Les routes ferment tous les deux jours à 18h et je dois être sur mon secteur 30min avant car cette fermeture fait partie des missions des marshals. Me voici partie à pied avec mon gilet orange. Je croise des marshals également en route pour leur secteur. On croirais observer une fourmilière avec des petites fourmis orange sortant de nulle part, vont et viennent dans tous les sens, à pied, à moto, en voiture et se saluant lorsqu’elles se croisent ….. C’est surprenant et drôle à la fois. Arrivée sur mon secteur, je fais la connaissance de mon chef pour l’entraînement . De suite dans l’ambiance : « Alors marshal ce n’est pas un jeu, c’est très dangereux, ici j’ai perdu des amis. Ne tourne jamais le dos aux motos, essaie d’identifier si tout va bien rien qu’au bruit de l’échappement. Quand ils passent essaie de voir s’il n’y a pas de problème : fumée suspecte, partie qui bouge….n’essaie pas de suivre la moto quand elle passe devant toi tu auras un torticolis avant la fin des essais. Et pour le Manx GP, sache qu’il faut faire très attention aux newcomers, car c’est leur première fois ici, certains sont prudent mais d’autres non… »

Bon ben ça promet…

The roads close at 6pm every two days, and I had to be on my sector 30 minutes before. I walked down Bray Hill to see the other marshals with their orange jackets’. It’s fun to see them! Everybody says’ hello to each other. On my sector, my chief warned me, “It’s not a game, it’s very dangerous, some people lost their lives’ here. Don’t turn your back to the bikes, try to verify that everything is Ok on them, exhaust and sound… for the MGP and  be careful with the newcomers, some are cautious, and some aren’t.”

18h fermeture des routes. On met en place le brancard, l’extincteur, les drapeaux… Et on attend. La route, qui était surchargée de Manxois rentrant du boulot quelques minutes plus tôt, devient tout à coup silencieuse… Plus aucun bruit, sauf le talkie sur lequel chaque section rend compte de la fermeture à la circulation. Un son se fait entendre, c’est le marshal à moto qui fait un premier tour de vérification. Nous inspectons le macadam, pour éviter qu’une pièce égarée soit responsable d’un accident. Puis passe la voiture de l’organisation, qui vérifie également que tout est en règle et cela annonce que les premiers pilotes vont arriver. On se place au bord de la route, à notre poste. Le talkie grésille pour nous annoncer le premier groupe des newcomers, ils seront escortés par un marshal à moto afin de les aider à négocier leurs premières trajectoires sur les 62km exigeants du circuit. Et là, un vrombissement sourd, le premier groupe arrive…. Un passage à 80-90km/h histoire de prendre la température du circuit. Une fois tous les groupes newcomers passés, vient le tour des pilotes du Classic TT (les frères Dunlop, Mc Guiness) ainsi que des autres catégories… Et là, c’est plus la même vitesse…. Une moto qui te passe à côté à 200-230 ça laisse rêveur et ça décoiffe... Déjà que je n’ai pas le temps de voir la couleur de la moto, alors de là a vérifier si le moteur va bien… Les marshals ayant de la bouteille blaguent entre eux : « Moi j’arrive à voir si son casque est bien fermé ! » bien sûr, bien sûr…

At 6pm, the roads close, we put the flags up ,took out the stretche and  the extinguisher, hoping not to have to use them…. And we waited. Nobody was on the road, not a sound except on  the walkie-talkies. A bike came up, it was a marshall, who did  a lap to confirm that all was good. We inspected the road, to verify that nothing could cause an accident. The organisation’s car came and set off  the signal for the race too begin. The first group of newcomers arrived, with a marshal  showing them the trajectory. They drove by at 50-60 m/h to learn the track. After all of the rookie groups, it’s time for the Classic TT’s rider (The dunlop brother, John McGuinness…). It was a lot faster! Amazingly fast! I didn’t have the time to see what color the bikes were, even less verify if everything was ok! The marshals were saying things like, “I can see if their helmets’ are tied up!” LOL…

La seule trace qu’il reste de leur passage ce sont les tear-off qui volettent au vent telles des feuilles mortes…. Je reste scotchée au bord de ma route devant les vitesses de passage, hallucinée par les motos qui saucissonnent dans tous les sens… J’ai la chair de poule rien que d’en parler. Le son des moteurs qui prend aux tripes, qui nous fait vibrer, le déplacement d’air chaud après leur passage, les odeurs d’essence et de mélange… Et déjà l’entraînement se termine pour la journée. Nous rouvrons la route après le passage de la voiture balai qui essaie, elle aussi, de battre les records de vitesse des motos !

