Le gymkha-quoi ? Le gymkhana. Mais si, tu sais, les journalistes aiment bien ce mot, ça donne souvent un truc du genre: « Un motard pratiquant à toute allure le gymkhana au guidon de sa grosse cylindrée de marque Van-Van a percuté violemment le pauvre passager d’une voiture ayant malheureusement oublié d’actionner son clignotant. Au soulagement général, seul l’imprudent conducteur du bolide a été blessé. » Je caricature à peine. Bref, dans ce cas là, gymkhana ça veut dire remontage de file en zigzagant entre les caisses à l’arrêt. Je te vois arriver : « T’as rien testé du tout, je le fais tous les jours moi ».

Certes, mais figure-toi que nos amis nippons ont érigé cela en véritable discipline sportive. En remplaçant les bagnoles par des plots et les routes par un parking. Je sais, je ne suis pas clair. Je vais le faire autrement. Tu te souviens du parcours lent quand tu as passé ton permis ? Ce délicieux moment de stress où – lancé à deux à l’heure – tu ne dois pas toucher ces foutues portes en jouant avec l’embrayage de la XJ-6. Ben là c’est pareil, sauf que le parcours est beaucoup plus complexe et que tu dois le faire à toc. Celui qui gagne c’est celui qui a mis le moins de temps. C’est mieux ?

Le trialiste petit bras que je suis a de suite été séduit par ce concept de « course ». Tout d’abord, parce que moins discriminant ce n’est pas possible : c’est gratos et c’est ouvert à toutes les bécanes, de la Royal Enfield de collec à la Deauville. Tu atteins parfois les folles vitesses de 10km/h dans les lignes droites. Autrement dit, c’est gamelle à volonté du moment que tu as équipé ta bécane de protections façon stunt (contrairement à moi). Tu ne risques pas d’user ton pneu arrière et à la fin de la journée tu as consommé un dé à coudre d’essence grand maximum. Cerise sur le gâteau : aucun danger que ce soit pour tes fesses ou pour ton permis : ça se passe sur un parking fermé, loin des radars et des semi-remorques. C’est la course du pauvre par excellence.

Mais attention, ce n’est pas pour autant que c’est fastoche. C’est de la maniabilité à l’état pur. Si tu veux vraiment envoyer tu as intérêt de bien connaître le rayon de braquage de ta machine et de maîtriser les basiques du contre-braquage. Tiens, si j’étais ministre (rien que ça) je prescrirais l’obligation de participer à un gymkhana pour tous les nouveaux permis, histoire de prendre en main sa moto avant d’aller faire le malin. Bon, il faudrait aussi que j’instaure le gymkhana en France parce que pour le moment on ne peut pas vraiment dire que ce soit la folie.

Heureusement, comme dans tout, il y a des avant-gardistes. En région parisienne c’est le MC des Nandynamites qui tente de nous initier à ces zigzags environ une fois par mois. Et je leur tire mon casque. En plus ils s’embêtent toujours à concevoir un parcours différent. Pour moi qui ai besoin de quatre ou cinq passages avant de réussir à ne plus me planter de porte, je vous raconte pas l’angoisse sur la ligne de départ. Et puis ici on est loin des paddocks, des sponsors, etc. T’arrives avec ta meule pourrie, tu t’inscris, et hop tu es dans la course. Du coup, j’vous raconte pas l’ambiance autour. Tout le monde se marre, applaudit autant les slaloms parfaits que les vautrages lamentables dans les demi-tours. Et puis en plus de la bonne humeur générale t’as la baraque à frites pour te réchauffer le bidon. De quoi passer un beau dimanche hivernal en bonne compagnie.

La prochaine fois, tu viens ?  

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