« Malgré le blouson clouté sur mes épaules de v’lours, j’aimerais parfois chanter autre chose que mon V-Strom » Les amateurs de Renaud apprécieront peut-être le plagiat. Je me disais que ce serait bien de consacrer quelques lignes à celle dont on ne parle jamais. Sacs de patates pour l’adhérence pour les uns, portes sac-à-dos pour ceux qui n’ont pas de top case, j’estime que ce ne serait pas trop macho de rendre pour une fois un peu hommage à nos gonzesses qui mettent leur vie au bout de nos selles.

D’accord, d’accord, aujourd’hui une fille qui aime faire de la moto et bien elle passe le permis tu m’diras. M’en parle pas, ma mère à 50 piges – après 30 ans de bons et loyaux services en passagère modèle – s’est fendue le permis moto et vient frotter les roues du paternel dans les virages. Et oui les anciens, ça s’appelle le progrès. Et je pense que c’est une des plus belles choses qui soient arrivée à l’univers de la moto. Mais je m’éloigne du sujet. Quoi qu’il en soit, ma gonzesse à moi, ce n’est pas qu’elle ne veut pas le passer le permis, c’est qu’elle n’a pas les tunes tant qu’elle est étudiante. Non, je ne les prends pas au berceau espèce de tordu, elle fait juste de longues études.

Ma gonzesse c’est une fondue de moto. Pas le genre à minauder ou à craindre pour son brushing. A 150 km/h elle me met des coups de coude pour que j’accélère. Une folle furieuse je vous dis. Pire. Le premier été où nous étions ensemble, on roulait alors sur mon vieux Freewind. Le grand jeu c’était d’aller arsouiller dans la montagne cévenole toute proche, le gros mono étant redoutable dans les épingles. Une après-midi où on escaladait pépère la corniche des Cévennes, une Z 1000 et une R1 nous rattrapent à fond les ballons. A plat ventre sur le réservoir, je m’accroche à leur roue, ça les fait marrer et ils augmentent le régime. A chaque bout de ligne droite, ils me pulvérisent mais je reviens patiemment et les raccroche dans les virages. On arrive en haut du col Saint-Pierre, les deux types s’arrêtent et me font des signes de félicitations. Tout fier, je me tourne vers ma passagère et je me rends compte… qu’elle s’était endormie, callée entre mon dos et le top case. Soit c’est de la confiance absolue, soit c’est que je roule vraiment comme une larve. Je ne lui ai pas demandé, trop peur de la réponse.

Ma gonzesse, elle se vexe si tu lui dis qu’elle n’est pas motarde. C’est vrai après tout. Comme moi l’hiver elle se gèle, comme moi l’été elle sue dans son cuir, comme moi en vacances elle n’a droit qu’à une valise latérale pour tout son bordel, comme moi elle salue les autres motards et elle remercie même les bagnoles du pied à ma place, et si un jour on prend un camion, elle sera transformée en purée, comme moi. Alors oui, quand un bouffon qui s’imagine motard parce qu’il sort son roadster deux fois dans l’été pour aller à la plage se permet de lui dire qu’elle n’est pas motarde parce qu’elle n’a pas de moto, comme moi elle le regarde avec mépris, enfile son casque et se barre.

Ma gonzesse, c’est une sacrée motarde.

7 Commentaires

  1. Bel hommage en effet!
    J’ai fais mes débuts de motarde en tant que SDS de mon mari et j’aime bien l’image que tu en donnes. Je me suis très souvent endormie sur son dos et oui, je l’affirme, c’est de la confiance absolue! Mais aujourd’hui que je suis « piloteuse », je suis terrorisée s’il me porte… C’est lui qui a su avant moi que j’avais envie de prendre le guidon mais je me demande aujourd’hui s’il ne voulait pas, juste, récupérer son dos???
    En tout cas, pour aller jusqu’au bout et rendre la politesse à mon Homme: pour le défilé de Toutes-En-Moto, je met un point d’honneur à le porter… jamais Sac De Sable ne prend aussi bien sons sens car c’est le seul jour de l’année où « j’ai pied » …et en plus ça fait marrer les passants!

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