Pour les habitués de notre chaîne Youtube, Julien est une tête connue. Un peu moins sur le blog car il n’est pas rédacteur, mais plutôt adepte de la caméra. Il se trouve que le garçon a aussi son style d’écriture, en plus d’un sacré bon coup de guidon ! En tant que sportif accompli, il aime les défis. Comme celui de faire la Route des Grandes Alpes d’une traite ! Découvrez son récit.

 

La route des grandes alpes, ou RGA. Cette route qui traverse les Alpes du nord au sud. C’est plus de 700 km de routes de montagne qui séparent la ville de Thonon-les-bains en Haute-Savoie, à Menton/Nice au bord de la mer Méditerranée. Cette voie sillonne les plus grands cols comme l’Iseran, le Galibier, l’Izoard, la Bonnette et j’en passe… En tout, 17 cols.

Tous ces cols sont connus dans différentes disciplines comme le sport cycliste, ou même l’automobile, comme le mythique Turini du Rallye de Monte-Carlo.

Une destination prisée des motard l’été pour ses paysages sublimes et ses virages à profusion.

Cette route, je l’ai déjà faite en moto à plusieurs reprises, sur plusieurs jours, dans les deux sens. Mais également à vélo l’année dernière sur une semaine entre potes. Je peux vous confirmer que cette route je la connais. J’ai même eu le temps de bien l’analyser en la pratiquant à vélo.

Le point de départ à Thonon-Les-Bains !

L’idée de la faire en une fois m’est venue il y a déjà quelques temps. Je cherchais, à l’époque, des solutions pour organiser ce petit délire. L’hiver passe. Début juin, je vois des images aux informations. Les cols ré-ouvrent ! Les fraiseuses dégagent le col du Galibier en déplaçant des mètres cube de neige pour libérer le ruban d’asphalte fendu par le gel.

L’idée était toujours dans un coin de ma tête.

Un matin en me rendant au boulot, je traverse le vignoble du beaujolais et je vois la chaîne des Alpes se dessiner derrière le lever de soleil rougeoyant. C’est à ce moment précis que je me suis dit qu’il était temps de réaliser ce qui me trotte dans la tête depuis un moment maintenant. 

Je laisse l’organisation de côté et décide de partir à l’arrache. Comme d’habitude en somme. 

Je choisis une date en semaine pour éviter le maximum de monde, un jeudi sera parfait. Le jeudi 16 Juillet !

Il faut maintenant trouver un endroit où dormir dans le sud… Au mois de juillet ce n’est pas chose facile sans débourser des milles et des cents. Une chance, ma tante sera en vacances à Mandelieu (30km de Nice), quelle aubaine ! 

Je n’ai plus d’excuses, cette fois c’est la bonne, je pars le jeudi 16 juillet de la maison pour faire la Route des Grandes Alpes en One shot !

Certains de mes amis me prennent pour un inconscient, et ça me renforce encore plus dans l’idée de réaliser ce projet, un peu fou je l’admets. (NDLR : t’es un grand malade !)

Je regarde sur Maps pour me donner une idée des temps de passage. 2h30 séparent mon point de départ du point zéro de la Route des Grandes Alpes (Thonon-les-bains).

L’idée étant de prendre le lever de soleil à Thonon et le coucher sur la mer méditerranée. C’est clair qu’il faut partir tôt de la maison. Très tôt. Le soleil se levant à 6h00, il faut que je parte avant 3h30 du matin.

Pour la RGA en elle-même, je trouve Maps très pessimiste sur la durée, voir même décourageant. Je ne m’y fierais pas. Je ne regarde pas la météo non plus de peur de me poser des questions. Pour le rythme, ce sera du dynamique mais safe, ceux qui ont roulé avec l’équipe VDM savent de quoi on parle.

Nous sommes le mercredi 15 juillet et tout s’annonce parfaitement bien. Je prépare mes affaires avec seulement le minimum : duvet, matelas, oreiller, nécessaire de toilette et surtout un maillot de bain ! 

Pour optimiser le temps, il fallait réfléchir à l’hydratation et la nutrition rapide, je pars sur l’option poche à eau dans le sac à dos, barres de céréales et fruits secs. Je m’équipe comme si je partais courir une longue distance.

