« Pan-Pan l’a dans le baba »

Oui, j’ai carrément perdu confiance. En ma machine, mais en fait surtout et de façon encore plus éprouvante, en moi. Éprouvante ça oui : rouler et renouveler sans cesse son étonnement de ne plus connaître sa machine et se dire à chaque instant qu’on risque de tomber, ça tend et épuise, au grand dam du petit motard en moi qui pour cette occasion s’est enfouis loin dans les ténèbres d’une peur inextricable, que j’avoue à peine.

D’aucun dirait que c’est ce qu’on risque à chuter à deux reprises dans une même semaine sur du verglas finalement plus tenace que soi. Merde quand même. Si certains me suivent vous l’apprenez juste mais j’ai bel et bien chuté une nouvelle fois deux jours seulement après ma première glissade hivernale. 2017 est comme ça, ce doit être, pour mon scoot et moi-même, l’année de l’expérience, du plomb dans la tête et, aussi et hélas, dans l’aile. Aïe.

Comme j’en ai eu marre de relever mon tromblon, tout tremblant encore d’adrénaline, de rentrer boiteux en se servant mutuellement d’atèle avec Giovanni, tout écorché de son flanc comme moi du mien, je me suis réellement posé un peu plus sérieusement afin de réfléchir un coup sur le sujet. Et de négocier un démarrage qui n’arrivera mais-bon-sang-donc jamais avec cette pauvre mécanique mise à rude épreuve, j’en ai décidé, contre mon ego déjà surdimensionné (alors que je ne suis pas encore motard) d’abandonner temporairement l’usage de mon deux-roues par températures propices à l’apparition de ce con de verglas. Comme chantait un de ces illustres bonhommes : ah putain de toi, cono de verglas – ah pauvre de moi, poivrot maladroit. Ou quelque chose comme ça.

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Beh oui, parce que j’ai quand même tenté de rouler au-delà de mes pertes de repères après la chute. Je peux citer quelques-uns de ces points de sensibilité de conduite parti en confettis : c’est le cas du feeling des freins comme de celui de la direction, c’est encore les pneus qui transmettent, plutôt que des messages sûrs et précis, de l’appréhension à tout va, mais c’est aussi l’inclinaison qui à un niveau inhabituellement tôt ne cesse de me rappeler à l’ordre, abusant du souvenir des deux chutes précédentes qui malgré moi ont fini par totalement me hanter. Et tristement bien d’autres aspects de la conduite sont ainsi décalés sur le plan des repères que j’avais solidement intégrés depuis que je ne cesse de m’amuser couché sur la selle tête dans le compteur, d’ailleurs en zone rouge, à 50 à l’heure.

M’enfin, il a été plus rassuré que ça le scoobite. Qui ne comprend pas pourquoi ça lui prend un truc pareil, c’est bien nouveau. Parce que je m’étais déjà gentiment étalé un jour d’automne où il pleuvait des cordes, à faible allure pour pas dire quasiment à l’arrêt. J’avais eu le bonheur de fiche ma roue avant dans un carré de gadoue en plein cœur d’une situation bien casse-gueule. Qui s’est révélée l’être bien comme il faut !

Mais à part un guidon tout penché et une allure de scoot-cross repeint façon Dakar, Giovanni se retrouvant notamment coiffé d’une herbe fraîchement récupérée en pleine dégringolade, je m’étais retrouvé immédiatement dans son maniement en le remontant aussitôt.

Avec les épisodes verglacés, ça n’a plus été pareil. J’ai profondément perdu confiance d’abord en la machine qui semblait ne plus tenir droit, puis rapidement en moi tout bonnement. C’est simple, c’est à tout moment que l’appréhension de tomber à nouveau se dévoile, que ce soit justifié ou non. On avouera cela dit facilement que c’est pas toujours marrant de se mettre par terre et ce n’est d’ailleurs pas franchement le propre d’un motard, ni même d’un scootard, et encore moins d’un de ces scooteux pullulants qu’on voit d’un œil pas vraiment amical mais auxquels on ne souhaite tout de même rien de tel.

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J’ai pourtant respecté la check-list du deux-roueiste qui s’est mis au tas : remonter aussitôt – check. Faire comme si le guidon était comme neuf et vraiment pas tordu – Check. Oublier les freins et leur feeling moisi – Check. Oublier de même la poignée de gaz, la vitesse fulgurante des 30km/h suffisant désormais à effrayer l’équipage – Check. Faire la vaisselle – Chec… Ouais bon, on a compris, c’était tout checké mon histoire. Et pourtant…

… Je ne suis plus du tout rassuré et en symbiose avec Giovanni et la route. Je roule comme un escargot blessé, je penche en négatif dans les virages et rond-points à 2 à l’heure, je pâli à la vue du givre et des caniveaux prisonniers de la glace. Bref, ce ne sont pas les plus belles sorties que j’ai eu le plaisir de réaliser depuis que je me traîne en cyclomoteur depuis bientôt un an et demi. Mais c’est instructif et je préfère apprendre maintenant sur mon bolide ultra-bridé quelques trucs qui pourraient me sauver la mise plus tard sur ma pierre précieuse modèle grosse cylindrée.

