En ce début février, un peu plus d’une centaine de motos et side-car avaient rendez-vous à Vassieux-en-Vercors dans la Drôme pour une hivernale. Et pour ma part c’était une première ! Et je crois que je pouvais difficilement rêver mieux….

Tout commence en décembre. Je m’inscris, ainsi que Régis qui lui est un habitué. L’occasion de faire un bout de route ensemble. Cigalou reste lui dans les couches et les réveils nocturnes de son petit bout. Rageux, il ne manque pas, bien évidemment, de jeter le mauvais œil sur Régis qui cette année a cumulé les déboires hivernaux. Il a déjà du rebrousser chemin pour l’Authentic sur problème mécanique et s’abstenir de l’hivernale des Barjots pour cause d’enfant malade en début janvier… Bref, « jamais deux sans trois, toussa » lui susurre la Cigale malveillante…

En parlant de l’Authentic, petite parenthèse pour poser un contexte. Je suis allé chercher mon DR en entretien chez Jean, le papa de Cigalou, qui faisait l’état des lieux de la moto de son rejeton tout juste rentré de cette épique hivernale. Morceaux choisis de ses commentaires devant le XTZ fracassé et couvert de rouille : « Regarde moi ça, il a tout cassé ! » ; « Franchement, je vois pas l’intérêt d’aller se bourrer à deux à l’heure dans la neige. Quitte à casser quelque chose, c’est parce que tu envoies, que tu cherches la limite, congue ! » (avec l’accent du sud qui ponctue bien sûr.) Je dois avouer que j’ai plutôt tendance à voir les choses de la même façon que son paternel, et je me demandais ce qui m’avait poussé à vouloir faire comme les copains. La réponse était peut être dans la question… 

Le jour J est arrivé. Exit mon vieux duvet été. J’ai trouvé un duvet et une tente résistants au froid et bien plus compacts. On apprend de ses erreurs. Tout est chargé, sans oublier un peu de vivres et des vêtements chauds. Sur les bons conseils de Régis le « pro », j‘ai même pensé à la précieuse petite bouteille pour ne pas sortir de la tente pour pisser. Trop fier.

Je rejoins Régis à Voreppe. Et c’est parti pour une traversée du Vercors au milieu des paysages enneigés, des gorges et leurs stalactites (avec la crainte d’en prendre une sur le coin du museau aussi…) Malgré un peu de vent en approchant de la destination, la route est bonne. A peine quelques lames de neige, mais ça passe tranquille, le rythme adopté permet d’anticiper. On est loin d’une liaison de rallye routier mais le but est d’arriver entier !

J’y suis presque. Optimiste, je fais les derniers mètres debout sur les reposes pieds avant de perdre l’avant sur la neige tassée glissante comme une piste de curling. Et merde ! A 10 mètres du but, la honte. Mais tout de suite un gars est là pour m’aider à relever la moto. C’est bon signe, ça !

Nickel !

On monte nos tentes. Après quelques hésitations j’arrive à faire tenir la mienne. J’aurais dû le faire au moins une fois à la maison. Heureusement qu’on est pas en plein blizzard ! Le champ qui nous accueille est recouvert d’une belle couche de poudreuse. A proximité, une tente est montée avec café, eau et des tables pour manger. Et dehors, sur un chaudron, est en train de cuire une délicieuse soupe ! Miam ! On sait recevoir ici.

Assez vite, on trouve des têtes connues. L’occasion de faire aussi le tour des machines présentes, toujours assez intéressantes sur ces manifestations. Ici, une magnifique Africa Twin 650, plus loin, deux petits café racer 125 ! Une très rare BFG 1300, attelée qui plus est. Les sides sont bien représentés et les variétés de taille et d’équipement aussi.

Un moteur de Citroën GS se cache dans ce cadre.
Ural, un incontournable !
Léger, cardan et crampons. Manque juste un peu de protection pour en faire un bel outil pour affronter le froid !
Miam !

