Avec toute la promo qu’il y a eu sur le nouveau Mad Max, en bon réac’ de 26 piges (le premier opus n’en a que 10 de plus que moi après tout), je me suis dit : « ça va être de la daube ».

C’est vrai quoi. Comment faire mieux que le premier film ? Le pote flic de Max enchaînant les virages avant de se faire piéger par la horde de bikers… Cette scène faisait partie de mon top 3 des moments de ciné qui mettent les poils au garde-à-vous et des frissons de partout. Comment retrouver l’esprit complètement déjanté et ultra-violent de cet Orange Mécanique version carbus et futals en cuir ? Je voyais venir gros comme une maison l’énième « prequel ». Mais si, tu sais, quand tu racontes l’histoire avant l’histoire. C’est bien à la mode dans les blockbusters d’aujourd’hui, c’est bankable. On aurait droit à un Max avant qu’il soit Mad, sur fond d’esthétique vintage et de clins d’œil aux épisodes précédents. Un truc sans prise de risques, commercial à souhait avec plein d’effets spéciaux faits à l’ordi. Bref, un truc chiant.

Ça commence. Pendant le premier quart d’heure, je ne pige rien. Mais alors rien du tout. Je me dis : « c’est quoi cette grosse m**** ? » Des mecs peints en blanc, une ambiance kitch, une action qui ne se passe pas comme d’habitude. Mais on est où là ? Puis soudain je réalise : ce n’est pas que c’est pas bien, c’est que c’est différent. Différent de ce à quoi je m’attendais, différent de tout ce que l’on a pu voir ces dernières années. C’est bête mais on n’est plus habitués à voir de nouvelles choses. Normal, on risquerait de ne pas aimer donc ce ne serait pas rentable. Et du coup, c’était comme si mon V-Strom s’était subitement transformé en V-Max : j’ai passé les 2h du film le cerveau collé au fond du crâne, les yeux écarquillés et le souffle coupé. J’en ai juste pris plein la gueule.

Ce gros taré ou ce génie –je ne sais pas comment le qualifier (un peu des deux certainement) – de George Miller n’a pas joué la carte de la facilité pour son come back. Bien que toujours sur fond d’apocalypse pétrolière, il a créé un nouvel univers à la fois cohérent et complètement dingue. Ses espèces de tribus de punks ne ressemblent à rien de ce qui a pu exister. Je m’explique. Avatar par exemple, c’est bien gentil, mais ça reste un remake spatial de Danse avec les Loups, qui est lui même un remake de Pocahontas. Là, c’est juste radicalement neuf. Aucun « pompage », de l’imagination à l’état brut. Mais si tu sais, l’imagination, c’est ce truc en voie de disparition car pas assez lucratif. Il pousse le bouchon jusqu’à concevoir un nouveau langage, une sorte d’anglais appauvri, truffé d’argot et de néologismes. Une langue que nous pourrions parler après quelques décennies sans école. Quoique, quelques semaines devraient suffire à certains de mes élèves pour arriver à ce niveau de régression. Et puis, entre nous, 1h45 de course-poursuite dans le désert, c’est loin d’être vendeur comme concept. Même pas le temps d’une scène un peu hot histoire de satisfaire l’ado pré-pubère, juste du sable et des gros guns. Je crois que Miller fait partie de ces trop rares réalisateurs capables de faire du « cinéma d’auteur populaire ». Et ça c’est balèze ! Parce que si Stallone et Isabelle Hupert faisaient un gamin, je ne pense pas que ça rendrait aussi bien….    

Alors, en tant que motard, on peut déplorer que les bécanes, malgré une très forte présence et des prépas assez délirantes (j’ai adoré les trials façon mustangs d’Apaches) ne soient que des « décors » dans ce film. L’histoire se déroule en effet essentiellement autour d’un gros camion citerne alors que dans le premier épisode les motos – uniques montures de la horde de méchants pas beaux – étaient au centre de l’action. On peut aussi reprocher à l’acteur Tom Hardy d’être un Max moins charismatique (et expressif) que l’inimitable Mel Gibson. Mais ce n’est pas si grave, puisque le personnage central de ce film – comme son titre « Fury Road » l’indique – c’est en fait la redoutable Furiosa. Au lieu d’être l’habituelle jolie blonde un peu cruche que le super-héros doit protéger avec ses gros biceps (ça c’est bankable !), Charlize Theron, boule-à-zéro et bras amputé, vole clairement la vedette à Max. Et là encore, George Miller surprend en donnant un bon coup de pied féministe dans les roubignolles des traditionnels blockbusters testostéronnés.

Quand je suis sorti de la salle, légèrement titubant, je ne savais pas si j’avais aimé ou non ce film. Et honnêtement, je ne sais toujours pas. Mais ce dont je suis sur, c’est que j’ai vécu un vrai moment de cinéma. Quelque chose de grand et de démesurément… fou.

 

Ps : Parce qu’en temps de crise, une place de ciné, ce n’est quand même pas rien, deux avis valent mieux qu’un. Du coup, je te conseille celui de mon copaingue et « con-frère » (le jeu de mot était facile je sais), Zemotardconnard : http://www.motardconnard.com/mad-furiosa-fury-road/

3 Commentaires

  1. Bon alors je fais un commentaire fourre-tout.
    Je te découvre (ouais je te tutoie. On est jeunes, on est motards…) via la page d’un certain Mehdiator, quand il partage ton article sur la réalisation de vidéo. Déjà, le titre m’accroche: « VDM ». Putain mais il fait la même blague que nous avec mes potes (je suis lucide, je me doute qu’on l’a tous faite). Ensuite, l’article est carrément parlant. J’en profite pour faire le tour du propriétaire et tombe sur la présentation du projet. Et là je me dis merde! ce mec a mis en forme une vague idée qui me trottait… Décidément, soit j’ai des idées pas si originales, soit y’a plagia.
    Enfin décidé sur la nature de ton inspiration, je ne peux que saluer l’initiative et partager à grand renfort de réseaux sociaux.
    Et voilà que je lis ton article sur Mad Max. J’ai d’abord eu peur: les premières lignes laissent croire que c’est d’la m….. Et puis, chemin faisant, je suis rassuré. Non pas que je sois clairement fixé, mais le produit est conforme à la pub: un point de vue sans partis pris ni prétention. Et argumenté de surcroit!
    Du coup me voilà pris d’une folle envie de te dire bravo, continues, c’est bien, youpi…

    Et pour le film, faut encore que j’aille le voir.

    • Wouhaou, que de compliments ! Et non sans un certain trait de plume en plus. Écoute à part « merci », je ne vois pas grand chose d’autre à te dire si ce n’est de faire ici comme chez toi. Et j’espère que Mad Max te plaira sinon je sens que tu vas venir me taquiner… 😉

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