Alors j’attrape au hasard sur l’étagère du garage un de mes nombreux casques de bobo vintage et je roule. J’ai endossé mon vieux perfecto tout pourri par la pluie et le soleil. Je ne le graisse plus depuis des années. Il y avait des trous aux manches. J’ai collé un patch de Nirvana pour colmater la brèche. C’est le seul qui traînait dans une boîte de munitions de l’armée, dans le garage, là où tu t’entraînais si dur à la pole dance. Et j’ai aussi ajouté une ou deux autres niaiseries estampillées Norton ou Motörhead, que je gardais pour des occasions plus flatteuses, à une époque où ces choses-là me semblaient si importantes.

J’ai mis des trucs dans un sac, un peu au hasard, et j’ai tout accroché derrière notre bon vieux Corsair de 2003. J’ai eu du mal à laisser la maison. Je ne pouvais m’en détacher. Mais je suis parti quand même. Et j’ai foncé dans la nuit. Et dans le jour. J’ai épousé les virages avec un lâcher prise que je ne me connaissais pas, la maîtrise des paramètres étant reléguée au second plan. Ton visage était toujours là en arrière fond. Mais je me concentrais sur le pilotage. Jusqu’à ce que j’oublie que je pilotais. J’ai de la place pour deux cœurs et deux pensées, désormais, dans ce cerveau tout mal connecté, et dans ce corps sans cesse recroquevillé et meurtri d’une invisible blessure. Alors je ne fais qu’un avec la machine. Heureusement que j’ai cet horizon qui file devant moi.

Comment font donc les gens qui n’ont rien à naviguer ?

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