Voilà, la question que j’ai entendue trop fréquemment pour que j’y reste insensible. Vous vous en souvenez, je viens juste d’avoir mon permis gros cube, je fais partie de ces vieux qui encombrent les auto-écoles, donc je peux en parler librement.

Alors oui, c’est vrai, nous sommes nombreux à avoir le double de votre âge. Et si sagesse est sensée rythmer avec vieillesse, rien n’est pourtant facile quand on s’attaque au permis moto.  Il faut d’abord repasser le code et… ce n’est pas une gageure ! Il y a plein de pages dans ce livret qui n’existaient pas lorsque nous avons passé notre version périmée du permis voiture. Bon, l’avantage c’est qu’ils luttent contre la maladie d’Alzheimer en nous infligeant toute cette littérature. Ça devrait être remboursé par la sécu ! On travaille donc la mémoire comme à l’époque lointaine où l’on était sur les bancs de l’école (oui, nous il y avait encore vraiment des bancs). C’est visuel au départ : Il faut retenir tous les pièges présents sur les photos. Puis on passe à la mémoire pure avec les taux d’alcool, les chiffres des accidents, etc. Mais ce qui est le plus mis à l’épreuve, c’est notre patience. Car oui, on doit supporter dans la salle du code tous ces ados boutonneux (ou pas), mais surtout pas très motivés, eux, alors qu’ils ont des neurones qui tournent à pleine puissance ! C’est dur ! Mais tant pis, on s’accroche !

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Quand on a le sésame en poche, l’apprentissage  démarre et là on s’immerge dans ce qui n’était qu’un rêve au départ. Le sourire aux lèvres – dans le casque ça ne se voit pas – je me disais : « Quel bonheur ! » Conduire un gros cube pour la première fois sur la route c’est tout simplement incroyable : on sent les chevaux qui sont prêts à bondir à la moindre occasion. Par contre, on circule encore peu sur la route, on se déplace seulement vers le plus contraignant à réussir : ce sacré plateau… Quand j’ai commencé, je ne voyais pas pourquoi il fallait faire tout ces exercices alors que rouler semblait si simple. Pourtant, à présent, je sais que c’est une des choses les plus importantes que j’ai apprise pour rouler  à l’aise. Effectivement, le circuit lent ça ne fait pas rêver mais manier la moto au ralenti au quotidien est bien plus difficile, surtout pour nous faibles femmes. Mais qu’à cela ne tienne, on est teigneuse ! Et peu à peu, on ne met plus les pieds, on augmente le temps, et là on se sent la « reine du monde ». Les autres épreuves – le freinage d’urgence et l’évitement – me semblaient particulièrement périlleuses puisqu’une vitesse est imposée. Il a fallu beaucoup de patience à mon moniteur pour me convaincre que je ne risquais rien si je respectais bien les consignes. Une fois la peur dominée, je me suis régalée à faire ces exercices

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Enfin, n’oublions pas le petit (pas si petit que ça) livret à connaître quasiment par cœur avec ses douze thèmes. La première fois que je l’ai lu, j’ai cru que c’était une blague : pourquoi vouloir rouler en moto avec tous ces risques, ces taux d’accidents, ces dangers ? Il faut être franchement motivé pour se concentrer et tout apprendre en se disant que nous, nous allons rouler pèpère de toute manière. Cela dit, il faudra tout de même faire attention à tous ces autres usagers de la route car il y a de réels dangers même si, toi, tu roules cool.

Je vous laisse imaginer le stress le jour J ou plutôt les jours J, car toute cette pratique se passe en deux fois, avec force « Rescue » (fleur de Bach) pour surmonter l’émotion : J’étais à fond ! Quel challenge !

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Mon mari et mes enfants ont été les premiers à savoir que la marche était franchie. Je n’étais pas peu fière ! Imaginez ça : J’allais pouvoir rouler cet été sur ma propre moto et laisser la place passager vide sur la très confortable BMW de mon époux. Place où j’étais pourtant si bien et depuis si longtemps.

