Eauze, Gers. The place to be depuis 5 ans pour les motards sur terre, pilotant des machines improbables. Généralement fin septembre, début octobre, cette année les dates des 23-24 septembre ont été choisis. What’s the Dirty Sunday? Ben c’est un Sunday et c’est Dirty. Blague à part, vous prenez un champ de maïs, préparé aux petits oignons par Eric d’Activa Garage, 160 pilotes avec leur machines à 2 ou 3 roues, vous les faites tourner tout un weekend sur cet ovale de terre et vous avez tous les ingrédients pour passer un moment inoubliable. L’année dernière j’y avais assisté en tant que spectatrice, cette année, m’étant acheté une 125 XT pour suivre mon cher et tendre sur ses sorties enduro, je me suis laissé porté par l’excitation ambiante du groupe de potes et me suis dit: Pourquoi pas moi ?

Alors bon ce Dirty c’est quand même un minimum de prépa sur les brêlons. Les collègues « kittent » leur moteur sur des tobecs pendant que l’on en cherche un pour un cadre de jonghi acheté par hasard sur Coincoin quelques mois plus tôt. Ma XT n’est pas très en forme, j’ai fais une affaire en l’achetant pas cher car non roulante depuis plusieurs années. Un changement de segments et un petit réglage carbu ont été suffisants pour la faire tourner à peu près correctement. Deux petits essais dans un champ à mon actif et me voilà inscrite…
Avec le boulot je n’ai pas eu le temps de rouler plus, la Cb a encore le moteur dans le sac mais pour le moment je laisse de côté, LES nuits portent conseil. Les potes y participent depuis le début, ils maîtrisent le terrain (ce qu’ils croient) et leurs machines.

A 2 semaines du weekend fatidique on attaque l’organisation des camions. On est quand même 7 pilotes donc autant de brêles, avec couchage, tentes, repas et boissons… Qui prend le groupe électrogène? Qui prend les bières? Autant de questions cruciales quand à la survie des participants.
Travaillant le samedi (« bienvenue dans le monde de la moto pro » dixit Tafioléon Ier) je regarde partir ma XT avec les potes le vendredi soir, histoire de monter le campement au plus proche de l’ovale, comme tous les ans. Ma journée de samedi est un calvaire. A ma pause repas je vois passer sur FB les vidéos et les photos des premiers roulages. 18h autorisation de quitter le taff, je saute dans ma 206 de compet et rejoins Eauze à 50min de route de là. J’arrive pile à la fin des roulages de l’aprem et à temps pour prendre le repas, préparé par les bénévoles.

J’enfile mon habit de lumière, un mélange de Davina et de chanteuse ratée des années 80 sur le (difficile) retour. Et oui chaque année un fil rouge aiguille les participants pour leur costume. Cette année c’était comme chez Ronald : Venez comme vous êtes. Nous prenons notre plateau repas sous le chapiteau monté pour l’occasion, accompagné par un groupe en fond sonore. Nous avons tous hâte que les feux soient allumés pour le roulage de nuit. Préparation 

des machines: ma XT, comme toutes les autres, n’a plus de frein avant. Elle démarre difficilement, l’humidité ambiante, le boîtier CDI fatigué ou le verre de rhum dans le réservoir, n’arrangeant pas les choses… J’enfile mes bottes, mon casque et mes gants (minimum de sécurité) et nous rejoignons la pré-grille où attendent déjà des dizaines de machines.

Les flammes de l’enfer du samedi soir.

