Qui es-tu ? Tu roules avec quoi ?

Je m’appelle Lancelot Unissart, j’ai 25 ans et je viens de finir mes études en ingénierie automobile.

Cette année, j’avais trois machines à ma disposition, pour trois courses différentes. En Classic, il y avait une Honda CB 350 de 1972 avec un cadre Drixton et une Egli-Vincent 500 de 1970, préparée par Patrick Godet. Pour le Manx GP (classes modernes), un sponsor me prêtait une Honda VFR 400.

Pourquoi l’Ile de Man?

C’était la progression naturelle. Mon père m’a fait débuter sur les courses auxquelles il participait ; principalement de la course de côte et courses sur route en Belgique. De là, l’île de Man et L’Irlande étaient les destinations rêvées, bien qu’il reste encore aujourd’hui des courses au Bénélux et en République Tchèque… j’irai sûrement un jour…

dsc_0301_gf
Ta première course ? C’était sur quelle machine?

J’ai commencé en 50cc, sur les circuits de karting et en championnat de France de la Montagne. C’était il y a 12 ans, en 2004 ! C’est la seule moto neuve que j’ai eu : Une Metrakit Mini GP XL (en roues de 17 pouces). Petit à petit, je me suis ensuite rapproché des motos anciennes.

Comment tu retiens le circuit du Manx GP ?

Avant de décider d’y rouler vraiment, je jouais déjà au jeu vidéo. Puis, la décision prise, je me suis sérieusement mis aux vidéos embarquées. Aujourd’hui, il existe même certaines vidéos explicatives spécialement pour les Newcomers ! La première année, j’ai aussi effectué le stage de préparation (aujourd’hui obligatoire) de la Mike Hailwood Foundation : Trois jours pendant lesquels des pilotes chevronnés nous baladent en voiture sur le circuit et nous expliquent les principaux secrets du tracé. Depuis ce voyage-là, j’ai un descriptif du circuit que je mets à jour chaque année, afin de me souvenir des nouveaux repères que je prends. Chaque hiver, je me repasse en boucle des tours de circuit en vidéo embarquée, pour conserver la mémoire du tracé.

Quelle préparation ? Pour la moto et pour toi…

Malheureusement, je ne me prépare pas beaucoup physiquement. Je me repose sur le fait de rouler pas mal, depuis une bonne dizaine d’années ; et d’avoir eu des saisons bien remplies. J’essaie de bouger le plus possible à pied ou en vélo, mais ça s’arrête là. C’est comme pour le pilotage, je ne m’entraîne quasiment jamais. De mars à octobre, je ne fais que des weekends de course.

Ce n’est pas moi qui prépare mes machines, mais j’ai toujours mon mot à dire. Je roule souvent sur circuit avec les mêmes machines, donc je les connais et je les règle à ma sauce. Pour le tracé de la Montagne, il faut cependant changer légèrement les réglages par rapport au circuit. On allonge la démultiplication pour avoir plus de vitesse de pointe, mais on choisit généralement des réglages moteur moins agressifs pour la fiabilité, la course durant plus de 240 kilomètres. On assouplit aussi les suspensions, pour être secoué le moins possible sur les zones (très) bosselées, au détriment des endroits en appuis plus rapides, mais moins fréquents.

Ta famille a-t-elle un impact sur ton mental ? Ou ta préparation ?

J’ai de la chance, ma famille est derrière moi, presque encore plus pour l’Ile de Man. Mon père m’en parle depuis que je suis tout jeune, ma mère y est allée en 2005 puis j’y suis enfin allé moi-même en 2011, lorsque mon beau-père  a participé au Manx GP Classic sur une Honda 350. J’ai aussi autour de moi plusieurs personnes qui ont déjà participé au TT ou au Manx GP et qui me donnent leurs propres avis et conseils.

dsc_1056_gf_gf
Es-tu aussi bon sur piste que sur route?

Le niveau absolu est une idée subjective, mais je dirais que j’aime les deux endroits et que je m’adapte en fonction. Sur circuit, il faut pousser un peu plus, au risque de sortir de piste et de chuter. Sur route, la sortie de piste est interdite. Il faut prendre ces paramètres en compte et savoir adapter son pilotage.

Le passage le plus impressionnant du Manx ?

Je ne pense pas avoir un endroit en particulier, mais ce sont plutôt des zones. Je dirais les descentes, compressions et sauts. Finalement, les situations que l’on rencontre assez peu sur circuit. J’ai toujours l’appréhension de perdre le contrôle de ma machine.

Ta plus grosse frayeur ?

