On va s’en remettre, ce sera d’ailleurs l’objet d’un troisième et dernier épisode conclusif sur cette histoire riche en glissades et en notion de confiance ! On saura si j’ai définitivement pété un câble ou si c’est plutôt à Giovanni qu’on doit resserrer 2-3 boulons.

Bien le bonjour ! ça au-dessus, c’est ce que je concluais lors de l’épisode précédent. Et à l’heure où je parle, on peut y rétorquer quoi ? Ben… Oui et non, et même oui. Attends bouge pas, voilà les explications.

« Car la route qui mène à la confiance ne s’est pas présentée pour ce nain de scoobite comme une large ligne droite dont le plat bitume s’étire jusqu’à lécher l’horizon. A dire vrai, ç’auront surtout été de longs et minces chemins, aussi brumeux que pittoresques, aux tracés fichtrement escarpés et torturés de pierres saillantes, lesquelles étaient logées aux pires endroits. Ces mêmes tracés auxquels ont été convoquées les plus boueuses embuches qu’il a fallu ultimement savoir franchir, pour ne pas avoir à faire face, encore et toujours, au même cheminement. Celui-là même qui, répété à n’en plus finir, se révèle plus triste que frustrant. » … J’en ferais trop ?

Bon, c’est probablement vrai. Déjà parce que je fais mine d’en parler au passé mais j’admets volontiers avoir encore du pain sur la planche pour me sentir davantage à l’aise au guidon. Je dois bien avouer que je me suis vautré, et puis j’ai plus su rouler sereinement des jours et semaines durant. Ce qui m’a fait un gros trou dans le moral, qui s’est carapaté avec sa pote la confiance aux confins de mes plus grandes chaussettes.

Ah ! je ne pouvais pas me douter que 2017 démarrerait aussi exceptionnellement : expérimentation du patinage artistique avec Giovanni – à deux superbes reprises ; doublé d’une éprouvante perte de confiance accompagnée de son défi de remonter la pente. J’ai eu un accident, mais comme il est de bon ton de varier les plaisirs, cette fois ce fut en bagnole (tout le monde est sain et sauf. Leur scoot et ma caisse, déjà moins).

Avec tous ces événements, je ne vous cache pas que je me suis retrouvé un peu secoué. Je peux même dire avoir perdu, le truc que je crois, nous autres fous du guidon possédons plus que toute autre chose au moment d’enfourcher avec vaillance nos bêtes. Quand, bien accessoirement, nous autres motards tentons de légitimer auprès du néophyte l’aspect faussement raisonnable de notre folle passion. Je parle, et vous l’aurez peut-être deviné, d’une solide confiance. Mais pas aveugle, c’est peut-être l’unique chose que cet article s’emploie à démontrer. C’est une confiance qu’on place en soi et en une fine analyse du trafic, des imperfections du revêtement, de l’état de sa monture, des changements de files des uns, des clignotants des autres… De ce gravier traître ou bien encore de cette fichue zone humide, là, qui risque d’envoyer dans le décor celui qui aura pris deux secondes de trop à s’émerveiller sur ce qui finira par l’engloutir. Permettez-moi d’ajouter une confiance en sa machine et en ce qu’on peut en faire suivant ses propres capacités et surtout, limites. Et c’est aussi vrai, il est des cas où la confiance est aussi jeune et naïve que le conducteur(-trice), et pourtant aussi aveugle soit-elle cette confiance reste assez forte pour que l’apprenti qui a tout à apprendre (mais puisque j’vous dis que c’est pas mon cas !) se mette en selle. On en sait tous quelque chose si on a déjà eu la chance de rouler une moto ou un scooter, et c’est certainement l’un de ces éléments qui fédèrent cette belle et forte communauté motarde, que l’on ne manque jamais de saluer. Sauf en Harley.

Mais là je ne vous apprends par grand-chose. Alors passons au thème du jour : apprenons comment de mon point de vue ma perte de confiance s’est déclenchée, avec son lot de prompts ennuis pour la récupérer… Et avec son flot de passions qui, durant ces événements, n’a pas manqué de se déverser avec la force d’un fulgurant tonnerre de Brest, expression chère à un certain capitaine la vociférant volontiers en temps de grande colère… Joyeux tableau, qui finit de préfigurer la pagaille d’emblée assurée des prochaines lignes.

Pour commencer, lorsque j’ai chuté la première fois sur le verglas, j’ai ressenti une petite, mais véritable chute. C’est bête à dire, mais j’ai pu faire la différence entre une chute relativement prévisible et une autre totalement surprenante. Une chute que je n’ai pas su voir venir, voilà ce que j’aimerais évoquer. La différence, elle a été chez moi de pouvoir m’expliquer la chute et ses circonstances dans un cas, ou de ne pas pouvoir m’expliquer clairement ses raisons dans un autre – certes, bête à dire. Parce qu’effectivement, lors de ma toute première chute je n’ai pas perdu mes repères en remontant sur la selle, alors que mon pauvre guidon était tordu et me décalait l’axe de roue, me forçant à m’adapter à un angle d’inclinaison bien étrange par rapport à la route.

