Alors comme ça on a signé pour la Rando Pirate 2.0 ? Tu es au courant du climat de la région ? Tu as conscience que tu peux te faire rincer la courge toute la journée, te vautrer 4 ou (1)5 fois et que le soir on a prévu un bivouac de merde sur un versant nord pile-poil pour se geler la nouille (pardon mesdames) ?

Comme on est pas vache chez Vie De Motard je vais essayer – sans prétention aucune car je sais qu’il y aura aussi des vieux de la vieille – de te donner quelques pistes afin de passer un merveilleux moment. De toute façon tu vas passer un merveilleux moment parce que tu couperas ton smartphone et ton cerveau par la même occasion : la régression totale c’est ça qu’est bon ! Weekend qui pique, weekend… Plutôt adepte de l’autonomie légère (autrement dit des potes qui portent mes affaires…) et fervent défenseur de la Nature, voici mon organisation.

Règle n°1 : Imaginer les pires conditions

C’est à partir du scénario du pire que tu dois préparer ta tenue, ta moto et ton sac de bivouac. Dans le cas de la rando pirate ce serait la tempête de neige, la « Burle » comme on dit là-haut. 

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On a pas toujours droit à des conditions aussi idéales…

Pour faire court : Sur une brêle de 200 kg avec les sacoches, un pilote qui a la banane mais qui fait de l’huile dans son beinard et a les avants bras tétanisés, le tout roulant dans la boue, sur des cailloux glissants en plein vent et pluie -10°C, la perspective du bivouac douillet va vite devenir ton seul réconfort psychologique. Donc à l’arrivée il faut pouvoir être au sec, au chaud, avoir à boire (pas que de la bière) et à manger.  

Règle n°2 : Se laver. Toujours. 

Lorsque vous arriverez au bivouac. A quelle heure de la nuit ? La priorité sera de vous mettre des vêtements secs après une bonne douche. Ah merde y’aura pas de douches ? Ben s’il n’y a pas de douche il y aura bien une rivière. Il est primordial de se laver, même à l’eau froide, les zones qui ont transpiré : mains, visage, nuque, pieds. On transpire toujours dans nos randos. Si, si.  C’est le minimum syndical. Bien évidemment je vous recommande d’essorer la nouille et de la mettre au sec. Pour les dames la poitrine est à laver (entre-seins et aisselles) et à protéger avec soin car il y a une grosse déperdition de chaleur par là.

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Et quand tu trouves une source d’eau chaude c’est… noël !

 L’astuce ici c’est le savon qui mousse avec peu d’eau et qui est facile à rincer. De même la serviette micro-fibre à le mérite de prendre peu de place et de vite sécher. 

Règle n°3 : Avoir une « tenue de soirée »

Dans son sac de bivouac il faut toujours avoir :

  • Une sous-couche thermique : collant et haut prévu pour garder la chaleur du corps, agréables à enfiler.
  • Des chaussettes montantes : Chaudes et tiennent mieux dans les bottes. 
  • Une veste de bivouac : Je recommande les Primaloft, peu importe la marque, si possible avec capuche et mitaines intégrées : déperlantes, légères et peu encombrantes. Vous n’aurez surement pas envie de remettre votre veste de moto détrempée et boueuse. 
  • Tenue de soirée: Un jeans pas trop serré car sinon vous allez vous geler ou un pantalon type « cargo » en toile bien épaisse. Vous pouvez aussi piquer le futal en velours du pépé.  
  • Des chaussures PAS de moto : Godillots de rando (en Gore Tex si possible) suffisamment confortables, chauds et imperméables. Décath’ font aussi des après-ski/chaussures fourrés, pas chers et pas trop volumineux dans cet esprit là.
  • Un bonnet, un tour de cou, des gants. Si très froid, les moufles sont préférables pour que les doigts se réchauffent les uns les autres. 

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Règle n°4 : Se construire un nid douillet 

Une fois au sec et au chaud il vous faut imaginer monter votre couchage de nuit et peut-être sous la pluie. Vous devez dans ces cas là être équipés (tenue pluie et frontale) et maîtriser le montage de la tente en un temps record.

Choisir un bon emplacement est primordial : A l’abri du vent, exposé EST, éviter les zones humides du genre sous bois et ne pas être trop proche d’un point d’eau (humidité qui remonte la nuit). Le top est de se mettre à proximité de roches ayant bénéficiées du soleil la journée. Quand il y en a eu… Il faut bien dégager du sol les pierres saillantes et les branches. Bois et cailloux que je remets toujours à leur place initiale avant de partir malgré les vannes des copains : Leave No Trace, c’est ma philosophie du bivouac. Et je les emmerde.  