En général, les dépassements, les mouvements des pilotes devant. J’ai eu une belle chaleur l’an passé, lorsque j’ai attaqué un virage en aveugle, qui passait à fond. En plein milieu, je me suis retrouvé derrière deux Newcomers beaucoup plus lents et j’ai pilé. Se retrouver en stoppie, entre deux bosses de la route, je n’ai pas vraiment apprécié.

Le coût global pour aller rouler au Manx GP ?

Le coût dépend bien sur des catégories, des machines, de la structure et des aides extérieures. Les classes modernes sont payantes (environ 350€ par course, plus les licences et assurances) alors que le Classic TT est gratuit. J’ai de la chance d’avoir les motos à ma disposition, je ne paie quasiment rien en consommable. Et pourtant, cette année, j’ai payé près de 3 000€ pour les deux semaines.

Première chose : l’administratif. Toute la paperasse pour avoir le droit de poser ses roues sur la ligne de départ. Une sortie de territoire à 500€, 350€ par course et encore 200-250€ d’assurance. Suivant les courses choisies et le cours de la livre sterling, compter entre 1000 et 1500€.
Ensuite vient le voyage. Péages en France, Ferry ou EuroTunnel pour l’Angleterre, Steam Packet pour l’île de Man et gasoil. Encore une fois, en fonction du véhicule et du cours des monnaies, c’est un billet de 800-1500€.
Enfin, la vie sur place. Une île magnifique, un paradis fiscal… ça se paie le prix fort ! Essence, Bouffe, logement éventuel et balades, il faut prévoir de la monnaie.

dsc_2366_gf_gf
Quand un accident survient lors du roulage, à quoi penses-tu?

Je n’ai pas encore vu de gros crash, c’était principalement des glissades pour l’instant. Je regarde le pilote, j’espère qu’il se relève… et je continue ma route. Je sais que les marshalls et les médecins feront de leur mieux, autant les laisser faire. Continuer à rouler permet de ne plus trop y penser jusqu’au retour au paddock.

As-tu une grosse structure niveau team ? Combien de personnes ?

Sur mes trois participations, je n’ai pas encore eu de gros teams. Ce sont des personnes que je connais d’avant, qui me connaissent et avec qui j’ai envie de partager cette expérience.

Depuis l’année dernière, je suis aussi « pilote officiel » Godet avec la Vincent. Ceux sont eux qui ont conçu la moto et l’île de Man est la vitrine de leur savoir-faire, ils sont donc aux petits soins pour moi afin que l’on obtienne les meilleurs résultats.

La 350 est préparée par un ancien pilote, qui ne peut plus rouler. Alors il me met ses motos à disposition, avec sa femme à l’intendance. La 400 appartient à un pilote qui habite sur l’île, il me la descend sur le paddock au début du séjour et je m’occupe de la moto pendant qu’il va faire le marshall dans la montagne. On se tient au courant après les essais et je vais chez lui ou il vient lorsqu’il y a un souci.

dsc_2370_gf
L’ambiance au paddock entre les concurrents, c’est comment ?

Je trouve que – généralement – l’ambiance est meilleure en courses sur route que sur circuit. L’environnement est différent, le format des essais et courses souvent aussi. Il y a une sorte de respect entre les pilotes, qui savent qu’ils affrontent un danger  supplémentaire. Ici, pas de place pour les kamikazes, l’erreur d’un concurrent pouvant avoir une issue tragique.

L’île de Man est un cran au-dessus, de par son format d’évènement hors du commun. On dirait des vacances au camping, avec une activité à l’heure de l’apéro. 2-3 heures de roulages par jour pendant les essais, puis 2 courses un jour sur deux, ça n’existe que là. La routine, les tâches ménagères et la météo mettent les nerfs et les relations humaines à rude épreuve, les amitiés se forment et s’affirment et il n’est pas rare d’entendre un coup de gueule, heureusement assez succinct.

Et après ?

Après l’île de Man ? La suite. L’année prochaine. Quand on y a goûté, on ne peut plus y échapper. Rares sont ceux qui ne le font qu’une fois, principalement pour des raisons en dehors de leur propre volonté.

Plus sérieusement, encore le Manx GP en 2017, la cohabitation Classic/moderne étant un plus. Le passage au TT pourra se faire d’ici quelques années, mais ça voudrait dire tirer un trait sur le Classic TT ou griller les vacances. Le choix sera fait en temps voulu.

Chacha roule sur une CB 350 de 73 entièrement remontée par ses soins. Si, si, une fille qui sait bricoler, ça existe. Et pis elle la pilote aussi. Sa came c'est les courses de côtes et autres compètes d'anciennes. Chacha est aussi vive au guidon qu'à la plume et nous régale de ses exploits. Accrochez-vous !
PARTAGER

LAISSER UN COMMENTAIRE

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.