il drache sévère toute la journée ? La première couche de ta veste va se gorger d’eau et va rester trempée pendant des jours. Tu seras donc au sec certes mais gelé avec une veste de 10 kilos sur les épaules. Alors que si tu fous une bête tenue de pluie par-dessus ta veste enduro (ou peu importe d’ailleurs) ben, une fois l’averse passée, tu seras vraiment au sec, à l’intérieur ET à l’extérieur. Pour en revenir à son côté « respirant », cette veste est également équipée d’une ouverture au niveau de chaque clavicule, permettant d’apporter un peu d’air frais. Cet emplacement peut paraître intéressant pour ceux qui comme moi roulent en maxi-trail, avec une bulle qui protège tellement bien, qu’en position assise, aucun courant d’air ne vient remplir les aérations situées sur le buste. Par contre, elle interdit le port d’un sac à dos, dont les brettelles viendront obstruer ces ouvertures. 

Niveau rangement, la veste compte quatre poches extérieures zippées sur le devant, et deux grandes poches dans le bas du dos de la veste. Les poches ventrales tombent bien sous la main, les zips s’ouvrent et se ferment avec fluidité, même mains gantées. Dans le dos, la poche traversante dont l’accès se fait par deux zips verticaux, est très pratique pour ranger ses gants et/ou son masque pendant les pauses. On y a accès sans retirer la veste, ce qui permet de rester au chaud, même quand on crapahute en Haute-Loire fin octobre ! Malheureusement aucune de ces six poches n’est étanche, alors que ça aurait pu être faisable même si le reste de la veste n’est pas imperméable. En parlant de poches, que les enduristes qui souhaiteraient porter cette veste en compétition soit rassurés : elle dispose d’une pochette transparente pour le carton de pointage et de deux anneaux permettant d’accrocher le leash du coupe-circuit. Bon, perso, pour un usage trail, je n’ai pas trouvé d’intérêt à ces anneaux à part éventuellement pour animer un bivouac avec une petite séance de bondage entre amis. 

N’ayant testé cette veste que sur les deux jours de la rando (ben oui, vu que j’y ai laissé un carter, ça a légèrement compliqué les autres sorties prévues dans la foulée) je ne me prononcerai pas sur sa durée dans le temps. Ce bourrin de Cigalou a la même et la massacre quasi tous les weekends dans les châtaigneraies ardéchoises depuis bientôt 3 mois et m’a dit : « elle n’a pas bougée… contrairement à mon crash-bar gauche, mon radiateur et mes roulements de roue arrière« . Mais vu que lui il est sponsorisé par Dafy, ben on le croit qu’à moitié hein ? Personnellement, j’ai juste pu constater que les matériaux sont basiques mais que la confection du vêtement est de bonne facture : les coutures ne s’effilochent pas et la coupe est soignée. Les velcros sont larges et accrochent bien. Petite cerise sur le gâteau : la veste sort quasiment sèche du lave-linge à la fin de l’essorage. La garantie de rouler deux jours de suite avec une tenue nickel chrome à chaque départ de rando. C’est pas très « Dirty pirate » je sais, mais ça évite les puces !

En résumé, cette veste ne m’a pas déçue, même s’il y a quelques détails à améliorer comme le diamètre de l’anneau de passage du tuyau pour le système d’hydratation ou le repérage des manches droites et gauche pour le remontage de celles-ci. Mais je n’ai jamais eu, ni trop chaud, ni trop froid. J’ai été protégé des différents obstacles et projectiles rencontrés  sans que ces derniers ne laissent de marques ou de déchirures sur la veste. Et je n’ai perdu aucune clé ou smartphone placés dans les poches pour être accessibles en un clin d’œil.

De mon point de vue, la Evo n’est pas destinée à partir à l’aventure sur plusieurs semaines, pour affronter n’importe quel type de climat (pour ça, il y a justement les fameuses et excellentes veste type Adventure). Par contre, c’est une bonne veste pour aller faire le zouave sans complexe sur une rando trail le temps d’un weekend. A moins de rouler en plein été, Il faudra bien entendu la compléter d’une veste de pluie compactée pourquoi pas dans sa large poche arrière. Enfin, elle conviendra, pour sûr, aux enduristes occasionnels et pourquoi pas aux compétiteurs. Actuellement, en promo à 70 balles, j’ai envie de dire que ces derniers ne prendront pas trop de risques… 

Plus d’infos ? Clique sur la veste !

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