The only thing that was lefted on the track after their run were the tear-off visor protections, dancing like some automnal’s leaves in the wind. I stayed on the side of the road, hallucinating at their  passing speeds. I’ve got goosebumps just thinking about it. The engine’s sound, the smell of petrol…. And the testrun  finish. We opened the roads after the organisation’car passed by, which was trying  to drive faster than the bikes!

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Je remercie mon équipe et remonte sur Grandstand. Et je m’aperçois que j’ai déjà mes petites habitudes au village pilote. Avant de redescendre à la tente, petit café chez Conor Cummins (il tient un superbe stand qui fait du vrai café avec percolateur !), petits beignets bien gras avec crème sur un foodtruck, puis douche au stand sanitaires, petit bonjour à Mc Guiness qui gare toujours sa caravane au même endroit pour les TT et les Manx… Je commence à également connaître du monde. Les soirées passées au « bar » monté pour l’occasion permet de rencontrer des pilotes du monde entier ! Je n’oublierai jamais les conversations avec l’équipe danoise de Carsten, les fous-rires avec l’équipe Martimotos… Tant de gens rencontrés au bout d’une semaine.

I left my team too go back to the Grandstand. And realised that I feel at home here, Before going back too the tent, we had a coffee at the Conor cummins’s stand (he makes a such good coffee!) We have a lot of friends now! All the evenings spent at the “bar”. I will always remember talking with Carsten’s team, and laughing with Martimotos(Spanish Team)… All these people met in one week…

Puis vint le premier vrai roulage : 4 tours ! Comme chaque jour de course les motos repassent le contrôle technique. Chaque pilote (ou mécano) avec sa moto se rend à l’inspection, j’y croise Mickael Dunlop avec qui j’ai fais une photo la veille. Petit sticker sur la bulle et direction le parc fermé. Les motos sont classées dans l’ordre des épreuves. Mise en place des couvertures chauffantes, protection sur le réservoir (et oui il y a du soleil !) Aujourd’hui c’est la première fois que les pilotes vont devoir faire un arrêt au stand pour le ravitaillement, histoire d’être au top avec leur équipe avant les courses. Les pilotes rejoignent leur bolides quelques minutes avant la mise en place sur la ligne de départ. Ils partiront un par un cette fois-ci. Ça s’équipe, ça se concentre… L’ambiance est bizarre : certains sont très détendus, d’autres ont de petites habitudes avant d’aller rouler. Je croise mes amis, ils vont presque tous rouler aujourd’hui mais seuls les newcomers feront leurs premiers 4 tours.

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At last came the D day,it was the first true race,with 4 laps! Like every racing day, the bikes go through a mechanical examen. Each pilot or mechanic brings his bike to the inspection. I’ve met Mickaël Dunlop, with whom I took a picture the day before. With the “validation” Sticker on the bike and off  to the “parc fermé”. The motorbikes are set up by numeral order. It was the first day where the pilots need to stop on the pitlane. A few minutes before the  start, the pilots got on  their bikes and came to the startline. Today, they will start one by one. The atmosphere is strange: Some are very relaxed, and  some other pray… I met with my friends, everyone rides, but only newcomers do  their first 4 laps.