La nuit s’installe doucement. Il fait bon, il n’y a pas de vent. Des bonnes conditions. La soirée se passe autour du feu avec quelques grillades et de la boisson. On discute et on ne se rend pas compte de la température qui baisse. Le givre sur les motos et les tentes ne ment pourtant pas ! Nous verrons bien comment se passe la nuit…

Dire que j’ai bien dormi serait mentir. Avouons-le. Mon duvet glissait sur le matelas, mais je n’ai pas spécialement eu froid pour autant. Malgré le givre qui s’est formé DANS la tente. Y’a pas à dire, pour venir faire une hivernale dans le Vercors, faut être résistant (mouarf…) Debout avant le lever du jour, je suis allé autour du feu avec un café entre les mains. De ce côté là, l’organisation fût au top ! Le tout dans une bonne ambiance et des sourires qui réchauffent à eux seuls.

Oui, ça caille !

Ceux qui n’ont pas glissé leur téléphone dans le duvet en sont quitte pour une décharge totale ! En parlant de ça, au moment de démarrer les bécanes,« Bleuchette«  (la fidèle XJ900 de Régis) ne tousse pas. Batterie à plat. Sourire en coin, je lance le DR-RR. Après tout, à la pirate, il avait largement tenu la nuit à 0°. Ben que dalle ! A plat aussi ! Notre salut viendra d’un vaillant side-car sur base de GoldWing 1000 et sa grosse batterie de la taille de celle d’une bagnole. Tiens, j’ai pas pensé à chambrer Régis là-dessus : sauvé par un SIDE-CAR qui plus est sur base HONDA ! Hein R-E-G-I-S ? S-I-D-E ! H-O-N-D-A ! (Désolé pour le côté private joke, mais Régis a deux phobies dans la moto, je vous laisse deviner lesquelles…)

L’aide a été immédiate et bienveillante !

Il faudra plusieurs minutes à un ralenti élevé pour que les moteurs parviennent à température pour prendre la route. La traversée du Vercors vers Grenoble se fait sereinement, mais quel froid ! En bon blaireau je n’ai pas pensé aux sous-gants. J’ai dégusté… En descendant vers la ville j’ai retrouvé l’usage de mes phalanges, mais il m’a fallu encore 24 heures pour y avoir de nouveau une certaine sensibilité. Bien fait pour moi.

Tiens, mais j’oublie pas un truc moi ?

Si, l’ambiance ! Même si c’était ma première expérience du genre, j’ai senti une cohésion, un esprit de groupe. La possibilité d’échanger avec tout le monde, en toute simplicité. Un morceau de charcuterie, un verre de jus de fruit (avec plus ou moins de degrés d’alcool) Avec, autour, la montagne, la neige. Et en bruit de fond les pas dans la poudreuse et les éclats de rire. Mention spéciale à la visite de la ferme toute proche. Ainsi que celle des chevaux au matin !

Coucou toi !

Pas de rupteurs où de musiques de dégénérés. Pour ça, je vous laisse les campings des événements d’avril à octobre… J’ai eu le sentiment d’une bulle hors du temps sur cette hivernale, un échange simple et sincère avec des gens de tous horizons et de tous les âges.

Alors, quel intérêt à venir se peler en plein hiver à moto ? J’avoue que vu les routes pour y venir, j’aurais plutôt eu envie d’une bonne arsouille entre potes… à la belle saison. J’ai rarement mis aussi peu d’angle sur un week-end moto. Par contre je rentre riche de nombreux échanges, bien plus que sur n’importe quel autre événement moto auquel j’ai pu participé !

L’an prochain, j’en suis ! Et – attention – on va essayer d’y réunir presque toute l’équipe Vie De Motard !

Et toi Jean ? 

Le jour se lève sur le Vercors

7 Commentaires

  1. Très beau récit, t’as assuré ! Et tu as eu la modestie de ne pas mentionner les -15°C que nous avons affronté avec flegme. La grande classe, quoi !
    (T’as pas non plus précisé que Bleuchette et moi on est passés aussi debout sur les cale-pieds sans se vautrer à l’arrivée 😀 )

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