Quand j’ai accepté de sévir sur viedemotard.fr, je ne savais pas qu’en tant que possesseur de trail, aussi maxi soit-il, je serai convoqué à la rando TT Pirate 2017. J’ai donc commencé par regarder à quoi cela pourrait ressembler via les « œuvres » cinématographiques commises par Cigalou. Alors autant l’édition 2015 semblait à ma portée de poireau, autant la version 2016 a commencé à titiller mon inconscient. Suffisamment pour que j’en cauchemarde la nuit.

Le sujet de ces mauvais rêves ne portait pas sur la qualité de la vidéo de l’édition 2016. Sur ce coup-là, notre Président Dictateur Général avait eu le nez creux, et laissé un pro (Alexandre Brely et sa Film Factory) s’en charger. Non, si je me réveillais en sueur au milieu de la nuit en plein mois de décembre, c’était après avoir mentalement relevé 15 fois mon pachyderme nippon, et changé 27 fois de caleçon en 10 km.

Bref, je flippais grave à l’idée d’aller (me) rouler dans la boue altiligérienne !

Etant encore dans les temps pour faire ma lettre au Père Noël, j’ai pu trouver sous le sapin, une invitation à faire un stage de dressage de grosse bête chez Goy, Jean-Pierre Goy. Mais si vous savez, le gars qui saute au-dessus d’un hélico avec une BMW R 1200 C. Bon sinon, il a aussi dompté la Batbike, improbable réalisation sortie d’un cerveau, certes très créatif, mais quelque peu sadique envers la gente motarde. Ou alors vous l’aurez sûrement vu au cinéma dans des cascades comme dans la série des « Jason Bourne » et autres Missions Impossibles, sauf pour lui. Avec un tel talent, le gars serait capable de faire le Dakar en Goldwing et de se contenter de finir dans le top 10, juste histoire de ne pas froisser les minots qui jouent avec leur 450 cm3 bodybuildées. Je me souviens l’avoir vu en démonstration de stunt au Bol d’Or à l’époque où cela se déroulait à Magny Cours. Il passait juste après un gars qui venait de battre le record du monde de distance en stoppy. Et voila notre JP national qui fait des wheeling, des burn et tout ce qu’un show de stunt comporte. La seule différence, c’est que lui il fait ça avec des GT de série ! Et puis à un moment, il se met à faire un stoppy, très long. Il avait l’air tellement facile qu’on s’est tous dit qu’il allait battre le record du monde fraîchement établi. Sauf que non. Il a reposé la roue arrière après avoir fait demi-tour sur la roue avant. Comme s’il avait réalisé au dernier moment que s’il continuait comme ça, il allait détrôner son confrère fraîchement proclamé roi de l’exercice. Il est comme ça Monsieur Goy, un vrai gentleman ! A tel point que je me demande si en fait, ce ne sont pas les Pierce Brosnan ou autre Daniel Craig qui doublent Jean-Pierre Goy en jouant les James Bond…

Me voilà donc parti pour prendre une leçon de pilotage, enfin plutôt de conduite vu mon niveau… Le matin du stage, je me réveille une demi-heure avant l’alarme de mon smartphone. Moi qui d’habitude attend le 17ème coup de snooze avant de réussir à m’extirper de la couette… C’est vous dire si j’étais motivé/excité/angoissé à l’idée de commencer ce stage. Résultat des courses, une fois la douche et le petit déj’ expédiés, il me restait encore une heure à attendre avant de partir. Et encore, j’avais prévu un quart d’heure de gras, histoire de pallier un éventuel problème pour être sûr d’arriver à l’heure. J’ai excité comme une puce je vous dis !

Je finis donc par partir, après avoir tué l’ennui comme je pouvais, et j’arrive avec un quart d’heure d’avance, puisque la schkoumoune semblait avoir décidé de m’épargner en ce jour de stage. En arrivant devant le portail de la résidence Goy, je me prépare donc à attendre, encore. Mais le son, fade selon certains, dont moi-même, de mon bi-cylindre calé à 270°, n’aura pas trompé l’oreille averti du maître des lieux, j’ai nommé Lucky, le chien de la maison. En bon gardien, Lucky prévient son maître, qui vient m’ouvrir et m’offre de suite un café. En l’espace d’une fraction de seconde, on se sent comme à la maison. A ce moment, je sens que la journée s’annonce très bien, et la suite ne me dédira pas.

Mes deux compagnons d’un jour arrivent juste après moi. Je les accompagne pour un second café, puis Jean-Pierre Goy commence à nous briefer sur le programme de la journée. Une fois le briefing terminé, on s’équipe de toutes les protections nécessaires à la pratique du off-road et on fait la pression des pneus. Notre hôte connait à peu près tout ce qui se fait en matière de gommard, et saura vous conseiller sur la pression adaptée à vos pneumatiques. En ce qui concerne mes Mitas E07, je me retrouve à les dégonfler jusqu’à 1 bar, à l’avant comme à l’arrière. La carcasse de ce pneu est tellement raide, que je ne verrai pas grande différence sur les petits bouts d’asphalte que nous prendrons lors de cette journée. Surprenant, mais efficace pour le grip !

