Quelques mois après le début de notre histoire d’amour avec ma gazelle rouge fluo, voilà que j’observe jour après jour l’horloge numérique du tableau de bord pâlir de plus en plus. Et ce jusqu’au jour où fatalement ces petits chiffres quasi disparus – comme Marty McFly sur la photo dans Back to the Future – cessent définitivement de m’indiquer combien je suis encore en retard (c’est recherché).

Si pendant les longs mois après que cette horloge se soit volatilisée, j’ai appris à ne plus la regarder, j’ai tout de même entre-temps cherché à savoir comment la ramener à la vie. Et là, stupeur : rien ! Que dalle ! Nada ! Zéro ! Secret d’ingénierie italienne sophistiquée sans aucun doute. Il faut croire en tout cas, car le manuel d’entretien stipule bien la panne de la pile de l’horloge numérique, mais, je le cite : « il est nécessaire de soulever tout le groupe des instruments. Il est de toute façon préférable de s’adresser à un Point d’Assistance Agréé Piaggio ». Me voilà bien barré, c’est que j’aurais aimé en savoir plus non pas sur le centre Piaggio mais plutôt à propos du fameux groupe des instruments. Je remets ça à plus tard.

Un jour que je suis chez le garagiste pour la grande révision de la bête, je n’oublie pas de demander à en savoir plus sur cette intrigante horloge : « oula, la pile sur c’tengin là, c’est maudit ! L’est préférable de pas y toucher c’est mieux » C’est presque ce qu’on m’a dit mais c’est assurément ce que j’ai entendu. Mouais, bon je préfère pas le faire du coup. Ça m’arrange de ne pas agrandir le trou de mon portefeuille comme ça l’arrange de pas le faire. Je commence à comprendre que ça doit pas être la simplicité incarnée ce système de pile.

Et il est bien à la con, le système, car j’ai effectivement entrepris de la changer, moi, cette forte tête de pile qui ne tenait plus bon. C’est que j’y tenais à voir mes précieuses minutes de retard défiler dans le rush du matin, ou encore à les admirer sautiller de vingtaine en vingtaine, quand était venu le soir le temps d’une balade impromptue et pas si fugace que ça, rythmée par les gargouillis incessants d’un ventre désespéré.

Quand je dis que le système est à la con, je ne rigole qu’à moitié, ou plutôt je ris jaune. Parfois je ne peux pas m’empêcher de penser que quand on élabore ces machines, des scooters, des motos, des automobiles, il doit bien y avoir un truc qui est oublié ? Ben là, c’est sûr, c’était l’horloge. Et je m’en vais vous expliquer le pourquoi du comment. Voyez-vous, si l’opacité sur le sujet était tenace en lisant le manuel d’entretien ou en s’adressant à un garage, le voile opaque se levait un peu plus à chaque tour de vis minutieusement effectué afin d’atteindre la starlette du jour, j’ai nommé : le groupe des instruments. Pas des cuivres, ni des bois, encore moins des cordes, mais bel et bien de celui qui se trouve sous mon pif à chaque tour de manège passé à dos de Giovanni : le tableau de bord.

C’est là que ça devient marrant et que quelques photos prises en mode reportage s’imposent. Faut que je vous dise, ce n’est qu’à la moitié de l’opération, en ayant finalement touché au but, que je me suis rendu compte de la situation comique et que je me suis empressé d’attraper l’appareil photo avant de remonter le tout.

Ainsi, levons le voile sur cette mystérieuse affaire de la pile d’horloge du Piaggio Fly, « millésime », « cuvée », à votre guise, 2007. Année des décès d’Henri Grouès dit l’abbé Pierre, du ténor Luciano Pavarotti et du compositeur allemand Karlheinz Stockhausen, du centenaire de la naissance d’Hergé… Pis ça a aussi été l’année de l’annonce de l’Iphone, ce truc démodé dont personne ne se souvient. Mais si, regardez dans votre main, vérifiez dans vos poches : clairement démodé je vous dis.

Mais laissons 2007 tranquille, car si j’ai voulu sottement divaguer vers un autre sujet, c’est pour mieux revenir à notre passionnante histoire de pile et de tournevis. Si la tâche s’annonçait donc ardue, dans les faits c’est pas si terrible que ça. C’est juste chiant. Et on va voir cette corvée ensemble :

N’oubliez pas de cliquer sur le point d’interrogation en bas à gauche des images si vous ne voulez pas passer à côté des légendes

Cette première opération terminée sans encombre, il faut s’attaquer au support commandes / compteur : dévisser et déconnecter, puis y déloger le compteur qu’il faut soigneusement détacher du câble d’indication de vitesse et d’autres connecteurs.

« Préparation naked », comme dirait un certain Botan. « L’est méchante ma machine là ! » Hein, on dirait pas comme ça mais 180ch logent dans son antre ! Laissez-moi rêver…

Voilà qu’enfin, la pile fut remplacée – mais une vis de perdue – et une histoire racontée. Il aura fallu dévisser et déconnecter un paquet d’éléments tout de même, pour même pas 5 minutes après remonter le tout. Ce qu’il y a de drôle dans cette manipulation c’est moins son niveau assez simple et accessible, que les multiples démontages qu’il faut faire pour une opération qu’on pense évidente de simplicité, à savoir changer une pile minuscule ; qui se trouve dans l’horloge, elle-même se situant dans le bloc compteur, lui-même… etc. C’est en somme un système qu’on peut trouver limité, car franchement pas pratique. On aurait pu s’attendre à un relai ou, mieux, une dynamo, à défaut d’être directement relié à la batterie. Ou pas d’horloge du tout, au moins ça aurait réglé l’affaire de facto.

Pour conclure, mettre un peu la main à la pâte, ça procure une agréable satisfaction (même quand on perd une vis), celle d’avoir personnellement veillé sur sa machine, qu’on chérie, et accessoirement sur laquelle on engage notre vie au quotidien. C’est d’autant plus rassurant de s’en être occupé et d’avoir appris un peu plus sur son fonctionnement et ses particularités qui font ses qualités mais également ses défauts, qu’il vaut mieux avoir bien en tête. Bon évidemment, là je parle pas uniquement d’une petite pile.

Quand même, contre l’avis du manuel et d’un garage… Je me paye le luxe de lire l’heure sur mon scoot’. Et ça, ça a une saveur de victoire qui n’a pas de prix !

7 Commentaires

    • hé bien ce jour-là, ça sera certainement très drôle et il faudra de nouveau sortir l’appareil photo. Qui cette fois sera sur trépied, et au bout d’un moment assurément accompagné d’une lampe torche ! Car si je suis bien sûr d’une chose, c’est d’aller au bout de la nuit dans une situation pareille 🙂

    • Oui… C’est totalement vrai ahah ; c’est d’ailleurs avec la vis perdue la seule déception que j’ai eue ! Au moins j’ai pu savoir très exactement quand tout a été remis dans l’ordre.

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