Le stress monte. La route se ferme, l’organisation met en place le départ et déjà les pilotes se rangent par ordre de numéro. Un par un ils vont s’avancer sur la ligne, le marshal pose sa main sur leur épaule, au moment où il la retirera ce sera le signal du départ. Et c’est parti ! Je regarde l’horloge, le premier devrait mettre 18-20 minutes à faire les 62 km. Le dernier pilote parti il faut démonter la ligne de départ car cette ligne droite fait partie du circuit. Je me place le long de la pitlane et scrute sur internet les temps en direct. Chaque portion dispose d’un chrono et sur le site de l’organisation on peut suivre les motos ainsi que leur vitesse de passage. On en arrive à stresser… quand on ne voit pas le numéro d’un ami. Le tour se termine pour les premiers partis, les scouts inscrivent les temps sur le panneau le long de Granstand. L’affichage n’a pas changé depuis 100 ans ! Et avec les concurrents qui défilent, les minutes aussi. Avec plus de 25 minutes au tour, pour certains concurrents on s’inquiète. Nous n’avons aucune info.

Everyone is nervous. The roads close, the organisation prepares the startline and all the pilots are ranked by number order. The marshal put’s his hand on the riders shoulders,one by one, and when he takes it off, it’s the signal to start. The first rider takes off! I was looking at my stop watch, the first must do their lap in 18-20 minutes(37 miles). I joint the pitlane to take some pics. We can follow the biker’s “chronos” on a website. We can see if there is a problem or not with their checkpoint speeds. The first lap ended, the scouts registed the time of each biker on the display panel . This haven’t change for a 100 years. Some biker are at 25 minutes per lap, we started  worring .. We didn’t have any information.

          

Finalement ce seront seulement des pannes mécaniques. Ouf ! Les pilotes passent à fond de 6 pour partir sur leur deuxième tour… Le seul public présent ce jour là c’est les familles, amis, passionnés et quelques habitants. Les équipes de ravitaillement sont en place sur la pitlane, en combi et cagoule sur la tête à attendre leur pilote. Le premier arrive, son équipe fait de grands gestes pour se signaler et il vient se garer devant eux. Attention au radar, la vitesse en entrée et sortie est limitée ! Une vitesse excessive et c’est la pénalité ! Le plein est fait, la visière changée, la bulle nettoyée, et un petit coup d’eau pour le pilote. Et c’est reparti ! Le bruit des moteurs juste à la sortie de la pitlane, une fois le radar passé !… OUAH !! Les tours suivants s’enchaînent sans bémol.

Finally just mecanical problems . The pilots passed at high speed,starting their second lap. The only public that day was family, friends, and some locals. The mecanical teams were in the pitlanes, dressed with work overalls, waiting their pilots. The first got in, their team mates made signals, and he parked in front of  them. There is a radar on the pitlane! You can’t overspeed(30MPH) otherwise you get  penalty! The fill up,change their visiors, and the show must go on!(thank you freddy mercury) I  remembered the engine’s sound once there was no radar… it was amazing!

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Arrive le dernier tour, les mécanos partent chercher les béquilles pour accueillir les pilotes quand ils finiront (oui évidement les motos n’ont pas de béquilles). Ça s’agite dans tous les sens, on sent une ferveur, une excitation. Les premiers passent la ligne d’arrivée. Ils remontent Grandstand par un petit chemin pour arriver devant les stands. Et là, comme si tout le monde s’était donné le mot, on applaudit. Oui tout le monde applaudit ! Et ce sera un véritable concert pour tous les pilotes, jusqu’au dernier. Parce que oui ce qu’ils viennent d’accomplir certains ne le feront jamais dans leur vie, parce que oui ce sont des héros. Héros du jour mais également pour toujours. Durant toute sa vie, le pilote pourra dire « J’ai roulé sur la mountain course » « Je l’ai fait, j’ai sauté à Ballaugh Bridge, j’ai fait vrombir la montagne, j’ai roulé là où les plus grands ont posé leurs roues… » « J’y suis arrivé » Et quand les amis déboulent, à peine arrêtés, déjà on les prend dans nos bras, on les congratule, on verse une larme de bonheur, on vit le truc avec eux. Et ça il faut vraiment le vivre pour y croire. Pour croire qu’on en vient à pleurer pour des gens qui n’étaient rien pour nous une semaine plus tôt. Cette communion est hallucinante, ce rassemblement autour d’une même passion. L’île de Man c’est ça. Une communion de tout ces gens. Ici plus rien n’a d’importance à part l’homme et la machine. Plus rien ne compte, ni le passé ni le futur. L’instant présent est vécu au maximum car le prochain tour peut-être que l’un des leurs ne rentrera pas. Ici on se fiche que tu sois chef d’entreprise, chômeur, diplômé ou pas, ici tu es un pilote, un pilote de la Mountain Course. Des hommes et des femmes, qui vivent leur passion à fond, et nous vivons l’expérience avec eux. Ils nous permettent de toucher du doigt ce que l’on peut ressentir sur une moto lancée à des vitesses prodigieuses. Et voilà, à vous raconter tout cela, j’ai encore cette larme de bonheur qui me coule sur les joues.

