Pierre, c’est le gars qui sait rouler fort. Tellement que pour sa première saison de rallye routier, il a remporté le titre Espoir. Et cette même année, le hasard lui a donné l’opportunité de finir la saison sur un Road Race en Angleterre : la Gold Cup à Scarborough. Au guidon de sa moto de rallye ! Récit.

Avec Pierre, on se connait depuis plusieurs années maintenant. Natifs du Puy en Velay tous les deux, nous avons a fait nos débuts sur les routes du coin, mais pas ensemble, et quelque part, tant mieux pour nos parents ! Mieux vaut se tirer la bourre en rallye que sur route ouverte… En revanche, je suis convaincu que, lorsque tu sais rouler fort sur nos petites routes, il n’y a plus grand chose qui peut te surprendre. Ce n’est pas un hasard si le Moto Tour y a fait tant de passages !

D’ailleurs, Pierre se prend d’affection pour la discipline lorsqu’il va assister en spectateur au Rallye du Velay alors qu’il roule en mob. (épreuve qui s’est tenue à partir de 2000 comptant pour le championnat de France) Malheureusement, l’épreuve disparaît avant qu’il ne puisse y participer. C’est en 2014, au Rallye des Volcans dans le Puy de Dôme que Pierre découvre les joies du rallye routier. Avec son Aprilia 1000 Tuono préparée à l’arrache avec un dérouleur de road-book prêté par le regretté Gaston (de son vrai nom André Courbon, président du club qui avait organisé le rallye du Velay ndlr). Et voilà, à ouvrir en grand sur les spéciales, il tombe amoureux !

Passage à la vitesse supérieure

Alors, Pierre décide de s’engager sur une saison complète. En 2015, le championnat de France débute par le Rallye de Toulon. Météo absolument désastreuse et soucis d’organisation. C’est la douche froide. Au point de se demander si cela en vaut bien la peine.

Mais le garçon n’est pas du genre à se laisser abattre. Fort en gueule, râleur comme tout rallyman qui se respecte, il créé rapidement des liens sur le petit monde des rallyes routiers. Ce chevelu a bon coup de guidon !

L’œil du hibou lorsque la nuit tombe !

La saison 2015 était composée des épreuves suivantes :

21/22 mars – Rallye de Toulon
11/12 avril – Rallye de la Sarthe
25/26 avril – Rallye de Corse
23/24 mai – Rallye du Beaujolais
13/14 juin – Rallye de l’Ain 
03/04 juillet – Rallye du Dourdou
26/27 septembre – Rallye de Saverne (épreuve annulée)

Au cumul des points, Pierre place son Aprilia Tuono 1000R en tête de la catégorie Espoir !  Champion de France 2015 ! En MotoGP ils appellent ça Rookie of the Year

Du rallye au circuits…

L’objectif de cette première saison de « découverte » était largement rempli. Jusqu’à un coup de téléphone : on lui propose d’être coéquipier sur la course catégorie classique de l’Open Trophy de Chimay en Belgique. Une course d’endurance sur un circuit routier. En dehors de son expérience en rallye, il n’a roulé qu’une seule fois sur piste. Alors ? Gaz !

Course motos Belgique CHIMAY OPEN TROPHY 2014 - Nos voyages à moto ...
Le circuit de Chimay !

Passons sur cette expérience quelque peu gâchée par une machine délicate, lourde (normale pour une vieille Stinger) et à la fiabilité aléatoire. Le départ de la course est de type « Le Mans » où il faut courir vers sa machine. Machine qui ne démarrera qu’à la poussette ! Abandon sur problème mécanique dans la première manche. Dans la seconde, la moto passera la ligne d’arrivée… poussée par son propriétaire-pilote. Malgré tout, l’ambiance du paddock lui plait, ça se rapproche d’une manche de rallye routier.

Alors, lorsqu’on lui dit qu‘une place lui est offerte pour une course en Grande Bretagne, la Gold Cup de Scarborough, c’est tentant. Cependant, il ne dispose pas de moto de piste. Ce sera avec la Tuono. Une paire de jantes équipées de pneus pluie, un poly et c’est parti.  Crazy froggys, un roadster sur un circuit !

C’est loin, mais c’est beau !

Scarborough, c’est quasi 400km plus au nord de Londres, sur la côte Est. Autant dire pas la porte à côté ! Le tout avec un J5 fumant, l’esprit Continental Circus quoi. Achat d’un feu arrière obligatoire par temps de pluie qui sera monté sur le paddock en bord de mer. A l’arrache, de l’avance sur le retard prévu comme disait Mig. Mais ça, c’est une constante dans le milieu

Image associée
Vue du circuit de la Gold Cup !