Il faut quand même que je vous dise, je ne suis pas encore allé déposer Giovanni en consultation chez le docteur, faute de temps et (surtout) de moyens. Sans doute un oubli sur ma check-list, et non des moindres. Je ne doute pas que mon vaillant scoot en ait grand besoin, ça réglera probablement tous les tracas qui ont été présentés aux lignes précédentes. Quant à moi, je ferai bien d’aller chez le garagiste, un bon coup de clé de 12 pour remettre un bras toujours douloureux et ça ira comme si c’était neuf.

On va s’en remettre, ce sera d’ailleurs l’objet d’un troisième et dernier épisode conclusif sur cette histoire riche en glissades et en notion de confiance ! On saura si j’ai définitivement pété un câble ou si c’est plutôt à Giovanni qu’on doit resserrer 2-3 boulons.

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V & prudence !

12 Commentaires

  1. Comme toi je me suis planté lamentablement sur une plaque d’égout bien grasse en ces temps humides à 50m de chez moi , premier tournant et non pas virage la roue arriere se dérobe et vla t’y pas que la moto me double sur le flanc .
    Elle à glissé sur quatre ou 5 métres histoire de me rappeler qui est le boss .
    Il est vrai que depuis je la touche plus …je doute .
    cet aprés midi petit rayon de soleil je me suis dis c’est le moment de l’enfourcher et bien non je me suis dégonflé,mais demain c’est sur je me remets en selle.
    non mais …
    mon genou va mieux reste le levier d’embrayage à changer pour le flanc et ses griffures on verra plus tard .

    Les miennes sont celles de la honte d’avoir eu trop confiance en moi il faut savoir rester humble surtout le matin au reveil …
    papyyam

    • Mince. Je pense qu’il vaut mieux se sentir prêt pour y retourner plutôt que de risquer une mauvaise appréhension aidant à réitérer la situation, mais dans notre cas le verglas est indépendant de notre volonté.
      Si la météo est bonne, si la machine fonctionne bien et si son pilote s’y sent prêt, j’imagine que les conditions pour une belle balade sont réunies !
      C’est vrai, mais dans le cas du verglas c’est jamais simple à prévoir une fois en selle et encore moins à maîtriser quand la glissade est entamée. Je ne suis pas sûr que tu aies beaucoup à te reprocher de ce point de vue !

      Bon rétablissement et retour en selle Papyyam 🙂

  2. Mon mécano favori m’atant proposé un forfait levier d’embrayage/ cligno gauche aprés ma dernière chute,je ne roule plus quand il fait moins de deux degrés au dessus de zéro.d’abord parce qu’il peut faire plus froid pas loin,ensuite parce que même si le temps est sec,on est à la merci d’un arrosage intempestif de la chaussée ( canalisation rompue,mec qui a lavé sa terrasse).
    Euh,pour la tenue de route,des pneus bien gonflés,quelque soit le temps,ça aide( en tout cas moi,dès que ma moto guidonne,je vérifie ma pression d’air)
    Ce qui fait le plus mal,c’est de plus rouler,voyons.un grand V et à bientôt à te lire.

    • Ahah x) Rien de grave j’espère quand même en ce qui concerne les chutes vécues.
      Tu n’as pas tort, il y a beaucoup de dangers et risques une fois le thermomètre approchant zéro et moins, je te fais confiance et prends note de tes remarques bien utiles.
      En ce qui concerne les pneus c’est une vérité importante, les vérifier régulièrement est gage de sécurité, à contrario ça peut se payer très lourdement.
      Au bout du compte exactement, c’est de ne plus rouler qui pèse le plus !
      Merci, un grand V à toi également =)

  3. J’ai envie de dire que c’est le métier qui rentre… Après, je pense que la bonne démarche, et tu l’as, dans un premier temps c’est l’humilité… Jouer au con sous le froid quand tu le sens pas, ça sert à rien…

    Faute d’avoir pratiqué assez longtemps le scoubite (1 aller-retour avec un scooter 125 preté par mon conces’ quand mon Varadero 125 était en révision), j’ai quand même le sentiment que tu contrôle pas tout ce qui se passe avec cet engin, hors, c’est ça qu’il te faut surtout en hiver quand ça peut glisser de partout (pas dit que ça suffise pour autant, qu’on soit clairs !)