Alors quel intérêt – à mon âge – de m’infliger tout cela ?  Comme pour vous les jeunes, c’est pour se surpasser, se prouver qu’on est cap, et retrouver une confiance en soi parfois mise un peu à mal avec le temps et la vie. Sans compter que c’est un vrai plaisir de conduire (ou plutôt de piloter) un bolide et ce même sans faire des excès de vitesse. On a tellement de sensations que je savoure tous ces instants au guidon avec délectation.

Tous ceux que j’ai rencontré lors de mes leçons de moto,  moniteurs, secrétaire, autres candidats, inspectrice ont été d’une gentillesse formidable avec moi. Alors Mesdames, n’hésitez pas, si l’envie vous prend – peu importe l’âge – lâchez votre Jules et en piste pour la  belle et incroyable aventure du permis gros cube !

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Guest - Après 25 ans de bons et loyaux services en passagère, Lili a décidé de passer le cap du gros cube et c'est désormais en 800 GT bavaroise qu'elle arpente les routes de Haute-Loire. Elle est aussi - accessoirement - la maman de Cigalou. Comment ça pistonnée ? En tout cas, comme vous le voyez, les chiens ne font pas des chats...
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10 Commentaires

  1. La moto c’est comme le bonheur, y’a pas d’âge pour en abuser.

    Par contre, je ne suis pas un de ceux qui a la moitié de ton âge, j’ai juste exactement le double de ton rejeton barbu.

    Bonnes et belles routes.

    Philippe

  2. Je l’ai eu à 54 ans. Première fois sur le plateau : « mais qu’est ce que je fous ici » !! J’ai surmonté les moments de doute et de découragement. Et maintenant c’est « pourquoi je l’ai pas fait avant » 🙂
    Allez-y

    V

    Alain

  3. Ote moi un doute: les personnes qui posent cette question ne sont pas pilotes eux-même, c’est bien ça?! Quand tu as pris une seule fois le guidon, la réponse est tellement evidente: pour le plaisir bien sur! Etre derrière c’est chouette, et pour la majorité des motardes c’est comme ça qu’elle découvre ce monde, mais prendre le guidon c’est multiplier par deux le plaisir, au bas mot! « S’infliger » ça à 50 ans? Il y a en plus le challenge relevé, c’est certain. Ca booste la confiance en soi. Le regard admiratif aussi de ton Mari, tes enfants…
    Rooo, comme je me souviens de la première fois qu’un motard m’a fait le « V » du salue à moi qui étais au guidon: j’étais reconnue à égal! Quelle fierté!
    Bravo pour cette article: puisse t il encourager tout ceux et celles qui doute!

    • Comme tu as raison, le plaisir de conduire sa moto est différent de celui d etre passagère et je dirais que c’est plus intense encore.
      Et je n en reviens toujours pas : c’est moi qui conduit ce bolide ! MAGIQUE. …
      Idem pour la reconnaissance avec les autres motards.
      Au plaisir de se croiser sur les routes.

  4. bravo madame et je peux vous dire que pour moi à 70 piges j’éprouve toujours autant de bonheur à chevaucher mon tdm que lorsque j’ai eu ma première moto à 14 ans ( 49.9 cc flandria 4 vitesses )

  5. J’ ai passé mon permis A2 à 52 piges. Cela ne fait même pas un an que j’ ai ma moto et déjà 27 000 bornes, autant dire que je me régale.
    Je me permettais lors des leçons de conduite, surtout le plateau, de dire aux « jeunes » de se détendre, que ce n’ était que du plaisir donc aucune raison de se foutre un pression inutile et paralysante.

  6. Merci pour ce beau témoignage. 4 ans en tant que passagère et ça y est l’inscription est faite à 51 ans !! première leçon la semaine suivante prochaine meme si un peu d’appréhension je me dis que je suis sûrement autant capable d’apprendre que quelqu’un d’autre

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