The last lap…

dsc_1425_gf_gfThe first that crossed the finish line, goes to the Grandstand, where the crouds applaude like crazy. A round of applause for every rider, until the last. Because they have just accomplished something amazing that others will never do it in their lives, no matter their result,it’s amazing. They are heroes. Hero of the day but also hero forever. For the rest of their life a pilot can say: “I  raced on the mountain course” “I  made it!”.The support from family and friends is huge,they live the adventure with just as much emotion,love and stress as thos that ride. This communion is amazing,all of them gathering around the same passion. That’s what makes the  Isle of Man so special. A gathering beetween all those people. Here nothing’s more important than the rider and his motorcycle. “Carpe diem” The present is lived up because the next lap might be the last. We don’t care if you are a bussiness man or unmployed.. here you are a pilot. Men and women who live their passion, and we live this experience with them all.You know what?, I still have an emotional tear of happiness running down my cheek.

A côté de cette ferveur des entraînements, des courses, des podiums, j’ai pu discuter avec des habitants de l’île, des gens qui vivent à l’année là-bas. Un bon nombre râle sur les fermetures de routes, les débarquements de motards pendants 2 mois… Mais je pense que c’est comme en France : une minorité rouspète mais ce n’est pas représentatif de l’état d’esprit général. En ayant été marshal j’ai pu voir que les Manxois sont quand même respectueux des consignes : personne n’essaie de passer les barrages 18h passées. Beaucoup également de spectateurs et de passionnés que j’y ai rencontré m’ont dit que pendant le Manx GP il y avait moins de monde que pendant le TT. Et que c’était beaucoup plus agréable ainsi. Une fois rentrée en France, j’ai comparé mes photos à celles des TT et effectivement, la foule y est énorme, il y a du monde partout, des femmes-hôtesses dans tous les coins, potiches de parapluie (je déteste ça). Le Manx reste pour moi quelque chose de beaucoup plus intimiste, de très famille. Moi qui n’aime pas les gens (dans leurs excès), cela favorise une plus grande convivialité. Les pilotes sont beaucoup plus abordables, même les internationaux et permettent des discussions avec eux. Je pense que cela est dû au fait qu’ils sont moins stressés : il n’y a pas autant de « prestige » de rouler au MGP et donc moins de médias. Des fois je me dis qu’il serait bien que cela ne change pas. Je n’aurai peut-être pas vécu le truc aussi fort si cela avait été le TT. J’ai eu beaucoup de mal à vous raconter tout cela car mon côté égoïste voulait garder ce coin de paradis pour moi seule. L’impression que si je racontais mon voyage, le MGP serait envahie par de nombreux motards… Mais vous, lecteurs de Vie de Motard, vous savez tenir votre langue. Chut ! Cela restera donc notre secret !

With all of this feavor, I spoke with some locals, who live on the island all year round. A lot of them want the TT or the Manx to stop because they hate  the roads’ closing, and all the bikers who arrive when it’s time to race, 2 months per year. But I think it’s  just a minority who complain. Having been a marshal, I saw that the manx respect the instructions. Many spectators and fans that I met, told me that during the MGP there where fewer people than during the TT. And it was much more pleasant. The MGP remains, for me, something more intimate, more familial. The pilots are more humane, closer to the public, even the international ones, and easy to speak with. I think this is due to the fact that they are less stressed and that there is less media. Sometimes, I hope that this doesn’t change. It’s hard to tell you about this experience because a selfish side of me would like to keep this paradise for myself. Let’s just hope that you, dear reader will know how to cherish this secret of mine, this secret that will eventually become our secret.

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