Mais, pour se rendre bien compte du tracé et de son dénivelé, mieux vaut une vidéo !

Voilà, vous cernez maintenant le challenge que cela représente avec un roadster. Une route étroite, bosselée mais malgré tout des pointes à plus de 200 sans carénage. Et un travail de fou pour les suspensions !

Je laisse ci-dessous le compte rendu rédigé par Pierre à l’époque peu après son retour :

Vendredi matin, installation dans le paddock, contrôle des motos, montage du feu arrière pour moi, quelques réparations pour la Kawa, il est l’heure d’aller présenter les moto. Contrôle sans encombres. les contrôleurs sont un peu étonnés de voir un roadster dans cette course. (ndlr : tu m’étonnes !)

Le paddock est impressionnant, les pilotes sont équipé comme des pros, ce qui est loin d’être notre cas. L’ambiance est géniale, tous les pilotes sont accessibles.

Samedi matin, les choses sérieuses commencent. Comme on pouvait s’y attendre, il pleut. Montage des roues pluie. Je me prépare a faire mes premier tour sur ce superbe tracé. Bien sur, j’ai oublié les couvertures chauffantes, donc ce sera pneu froid. Pour les nouveaux, il y a 3 tours obligatoire derrière un marshal. Quel pied ! Le circuit est magnifique, des épingles, du dénivelé, des jumps, un max de sensations. Gros freinage en descente, grosse accel’ en montée où j’ai du mal a garder la roue avant au sol.
Zut c’est déjà fini, plus qu’a attendre les séances d’essais.
Après quelques problèmes de compréhension, je fini part me qualifier dans les bonnes séries. Pas facile il y a vraiment des pilotes très rapides et avec des motos bien plus puissantes, mais put… quel pied !

Découverte des pneus pluie directement dans le grand bain ! (Crédit photo Steve Betts)

Il est temps de prendre le départ de la première course. Je suis en fond de grille, tant mieux, j’ai moins de chance de me faire charger au freinage ! Mon premier départ en grille, je me rate et me retrouve bon dernier, Gaz ! Il y a 2 pilotes devant que je parvient à rattraper. Plusieurs chutes provoquent un drapeau rouge. Après quelques minutes, nouveau départ pour 4 tours. J’ai perdu le rythme, je me fait distancer. Je parvient à rester a la même distance mais je n’arrive pas a revenir. Je termine dernier, mais qu’est ce que c’est bon !
Deuxième et dernière course de la journée, je m’élance au côtés de Richard, une belle bagarre, il m’enferme a 2 tours de l’arrivée et je perd trop de temps pour pouvoir tenter de le passer. Une nouvelle fois dernier, mais participer a une course où il y a John McGuiness, Dean Harrisson, Mickeal Dunlop et plein d’autres, c’est déjà une victoire.

Sensations garanties !

Dimanche, il fait enfin sec, je me lève tôt pour changer de roues, tout est prêt, plus qu’à attendre le warm up. Durant le premier warm up, je rode mes pneus encore neuf et fait donc le dernier temps. Je vais apprendre par la suite que en fait cela servait de qualifications pour les courses de l’après midi, je ne suis donc pas qualifié pour la première course, heureusement un bon chrono dans le deuxième warm up/qualif’ me permet de participer a la course senior, dernière manche du weekend.

Crédit photos Billy Pics

C’est enfin l’heure, tour de chauffe, on se place sur la grille. Le feu s’éteint, GAZZZZ ! Je fais un départ plutôt correct, de nouveau la bagarre commence avec Richard, je suis bien sur la moto, au 2e tour, je sais que je vais le passer. Sortie d’un gauche rapide, j’accélère très tôt, j’arrive a sa hauteur, et là : beeeeuuuuuuuuu. Panne d’injection, dépité. (ndlr : saloperie d’italienne) En colère, je m’écarte rapidement de la piste, et attend avec les commissaires que la course se termine. J’en profite pour regarder passer tous ces furieux, sacré spectacle.
l’organisation vient me chercher avec un fourgon et retour au paddock.

on attaque de charger les motos, les gens viennent discuter avec nous, prendre des photos, c’est vraiment génial. Tout est enfin chargé, le paddock est presque vide, en route pour la France… Un pied phénoménal malgré le fait que ma moto n’est pas vraiment faite pour ça, des super rencontres, et surtout, je veux y retourner !

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