Nos montures étant prêtes, et leurs débutants d’écuyers harnachés, le stage peut enfin commencer. Après 10 kilomètres de larges pistes de gravier agrémentées de nids de poules et de chemins vicinaux aux légères ornières, nous voilà enfin arrivés sur le terrain d’entrainement de la Goy Academy. Sur ce terrain de jeu pour trailleux et autres enduristes, nous débuterons sur…le bitume.

On y rejoue le plateau lent du permis à la sauce Goy, c’est-à-dire en plus grand et en plus sexy. On aura le droit de titiller la poignée d’accélérateur tout en jouant de l’embrayage et des freins afin de conserver de l’inertie moteur et de la vitesse dans les lacets. Nous faisons un premier passage d’observation sous les yeux de notre instructeur, qui qualifiera mon style de « Gendarmerie » (sans doute des réminiscences de mon aguerrissement sur ma première moto, une BMW K75). Nous repartons alors dans le même exercice, en appliquant les conseils à chaque nouveau passage. Une fois la mobilité sur la moto bien acquise grâce au premier atelier, nous continuons à zigzaguer sur le bitume, mais cette fois en ligne droite. Nous aurons également le droit de faire quelques incursions sur la terre afin de tester les différents niveaux d’intervention de nos systèmes de contrôle de traction respectifs. Et au final, nous les couperons totalement sans les réactiver de la journée.

Puis, l’heure de rejoindre le petit resto sélectionné par notre hôte pour déjeuner sonna. Ce fut la première occasion de mettre en pratique les exercices du matin, puisque comme en début de journée, notre trajet n’emprunta que sporadiquement les routes de la région. Le gros du trajet se fera sur les petits chemins repérés par Jean-Pierre. La pause gustative fût un régal pour nos organismes, et nos papilles ! Le menu unique du jour se composait d’une assiette de charcuterie, d’une omelette et de fromage blanc à déguster salé ou sucré, le tout à volonté. Je me serais cru à un repas de famille chez mon arrière-grand-mère morvandelle. Aussi bon que copieux, tout en restant simple. En somme, un repas qui vaut tous les chefs étoilés du guide Michelin !

Pour digérer, rien de mieux que de retourner au parc d’attraction estampillé Goy, toujours via des graviers et de la terre fraîche. Terre que nous continuerons de côtoyer tout l’après-midi. D’abord sur un anneau qui aurait pu nous servir à faire du dirt track, si nous avions le talent et l’expérience. Mais il nous servira à justement apprendre à garder de l’adhérence, débutant que nous sommes. Il n’y a guère que dans les bouts droits que nous ferons glisser la roue arrière, tantôt à l’accélération, tantôt au freinage. L’exercice le plus marrant de la journée étant celui consistant à déclencher une dérive de l’arrière pour shooter des cadavres de pneus, martyrisés par une ribambelle de stagiaires passés par là avant nous…

On apprendra aussi à freiner de l’avant, ABS déconnecté, sur le même sol au grip plus que précaire. Et là ce fut l’exercice le plus stressant de la journée, car rapidement fatal pour mon égo en cas d’échec synonyme de gamelle. Nous profiterons d’ailleurs de la première et rare chute de ce stage, pour apprendre à relever ces trails sur-vitaminés. Le dernier atelier de la journée sera consacré encore une fois à du slalom, mais sur terre cette fois-ci. Le but est encore et toujours, d’apprendre à se positionner sur la moto pour maîtriser l’adhérence des pistes off-road, ou plutôt leur absence d’adhérence, afin d’expérimenter cette drôle et grisante sensation qu’est la glisse à moto.

Vue le soleil de plomb qui s’abattait sur nous, et surtout les mines abattues que nous devions faire, le maître des lieux nous emmena à la fraîche, dans les sous-bois, pour mettre en pratique une dernière fois les acquis de la journée. Je dois avouer qu’au début, j’étais à la fois soulagé de ne plus à avoir tourner en rond, et un peu frustré de ne pas avoir pu tester les autres attractions du Goy Park. Et puis cette frustration s’est vite dissipée lorsque que nous avons attaqué des chemins un peu plus techniques qu’en début de journée. Nous avons pu tester un grand nombre de terrains : larges pistes roulantes, chemins en herbe grasse et touffue, ornières, pierriers et lits de rivière asséchés. On a même fait un passage de gué super rafraîchissant. Deux fois !

Je pense que cette balade de fin de stage, qui se sera étendue sur une distance de 50 à 80 km (à vue de nez, j’étais trop occupé à « piloter » pour regarder l’odomètre), m’aura permis d’appréhender le niveau de difficulté que j’étais désormais capable d’aborder sereinement. J’aurais aussi pu juger de la « facilité » de ces maxi-trails modernes qui pardonnent, bien plus que ce que j’aurais pensé, les erreurs de ceux qui débutent à leur guidon. Honnêtement, sans cette mise en application, je ne me serais jamais senti de partir dans des petits chemins, même accompagné.

Tout ça pour dire, que grâce à une équipe de choc composée d’un vieux barbu dresseur de rennes magiques, un trialman cascadeur de renom, sa femme et leur adorable Lucky, ainsi que mes deux co-stagiaires à la bonne humeur communicative, je suis un peu moins effrayé par l’idée d’embarquer pour l’expédition du Capitaine Cigalou en octobre.

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