    Après, ça peut rassurer aussi de faire osculter ta machine par un autre mécano qui te dira si tout va bien ou si elle a pris un coup au delà des carénages… Parce que mine de rien, faut avoir confiance en sa machine ! Ma nana est tombée deux fois avec son ancienne moto, elle a plus jamais été complètement à l’aise dessus, et depuis qu’elle a changé de moto, ça va carrément mieux (même si elle a abandonner l’idée de conduire de nuit, sous la pluie… Surtout sur des endroits à la c*n genre le périph’ en heures de pointes et des endroits truffés de ronds-points pas éclairés près de Rungis où moult camions déversent une quantité de gasoil propre à alimenter un porte container…)

    Enfin, moi ce qui m’a beaucoup aidé à reprendre confiance en moi après mes propres gauffrages, c’est d’avoir bossé sur des ateliers de maniabilités à basse vitesse ! Pas mal de structures proposent ça, des assos, des forces de l’ordre, les Dirty Pirates aussi, le bitume en moins, etc, de façon plus ou moins chère et plus ou moins poussées… Ben ça aide beaucoup, surtout si c’est couplé avec une explication du pourquoi du comment que ça marche comme ça, et que si tu fais autrement, ben, soit tu risque de te benner parce que les lois de la physique, c’est pas avec la police que t’as des problèmes si t’essayes de pas les respecter, soit que sinon tu te met en danger pour cette (ces) raison(s) bien précise(s)… J’ai écris un p’tit article sur mon expérience là dessus, tu peux tanner Cigalou si tu veux en savoir plus 😀

    • J’ai aussi le sentiment qu’à scooter le contrôle est peut-être moins important.
      Exactement, j’ai perdu confiance en ma machine, je vais d’ailleurs très vite connaître la réponse à la question soulevée en fin de papier plus haut (il est question de câble ou de boulons, je crois..) puisque la bestiole se trouve en garage.
      Mince pour ta copine, mais effectivement la moto est tellement affaire de sensibilité (et on s’accordera tous à dire que c’est son charme) qu’un modèle et un autre peuvent ne pas convenir à un(e) même motard(e).
      Tellement de dangers de ce type sont à prendre en considération une fois en selle, gasoils, hydrocarbures, huile, graviers, passages humides, marquage glissant, plaque de canalisation et cie.

      Merci pour ton conseil de pratiquer des ateliers voire d’aller se dégourdir en TT, j’en meure d’envie, je vais tenter d’organiser ça dès que possible (parfois je rêve que je suis en TT avec mon scoot rouge fluo, en compagnie des maxi-trails et autres grosses cylindrées intimidantes muhéhé) !
      Merci pour ce petit article témoignant de ton expérience, très utile =)
      V

  4. Ca y est hier avec un beau soleil je me suis remis en selle avec un peu d’apprehension .
    tranquille sur les premiers kms en ville avec quelques insultes à mon égard me disant que je conduisait comme un gland .
    Le soir sur le retour je sais pas pourquoi mais je me suis amusé comme un fou et bien content d’etre redevenu un centaure .

    moralité : c’est comme le cheval si tu chute il faut remonter de suite …

    • Super Papyyam, me voilà rassuré je l’avoue puisque je pensais à ta situation proche de la mienne 🙂
      Giovanni est au garage, je vais p’tet savoir de quoi il retourne et enfin remonter la bestiole qui tiendra, c’est à espérer, la rigidité de la direction ce coup-ci (et dans la foulée un bon réglage dans ce bazar de moteur pour supprimer les broutes et calages intempestifs).
      Comme il faut prendre son temps pour se préparer à remonter, il ne faut probablement pas non plus trop tarder à se remettre en selle ! Tout cas moé, c’est pour bientôt normalement héhé

  5. Personne n’en parle parmi les routeux, mais une gamelle, il faut un peu de temps pour s’en remettre… Le 2 roues (je dis pas moto, pour etre plus large) veut plus pencher, on se dit qu’a un truc’a peté, et petit a petit ça revient, mais c’est long !
    Ceux pour qui c’est court s’en remette souvent une autre rapidement (p’tetre qu’y z’ont pas eut le temps nécessaire a réfléchir au pourquoi ?)
    Si tu veut t’en remettre un peu plus vite, va faire du TT, c’est mon conseil du jour !

    • hey! effectivement, j’ai lu peu d’infos sur le sujet. je me retrouve dans ton message, et je prends le conseil du TT à la lettre, dès que peux mettre en place cette activité hop j’y fonce 🙂

  6. J’ai fait du TT avec un Looxor et je n’en ferais pas avec le scoot que ma compagne possède actuellement car il dérape sur du bon bitume des qu’il pleut.Le Looxor avait de grandes roues,et des pneus minces.Un jour ou sagement je roulais en voiture car le sol était couvert de neige je me suis fait doubler par un motard en enduro,qui a même négocié un virage devant moi,sans tomber.
    Alexandre Boff propose un article sur le sujet,je serais assez preneur .On peut pas tout faire quel que soit le temps,l’engin,les pneumatiques et l’expérience.Un grand V à tous.

    • Voui voui, je l’ai depuis 6 mois au moins l’article d’Alexandre. C’est notre drame sur Vie de Motard : on croule sous les articles ! Il nous faudrait des semaines de 15 jours !

      J’essaye de vous le programmer pour dans pas trop longtemps. Promis. 🙂

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