L’organisation allume les braseros et les deux tas de palettes immenses. D’un coup la température augmente, l’air chargé de fumée mélangé aux gazs d’échappement des 2T commencent à me piquer les yeux. Les premiers s’élancent sur la piste, par groupe de 10, s’alignant sur la ligne de départ. Et le signal est donné. Pas de dépassement de nuit, trop dangereux. Deux tours seulement afin de permettre à tous de rouler sous les flammes de l’enfer.
Vient mon tour et surprise no stress! Départ (poussif) en ligne. Un 125 4 temps sur terre, c’est …mou ! Premier virage et premier réflexe: freiner. Ma main cherche désespérément un levier qui est bien au chaud dans le camion. Petite frayeur. Avec les brasiers on voit relativement bien les autres concurrents et pas du tout les trous de la piste, et c’est tant mieux. Je suis surprise de

mon châssis qui ne bouge pas un poil, un vrai rail, alors que les silents blocs de mon bras oscillant sont morts. Je sors le pied gauche histoire de me stabiliser. C’est surtout histoire de faire comme tout le monde, à la vitesse où je vais il ne risque pas de m’arriver grand chose. Des larmes commencent à couler sur mes joues, j’ai eu la bonne idée de rouler sans lunette….
Deux tours c’est court et voilà déjà le drapeau à damiers. La sortie de piste se fait sous les applaudissements du public et moi j’ai une patate d’enfer!

Qu’une envie: y retourner!! Mais le prochain départ se fera le lendemain vers 10h30. La soirée est à nous et chacun profite des deux concerts programmés jusqu’à 2h du matin. Les trentenaires que nous sommes, n’arrivons même plus à suivre le rythme et nous voilà au lit à 1h30. Le réveil se fera vers 9h, naturellement, sans aucun rupteur ni burn ( on n’est pas aux 24h, on respecte nos machines et les concurrents).

Petit déjeuner royal dans une brume qui laisse présager une piste mouillée. Et malheureusement, elle est même trempée cette piste! Une flaque énorme s’est formé sur levirage du bas. Les pilotes motivés s’élancent. Moi je préfère attendre que ça sèche. J’ai pas envie de me péter une jambe car… j’ai un travail!

Les collègues en pleine action.

Les side-car labourent bien la piste, l’eau commence à s’évacuer. Mais les premières manches sont laborieuses. Sur 10 motos, 5 finissent par terre. Tous roulent en première, les deux pieds au sol… J’ai bien fait de ne pas y aller. Finalement aux alentours de 11h30 la piste est praticable ( du moins ce que j’en vois), je décide de m’équiper et de les rejoindre.
Mauvaise idée!! Le départ ne se passe pas du tout comme prévu: j’ai la roue arrière qui patine et n’accroche pas. De jour la piste devient un vrai champ de bataille, remplie d’ornières et de boue. Je me focalise sur tout ces trous, manquant de m’en mettre une. Le grip est complètement absent, je commence à flipper. Surtout que, prudente comme je suis, j’ai juste enfilé des bottes et des genouillères…

Cette fois-ci j’ai mis des lunettes et heureusement! Des gerbes de boue giclent dans tous les sens. Je ne prends aucun plaisir durant ces quatre tours, trop concentrée afin d’éviter de tomber. Les roulages s’arrêtent pour le repas. Un ami a percuté une ktm et a cassé sa fourche et son cadre, fin du weekend pour lui. Je ne lui propose pas ma moto il va se traîner sur la piste. On attaque la préparation du bbq: saucisses,frites… Tout pour adhérer sur la terre!
Reprise des roulages sous un grand et beau soleil. Cette fois-ci j’essaie de m’y mettre. Dans le peloton pas au tas! J’ai un concurrent pas loin devant, je le rattrape dans les virages mais en ligne droite il a vraiment plus de bourrins que moi. Quatre tours…. Trois de plus je le doublais. Enfin je suppose. Peut-être.

Déçue d’être à la ramasse comme cela, j’ai au moins eu le plaisir de rouler au Dirty et de ne pas m’y faire peur. Merci ma XT! Mais l’année prochaine il me faut quelque chose de plus léger, de plus bas et de plus puissant.

J’ai un an pour monter une machine de compétition!! Gniark gniark….


Crédits Photo: Patrick Barbier

Chacha roule sur une CB 350 de 73 entièrement remontée par ses soins. Si, si, une fille qui sait bricoler, ça existe. Et pis elle la pilote aussi. Sa came c'est les courses de côtes et autres compètes d'anciennes. Chacha est aussi vive au guidon qu'à la plume et nous régale de ses exploits. Accrochez-vous !
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