Le week-end dernier j’ai assisté à mon premier supercross. Tous ceux de ma génération ayant grandi avec le jeu vidéo Motocross Madness pourront comprendre mon émotion. Après avoir fait des kilomètres et des kilomètres virtuels sur ces circuits de terre pixelisés parsemés de « oups » et de virages en épingle, ça faisait une sensation étrange de déjà vu de se retrouver dans les gradins du Palais des sports de Lyon. Et en même temps, pour les zigotos qui se frittaient à grands coups de gaz dans les doubles bosses sous mes pieds, ça avait l’air beaucoup plus compliqué que dans le jeu. Dommage qu’il n’y ait pas des joysticks à la place du guidon, j’aurais été un cador du SX.

En plus de Motocross Madness, me retrouver dans cette salle nappée de fumée d’échappements m’a fait remonter un autre souvenir de mon enfance, celui des trials indoor de Marseille. J’y accompagnais mon père, mon oncle et leur pote Peou. C’était mon second noël : on partait entre « hommes » (j’avais dix ans), ils racontaient des blagues paillardes que je ne comprenais pas (mais auxquelles je rigolais quand même), on mangeait des frites avec de la mayo bien grasse, on encourageait Camozzi, on sifflait Lampink (parce que c’était un Anglais ) et on se couchait super tard (genre minuit!). Plus rock’n’roll, tu meurs ! Toutes ces images me sont remontées en apercevant ça et là des bambins les yeux grands comme des soucoupes devant le show. Mais mon placement « vip » près de la piste et donc loin de la foule en délire m’a hélas un peu frustré côté « communion populaire » : la zone presse, c’est sérieux et ça bosse. Bon, je ne vais pas me plaindre non plus. Puis ça a commencé. J’ai trouvé un peu kitch tout le décorum pour chauffer la salle : pompom-girls, lasers des années 90 et musique électro à donf. Je crois que chuis devenu un peu snob à force de traîner avec des hipsters parigots. Cependant, le gamin à ma gauche avec son bonnet vert kawa vissé sur la tête, avait l’air d’en prendre plein les mirettes lui. Et c’est l’essentiel.

Puis les motos sont arrivées, les braillements rageurs de leurs deux-temps couvrant à peine le bruit de la salle déchaînée. Le vrai show commençait. Et là, j’en ai pris pour mon grade. Le souffle coupé aux départs, me retenant de sauter sur mon siège à tous les dépassements audacieux, j’ai vécu chacune des manches avec la même intensité. Impossible de se lasser de ce spectacle. C’est débile, mais des images de Ben-Hur et de Gladiator venaient se superposer à celles de ces motos tourbillonnant sous mes yeux. La « petite » salle lyonnaise survoltée renforçant la métaphore : nous étions dans des arènes. A nos pieds, ce n’était pas une course de moto mais un combat de gladiateurs. Chaque épingle donnait lieu à de spectaculaires passes d’arme, j’en ai vus certains prendre carrément appui du pied sur la moto de l’autre. Et pas gentiment. Intérieur, extérieur, intérieur, certaines joutes se poursuivaient durant 5 ou 6 tours dans la valse infernale des moteurs. Imaginez un final de GP durant… toute une course. Au bout de trois manches, t’es épuisé, il te faut une perfusion d’adrénaline pour te remettre d’aplomb.

Et en plus, c’est ce qu’il se passe ! Juste avant de t’enfiler le hot-dog que tu regretteras le lendemain, on te balance un shoot de sensations fortes avec les freestylers qui jouent aux zoisaux. Pis on a eu de la chance, il y avait Ze Tom Pagès qui nous a servi des trucs à en faire tomber sa caméra : sans les mains, sans les pieds, backflip avec la moto, backflip par-dessus la moto, etc. Et ses deux compères du soir n’avaient pas grand chose à lui envier niveau voltige. Je continue de penser que c’est une discipline de gros tarés (faut dire que j’ai un peu du mal dès qu’il s’agit de voler) mais tudieu, que c’est beau à voir. D’en bas.

Bref, il m’aura bien fallu trois jours pour arrêter de dormir avec ces images en boucle dans ma caboche mais ça y est, je commence à m’en remettre. Ce qui est sûr c’est que, suite à cette soirée, à ma liste de « choses à faire avant de passer sous un camion », j’ai rajouté « se faire ratatiner à une course de cross ». Car si c’était carrément génial dans les gradins, je n’ose pas imaginer à quel point ça doit être le pied de se faire tabasser en vrai sur la piste.

En vue subjective et sans pixels.

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I.

2 Commentaires

  1. Très jolies photos ! Je regrette d’avoir loupé Bercy à un an près car c’est le genre de show que je ferais bien un de ces 4… Niveau freestyle, fais un tour au salon de Pecqencourt ça vaut son pesant d’or, et niveau stunt aussi.
    PS: moi aussi j’ai kiffé Motocross Madness, à l’époque 😉

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