Une machine à la hauteur du défi !

Tout est prêt, ou presque ! J’ai oublié de vous parler de la moto. Pour cette aventure je m’oriente sur la CB 500 pc32 des années 2000, fiable, robuste, maniable et très économique, elle sera idéale pour ce genre de routes. Cette CB 500 légèrement améliorée pour le rallye et le circuit s’avère même être une arme !

Scrrriichhh ! ^^

Au niveau du matériel, tout est au point. Il ne reste plus qu’à s’occuper du bonhomme… L’excitation est présente et m’empêche de m’endormir rapidement, je me réveille même naturellement à 2h40. Tant pis, je dois me lever ! 

Nous sommes le jeudi 16 juillet 2020, il est 2h50 et j’enfile ma combinaison de cuir. Je bois un coup et me force à manger quelques gâteaux. J’enfourche la moto, branche mon téléphone et active Lyberty Rider pour rassurer ma moitié. GPS pour être le plus efficace possible en pleine nuit pour rallier la maison au point zéro de la RGA. En avant, MARCHE !

La pluie s’abat au bout de 30 km et ne me lâche pas jusqu’à Genève… Pas de tenue de pluie. Je ne suis pas en sucre, alors je roule ! 

Arrivé à Thonon, la pluie s’est arrêtée mais les nuages gâchent le lever de soleil sur le lac Léman. Tout est fermé, pas moyen de trouver un café !

Il est 6h00, je met cap au sud. Direction la Méditerranée !

En prenant de l’altitude je me retrouve très vite dans les nuages. Non je ne me suis pas endormi. Je parle bien d’un brouillard épais et humide qui ne m’aide pas du tout à me réchauffer ni même à rouler avec le rythme que je pensais tenir. Il est tellement épais que je ne vois rien à plus de 1200 m d’altitude. La température descend même jusqu’à 4° !

Mon cuir est imbibé d’eau froide, je caille, je grelotte sur la moto. Où est passé le soleil de juillet ? Les cols s’enchaînent et le moral sur les Aravis est au plus bas. Il est 7h30, je suis trempé, gelé. J’ai faim et je rêve d’un café avec une petite viennoiserie chaude. Je reçois un appel de Lucas (vidéaste de talent chez Vie De Motard) : « Salut, tu en es où que je te rejoigne ? » le moral remonte ! Le curseur du mental passe dans la zone verte.

Il est là, il m’attend au pied des Aravis ! Cela faisait 5h que je roulais et voilà la première bonne nouvelle. Nous roulons ensemble jusqu’au Saisies où on trouve une boulangerie ouverte ! Depuis le temps que j’attendais mon petit dej’. Un grand café et un pain au chocolat en vitesse. Pas de temps à perdre !

Nous continuons tous les deux à sillonner la RGA, peu à peu, le brouillard se dissipe laissant des fractures de ciel bleu. Le goudron commence à sécher, on aperçoit le lac de Roseland. Une fois le Cormet passé, les nuages ont complètement disparu. On commence à pouvoir prendre un vrai rythme.

On est pas là pour enfiler des perles. Plutôt des cols !

Lucas me quitte à Bourg-Saint-Maurice. Il me laisse avec le soleil. Les cols qui suivent sont un pur régal ! De quoi rattraper le temps perdu tant qu’il n’y a pas trop de monde sur les routes.

J’enchaîne l’Iseran, la Madeleine et le pack de trois :Télégraphe, Galibier et Lautaret.

Il est 12h00, je descends le Lautaret vers Briançon, la moitié est faite ! Mon père est là, il m’attend sur la route et me ravitaille de saucisson, de fromage et d’un bout de pain frais. Quel bonheur de manger salé ! 

Nous faisons le plein au pied de L’Izoard, c’est le dernier plein avant la fin.

Avec ses 18 litres de réservoir et sa consommation moyenne de 4,2 L/100km, le CB500 allait me permettre de finir sans dépendre d’une station-service. 

Izoard, Vars et la Bonnette Restefond : la plus haute route goudronnée d’Europe !

On s’accorde une micro pause photo.