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Le bonnet dans le duvet : Quand la tête a chaud…
  • Isolation du sol : C’est par le sol que le froid arrive. Au pire un bout de bâche, au mieux une couverture de survie réutilisable de grande taille (ne fait pas de bruit et dure longtemps : 5e chez Décath’). Attention, il faut la positionner coté argent vers vous. S’il pleut vraiment il faut creuser une petite rigole autour de la tente pour éviter les inondations (d’où l’utilité d’une petite pelle de bivouac, entre autres usages)…
  • Matelas: Il participe à l’isolation du sol en apportant une précieuse lame d’air s’il est gonflable, ce que je recommande toujours. Ils en font des petits bien compacts et pas très chers dans les rayons « matelas de randonnée ». Pour les frileux, privilégier les modèles longs plutôt que 3/4 : les pieds sont sensibles au froid.
  • Sac de couchage : En duvet c’est chaud mais sensible à l’humidité. En synthétique c’est en gros l’inverse. D’un point de vu assez général, si on vous dit qu’un sac de couchage à une zone de « confort » à 5°C ne vous dites pas « boah ça va passer à -5°C ». Non, non, je vous renvoie à la règle n°1. Pensez à le déplier dès la tente montée et bien avant le couchage : ses couches vont se « gonfler » d’air et donc optimiser sa protection. Astuce : ne jamais plier son sac de couchage de la même façon dans le sac de compression mais aléatoirement, ça évite de briser à la longue les cloisons d’air qui participent à la protection thermique.  
  • Drap de soie : C’est pour moi l’accessoire du bourlingueur par excellence. Il augmente la chaleur, facilite le mouvement dans le duvet, protège le sac de couchage des salissures et des odeurs. Il peut même servir en voyage dans les lits pas toujours clean ! Il se lave et se sèche en quelques minutes.
  • Sursac : Pour les adeptes de la belle étoile. Il protège de l’humidité, augmente la chaleur et protège le sac des salissures.
  • Tente, Tarp ou belle étoile: L’orientation de l’entrée de l’abri est à réfléchir. La tente a l’avantage d’offrir un vrai espace intime et protégé mais elle est plus encombrante. Le tarp est pour moi la bonne solution d’abri léger quand il caille pas trop. L’été, la belle étoile reste mon mode de couchage favori : bruits environnants, brise, odeurs, et je ne parle pas de la vue sur le ciel. Mais quand il fait -6°C, pas de zèle : une bonne toile de tente reste le luxe absolu. 
  • Les bouchons d’oreille : Indispensable pour dormir en groupe ! Le vieux motard ronfle en général aussi fort que le moulin de sa brêle ! 

Enfin, je recommande de glisser entre le drap de soie et le sac de couchage les vêtements du lendemain afin qu’ils soient chauds. Les plus frileux pourront prendre une mini-bouillotte avec eux. Dans les hivernales il se raconte des histoires de bouillottes « maison » à base de bouteille de lait remplies d’urine. J’ai pas osé tester… 

Ces conseils sont tirés de ma propre expérience de voyage et du bivouac et ne sont pas paroles d’évangile. Tous les tuyaux sont bons à prendre ! Bien entendu la saison, la météo, l’hydratation, l’alimentation et la possibilité de faire un feu influence grandement sur les conditions du couchage. Pratiquant des sports de nature et bivouaquant très régulièrement j’ai fait le choix d’investir dans du matériel de qualité (attention, ça ne veut pas dire du gadget). Mais il y a toujours une solution, quelque soit le budget : tout est une question de compromis et d’utilité. Je conclurai donc simplement par ce proverbe Canadien :

« Le mauvais temps n’existe pas, il y a seulement des gens mal habillés. »

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6 Commentaires

  1. Tres bon résumé !
    J’ai pas non plus tenté l’urine aux milles vaches l’année dernière mais bcp de vins et de bière pour une nuit ca fait l’affaire ?
    Blague à part à decath et go sport ils vendent des lots de petites chaufferettes pour les pieds et les mains.
    C’est pas très cher et ça dépanne grandement!
    Bon courage à tous ceux qui ont eu la chance de s’inscrire à temps ?

  2. Salut, très bien résumé.
    Sinon lorsque la rivière est gelée et qu’il faut un marteau pour casser la glace, il existe des lingettes pour adulte qui sont très efficaces.
    Et pour la bouteille, ça ne sert pas à se tenir chaud mais à éviter de sortir de la tente par moins trente.(à prévoir avec un gros goulot style jus de fruit et… qui ferme bien!).
    ah et toujours dormir avec la tête couverte, c’est par la qu’on a froid et ça évite d’avoir la tête bouffie le lendemain .
    Mais de toute façon vous aurez froid, vous-aurez-FROID!!!!! arf.

  3. Un article bien sympa… que je partage à 200%.
    Effectivement, le bivouac permet « De toute façon tu vas passer un merveilleux moment parce que tu couperas ton smartphone et ton cerveau par la même occasion : la régression totale c’est ça qu’est bon ! » … et ça, c’est déjà énorme !!

  4. Deux petits conseils tirés d’expériences vécues quand ça pèle sévère :

    – dormir avec ses bottes dans le fond du sac de couchage, ça prend de la place mais remettre ses bottes quand elles ont gelé, ça prend un temps fou, c’est épuisant et très douloureux;

    – bien vérifier que la moto est au point mort, parce que, quand l’huile est figée au petit matin, ben, remettre le point mort pour pouvoir démarrer la moto, c’est long et fastidieux.

    Enfin, un petit commentaire parce que je lisais un de ces éternels débats sur les vrais motards qui aimeraient se geler les miches. Pour ma part, je préfère rouler quand il fait beau et sec, mais, ce n’est jamais la météo qui m’a empêché de partir, parce que je n’aime pas le froid, la pluie, le brouillard, le vent, mais, par dessus tout, j’adore rouler, alors, je supporte.

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