Après mes deux chutes verglacées, ce fut sensiblement différent. J’ai carrément, de manière d’abord progressive puis brutalement, déconnecté tous mes repères de confiance, et ce quasiment sans prise ni contrôle ; tout au moins je me retrouvais l’incapable spectateur du recul de ma confiance, dévoré par une appréhension grandissante.

Dans un premier temps j’ai compris pourquoi je croisais zéro motard en hiver : le verglas, c’est pas la joie. Vous me direz, à force raison : qu’est-ce que tu fichais à mettre tes roues dehors par ce temps ? Beh… Je suis un bleu-bite. L’an passé, quand je roulais pour ma première année sur le scooter, j’ai eu le bonheur de ne connaître aucun problème, exception faite d’une frayeur sur du gravier et d’une mini-chute bien maladroite.

Du coup, le verglas m’a pris par surprise cette année. Quand je me suis mis à perdre confiance, j’ai d’abord pensé à Giovanni comme étant la source du problème. C’est vrai que ce coup-ci il avait bien morflé. De fait, je ne retrouvais plus le feeling du guidon, c’était une horreur de pencher, les freins avaient changés… Il fallait sûrement une révision complète pour retrouver tout ça. Mais pendant ce temps, je réalisais un combo de chute sur verglas. J’ai donc vaguement réfléchis, pour conclure qu’il fallait peut-être lâcher le scoot, histoire de passer le temps et la météo marqués par un froid et une humidité complètement givrés. Évidemment, c’est mon seul véhicule ; alors j’ai continué de rouler sur Giovanni mais moins fréquemment – et bien sûr hors verglas, il a eu compris sa leçon le garçon !

Toutefois rien ne s’arrangeait à son guidon. Ces moments aux commandes devenus pénibles, je me retrouvais chaque sortie un peu plus tétanisé que la fois précédence par l’appréhension de tomber à nouveau. En penchant trop, en freinant brusquement, en glissant… j’ai littéralement roulé comme une mamie un gros parano pendant de longues semaines. Mais j’ai pu financer, non sans quelques déconvenues (éternel étudiant fauché que je suis) les réparations.

A ce propos, le jour J, devenu piéton le temps d’une révision, je m’accordais cette pensée qu’enfin j’allais retrouver mon scoot, que tout rentrerait dans l’ordre. Parce que j’avais finis par penser que tout clochait sur ma monture !

Lors de la remise des clefs on m’expliquait les réparations et je galopais tester les améliorations. Et là, c’était d’abord l’ascension d’une joie intense de retrouver la souplesse perdue de l’embrayage auto… Pour mieux se jeter à une profonde déception en découvrant le même feeling moisi de la direction. Ni une ni deux, demi-tour sec direction le docteur, assez aimable pour m’accorder un test routier. Revenu, il confiait ne rien trouver d’anormal hormis, il est vrai, un petit décalage remis d’aplomb par ses soins sur la route. Je l’en remerciait grandement. Et pour cause : je repartais aux commandes de mon frelon et purée ! Quel bonheur de sentir une nette amélioration au guidon. Il n’y avait que ça, mais diantre que ce changement mineur de dernière minute avait égayé les jours à venir ! Ou presque : j’ai pas retrouvé la stabilité d’antan. Car si le scoot tirait un peu vers la gauche auparavant, il tire désormais FRANCHEMENT vers la gauche. Mais je vais pas me plaindre.

Après cette réparation, je pouvais beaucoup moins blâmer Giovanni et ses blessures pansées comme coupables de mon méli-mélo du cerveau de la tête. Il ne restait donc qu’à entamer véritablement au niveau de ma naïve petite cervelle la reconquête de nouveaux repères, afin de bâtir une confiance saine. Petit à petit elle est revenue et continue sa progression, je la cultive un bémol moins aveugle et un dièse plus forte.

Repères après repères, cette confiance inhérente à notre pratique d’équilibristes du bitume (entre-autres revêtements) se consolide, chaque jour sur la route la rendant plus éclairée et plus raisonnée. Et pis je vous dis, c’est autant d’âneries apprises que je risquerai moins de réitérer une fois le permis gros cube en poche, aux commandes de la future belle qui, espérons-le, ne sera pas ruinée après être passée sur une bondiou-de-p**!@** de plaque de m**** de vergl… Ahem, nous préférerons dire de « verglas roi, impassible et néanmoins détenteur des clefs de certaines de nos routes le temps d’un hiver ».

Me voilà donc au moment d’écrire ces lignes heureux, en paix, arpentant les petites routes de mon coin joliment dorées par un soleil des plus agréable. Au moins suis-je de nouveau assez confiant pour emprunter les plus pourris des chemins qui auraient l’audace de se présenter à notre terrible équipe, fièrement formée par mon scooter pirate et moi-même. A ce détail près qu’on roule en… ville – gloups !

Belles balades, V & prudence

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