Il est 15h30 et je m’autorise une sieste de quelques minutes. J’ai les jambes engourdies, j’entends mon cœur battre dans ma tête, mes oreilles ne se débouchent plus et j’ai les avants bras tout congestionnés. Mal des montagnes ? Différences d’altitude en peu de temps ? Fatigue intense ? Je ne sais pas vraiment quelle est la cause de ce malaise…

On dit toujours qu’une fois que la Bonette passée, c’est la fin. Je vois le panneau «Nice 120».

Plus que trois cols et c’est fini.

Je roule en mode automatique, c’est-à-dire que je ne réfléchis même plus. Tous mes mouvements sont automatiques. Dans la vallée de la Vésubie, l’excitation d’arriver reprend le dessus. En grimpant le col du Turini (une spéciale du rallye Monte Carlo), je me prend pour un pilote et enchaîne les pif-paf. Vu de l’extérieur ça devait être dégueulasse, mais de l’intérieur, c’était beau.

En haut, sur un des derniers panneaux de la route des grandes alpes, je colle un autocollant Vie de Motard, comme si je signais mon passage.

Sticker posé !

Il est 18h30, je suis au sommet du dernier col, celui de Castillon. De celui-ci je vois cette grande étendu bleue. C’est la méditerranée !

J’arrive à Menton à 19h00. Le contraste est violent, après avoir passé la journée en montagne je me retrouve sur le bord de mer à kékéland. Je ne sais pas pourquoi, mais tout le monde me regarde bizarrement, peut être que c’est moi qui suis mal équipé ? Devrais-je enfiler mon short de bain et mes Birckenstock pour rouler en bord de mer ?

Pas de doute, je suis bien arrivé dans le Sud.

Je m’en fous, je l’ai fait ! Je saute dans la mer et me laisse porter par les vagues, quel bonheur ! J’ai le temps d’apprécier le coucher de soleil.

Je reprends la route, les gens me regardent tel un extraterrestre au milieu des scooters et des sportives en short & tatanes.

J’enquille ensuite l’autoroute pour rejoindre ma tante au plus vite. Je ne me fais pas prier pour un bout de mousse que je déroule sur le sol pour m’endormir dans la foulée.

L’heure du bilan

Une expérience très enrichissante d’un point de vue endurance, je ne recherchais pas la performance, ni le chrono. C’était seulement apprendre à savoir se gérer et connaître ses limites. Trop vite, tu te fatigue et trop doucement, tu n’arrives pas à temps. Tout s’est joué sur la régularité. Je tiens à préciser que je n’ai pas fait de grands excès de vitesse et toujours respecté les zones de limitations imposées.

Au final, j’aurais fait plus de 900 km en 16h dont 15h00 de roulage. (NDLR : performance qui rappelle l’Iron Butt de Vincent. Mais cette feignasse avait préféré rester sur du plat !)

Une bonne préparation pour la saison des rallye 2021.

Merci à Lucas, à mon père, à ma Tante et à Clara de m’avoir permis de réaliser cette expérience sans encombre !

Quelle sera la prochaine idée ?

Pour retrouver les vidéos de Julien et du reste de l’équipe, c’est sur notre chaîne Vie de Motard !

5 Commentaires

  1. Bravo ! C’est grande classe Julien. J’aime ce genre de défi fou pour les autres mais bon pour soi. Comme tu dis c’est là qu’on apprend aussi à se connaitre. Tu m’as donné envie du coup … mon « record » étant l’aller retour dans la journée au col de Vars (départ vallée verte) et quelques détours.

  2. Bravo super voyage
    Réalisé 3 jours avant avec 2 amis mais en 2 jours.
    Pourquoi cette manie de coller des autocollants sur les bornes au passage des cols ?
    j’ai fait la Bonette il y à 3 ans pas 1 autocollant sur le marbre cette année on ne voit plus rien
    la plaque est maculée de ces fichus aut…..
    Essayons de préserver les lieux pour le plaisir de tous.
    Cordialement

  3. Top le récit ! J’imagine la fatigue mais le plaisir de remplir ton objectif !
    Prochain défi, la route des cols des Pyrénées, en une journée c’est chose impossible, à toi de prouver le contraire !

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