La première fois en moto, c’est comme la première fois en amour, ça s’oublie pas. Pour moi, c’était il y a longtemps maintenant, une balade sur le vieux R100 du père, lancé à 180 km/h sur la nationale. Et ce jour là, je me suis dis que plus tard, je voulais faire comme papa ! Petit à petit, je suis devenu un très bon sac de sable pour les potes, jusqu’au jour où 1800 bornes à l’arrière d’un 1000 Gex fassent office de déclic : ces bécanes là ne sont pas faites pour des passagères d’1m80 (mon popotin s’en souvient encore). Il fallait que je passe le permis.

Alors voilà, c’était parti pour plusieurs mois de galère à essayer d’avoir ce fameux sésame. Après de longues heures sur le plateau en plein cagnard et des premiers cols sous la flotte, j’ai enfin fini par l’avoir ce petit papier rose !

Etape suivante, je me lance à la recherche de ma première monture. Sauf que la presque totalité de mes petites économies avait été englouties par le permis. Du coup, niveau budget pour l’achat de la brêle, il ne me restait plus grand chose. Et puis ce n’est pas facile l’achat d’une première moto, qu’est ce qu’on achète comme première moto ? Qu’est ce que je peux m’offrir avec ce qui me reste ? A force de me renseigner à droite et à gauche auprès des potes, il y en a un qui me propose son vieux NTV de 1988 pour un prix défiant toute concurrence. « Un vélo » qu’il me dit. « Super maniable, ça passe partout, t’en fais ce que tu veux ! ». Je fais des recherches sur internet pour voir à quoi ça ressemble quand même : c’est pas ce qu’il y a de plus sexy, mais ça ira bien pour commencer.

Banco, je me lance ! Pour 500€, je n’allais pas cracher dessus, et puis vu qu’ils m’avaient tous annoncés que « première brêle » rimait avec « première gamelle », je me suis dis que quitte à la benner, autant en prendre une qui ne me ruine pas. Et puis je pourrais peut être même m’amuser à la « préparer ». Mouais… ça c’était avant de voir l’engin arriver. Sympa, il me la livre à domicile…de nuit. Pour une moto qui venait de passer un an sans rouler, il a suffit de changer la batterie pour qu’elle ronronne à nouveau. Top ! Il me montre deux trois petites bricoles à savoir sur la machine comme par exemple le starter que je ne connaissais pas : on apprend à conduire sur des motos avec ABS alors le starter et tout ça…  Mais bon on fera avec. Il me signale aussi quelques légères rayures. Bref, ça y est, j’avais ma première moto !

Fière comme si j’avais un bar-tabac, j’enfile casque et cuir pour aller essayer et présenter mon nouveau joujou à mon entourage. Sauf que j’ai découvert la moto… de jour. Un seul rétro (certains me diront que c’est même un de trop), des embouts de guidons différents, une poignée mousse, une poignée caoutchouc, de la rouille par-ci par-là, des rayures, des pocs,… Bon… passons. Je me lance pour la démarrer. Ah oui, c’est vrai, problème de neiman, il faut « forcer un peu ». Tu parles ! Il faut carrément te battre avec pour réussir à mettre le contact. J’enclenche le fameux starter et elle démarre au quart de tour. Première balade au bord du lac, j’apprivoise doucement la bête. Ça change d’un ER-6 quand même, mais je m’y fais. Je fonce faire admirer la moto à un pote. Première réaction après l’avoir ausculté : « tu vas perdre le moteur ». Rassurant le copain ! Bon, je vais quand même montrer fièrement la moto à papa qui s’y connaît un peu niveau vieux tromblons. Tout foufou, il m’annonce déjà qu’il me la rachètera quand j’en changerai : ça l’occupera à la retraite. En attendant, on s’attaque un peu à l’esthétisme, histoire que je roule sur un truc qui n’ait pas l’air de sortir d’une décharge. On commence par changer les poignées et on tombe sur une sacrée surprise : L’embout de guidon était tenu par un bon gros fer à béton glissé dans le tube. Tu m’étonnes qu’elle tenait bien la poignée ! Boulot de sagouin ! On continue : changement du disque à l’arrière. La roue nous a presque sauté au visage : il manquait une goupille. Les carénages qui te restent dans la main, la poignée arrière qui était comme rongée par un bébé dinosaure… que du bonheur ! En même temps, à ce prix là, je ne m’attendais pas à du neuf. Tu me diras, ça m’oblige à mettre les mains dedans. Mais bon, elle est quand même bien pourrie. D’ailleurs, je n’ai pas besoin d’antivols. Elle peut rester là, garée sur le trottoir, des heures entières, avec les clefs sur le contact sans que personne ne parte avec. Testé.

Les premiers mois se passent tranquillement malgré quelques petites frayeurs de débutante. Je découvre la joie du bicylindre, du cardan et de la moto sans freins (surtout dans les cols), ça fait les muscles mais j’y prends goût. Comme prévu, je me suis pris ma première gamelle mais vu l’état de la moto à l’achat, ça s’est à peine remarqué.

A la fin de la saison, j’ai quand même décidé de mettre un terme à notre relation, trop vieux, trop déglingué, et j’étais mine de rien pas très confiante dessus malgré les petites remises en état. Et puis j’avais envie de quelque chose d’autre, de plus récent, et le paternel était ravi de pouvoir la désosser. J’ai cassé ma tirelire et craqué pour un jeunot, un petit Hornet à peine majeur, avec lequel je roule depuis des kilomètres heureux.

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Enfin, quand le neveu veut bien me le laisser…

2 Commentaires

  1. Tu chipotes pour une tige dans le guidon mais tu ne dis rien pour le pot du Hornet!? J’suis sûr qu’il n’est même pas homologué… pfff

    Pour une entrée en matière nous voilà servis. Je n’irai pas jusqu’à comparer ma première meule avec ma première expérience coquine (faut dire qu’un 1200 ça penche plus coté bucheron que demoiselle aguicheuse…) mais les souvenirs refont doucement surface à la lecture de ton billet.
    Et le sourire avec eux!

    Merci pour l’histoire partagée et bienvenue chez les motards comme nous!

  2. Oui,ça réveille des souvenirs .Pour ma première moto,ma mère ( qui ne participait pas à l’achat)avait exigé qu’elle ne soit pas rouge!bon,ben bleue alors,s’il n’y a que ça pour avoir une bénédiction maternelle!!!

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