On approche bientôt des grands chassés-croisés estivaux et, forcément, ça me fait penser à ces tristounettes bandes de bitume rectilignes, si bien nommées « autoroutes ». Ben oui les « motoroutes », ça va plutôt être des trucs pleins de petits virlos et des paysages de ouf. Un truc bien sinueux suivant les méandres de telle ou telle rivière, mieux encore, des gorges à flanc de montagne. On a tous notre motoroute favorite, celle où on a laissé soit un peu de sueur dans le grand droit, soit un bout de carénage dans l’épingle gauche. Mais je n’ai jamais entendu un motard dire : « Tudieu, l’A7 c’est le grand panard ! ».

Même les furieux de vitesse qui jadis faisaient la course contre les TGV ne trouvent plus d’intérêt à aller débrancher leur cerveau sur ces longues lignes droites : à chaque piégeux panneau 110 un radar t’attend patiemment, quand ce n’est pas une voiture banalisée. Non vraiment, l’autoroute, ce n’est pas pour nous, les potos.

Sauf que des fois, ben on a pas le choix, que ce soit pour sortir un bon coup de Paris ou pour rentrer viteuf avant la nuit, chez soi ou au gîte que tu as réservé pour 19h. Disons que ça permet d’accélérer les choses. Ça peut aussi être une question de sécurité en cas de météo dantesque : au moins ça tourne, au moins tu risques de te mettre au tas. Quand je me suis tapé la neige au Touquet, je peux te dire que le soir j’étais content de rentrer derrière la déneigeuse plutôt que par les champs de patates verglacés de Picardie. Donc quand il faut, il faut. D’ailleurs, pour les jeunes motards qui me lisent, deux petits conseils à ce sujet. Tout d’abord, au péage, pense à toujours vérifier que tu payes bien le tarif deux-roues (classe 5), ça va vraiment du simple au double. Ce serait bête de ne pas en profiter ! Et tant qu’on y est, no stress, t’as largement le temps de remettre ton gant avant que la barrière ne se referme. Il y a des capteurs je pense. Donc pas la peine de partir à l’arrache le ticket à la bouche et le gant en équilibre sur le réservoir. Deuxième conseil, surtout si t’as un roadster agressif qui tête goulûment (ou une vieille meule), n’attends pas le dernier moment pour faire le plein. Parce qu’en gros, t’as une pompe toutes les 20 bornes. Un jour, avec le GSX-F j’ai voulu faire le malin, sauf que la pompe pile-poil, ben elle était fermée. Et ils ne l’avaient pas indiqué. Je te raconte pas comme j’ai serré les fesses en roulant à l’économie sur la voie de droite les 20 kilomètres suivants…

L’autoroute, c’est une bonne occasion de travailler ton placement sur la moto. Suffisamment derrière ta bulle – si t’en as une – pour ne pas bouffer trop de turbulences. Mais pas trop plié en deux quand même pour ne pas te rétamer le dos ou avoir des fourmis partout à force de rester dans la même position pendant des bornes et des bornes. Après, c’est comme tout, tu t’y fais. La première fois que j’ai pris l’autoroute c’était pour faire Avignon-Orange. Entre le Mistral de face et le jeu dans la roue avant de mon GSX-F (une des nombreuses blagues que m’a fait cette moto), j’ai cru que j’allais mourir dix fois. J’étais tellement « coincé » par le stress, que je m’épuisais et ne maîtrisais pas la machine en voulant trop la verrouiller. Ce qui est marrant, c’est qu’après deux ans d’autoroutes parisiennes, quand je refais ce trajet, j’en suis presque au stade de me tailler la barbe en roulant. Ouaip, comme Lucky Luke. Conduire sur autoroute, c’est comme tout, ça s’apprend. Et le drame, c’est qu’une fois que tu n’as plus peur, tu t’ennuies. Mais tu t’ennuies comme jamais sur ces foutues lignes droites désertes limitées à 130. Il n’y a rien de plus soporifique sur une moto. D’ailleurs, pour ma copine, c’est presque instantané : on rentre sur l’autoroute, elle s’endort. Mieux qu’une berceuse. C’est insupportable ! Du coup je l’oblige à me signaler qu’elle est encore réveillée par une tape toutes les 5 min. Ce serait quand même dommage de la perdre en route. Alors pour s’occuper, elle chante à tue-tête dans son casque. Elle a même réfléchi à un système de harnais porte tablette tactile à m’accrocher dans le dos pour qu’elle puisse regarder un film pendant les longs trajets. Mais chut c’est un secret ! Le brevet n’est pas encore déposé…

Le seul truc vraiment sympa sur l’autoroute, c’est que chaque aire avec une station essence, c’est un peu une mini concentr’ motarde. Il y a toujours moyen de discuter avant de repartir s’ennuyer ferme jusqu’à la prochaine pompe.

Et, dans ces moments-là, je te raconte pas comme je déteste les 300 bornes d’autonomie de mon dromadaire de V-Strom…

 

Quentin, alias Cigalou, c'est une barbe un peu trop crade, un goût surement trop prononcé pour le rose, une gueule souvent trop grande et une passion immense pour tout ce qui touche à la bécane. Sur Vie de Motard, avec sa bande de potes, il réalise son rêve : secouer la planète moto en faisant le zouave ! Parfois trop. Ou pas.
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8 Commentaires

  1. Merci pour cet article !

    «La pompe environ toutes les 20 bornes».. ouai, optimiste ! Pas plus tard que la semaine dernière en rentrant du Vigeant ou j’étais allé gratter mes sliders (http://bit.ly/1RzwNE2), je ronronnais sur l’A10 en direction de la capitale un peu groggy après quelques heures de roulage assez sport. J’étais plutôt large sur le tank, mais je zieute le panneau indiquant la distance avant la prochaine station : 52km ! Bondioux !

    Donc il faut vraiment ouvrir l’oeil sur ce petit panneau placé 200 ou 300m avant l’entrée de la station et indiquant la distance de la station suivante.. et réagir vite car c’est vraiment juste avant la file d’entrée dans la station.

  2. Ah ah que tu es médisant avec nos belles autoroutes françaises ^^ il faut souligner quand même qu’elles sont relativement bien entretenues et les aires accueillantes.
    L’autoroute avec un intercom et de la bonne musique j’aime bien, tu vas loin mais tranquillement. Et le MUST c’est le télépage ! Même plus besoin d’enlever les gants ni de galérer avec la combi quand il pleut.
    En revenant d’un week-end virolo, 500km d’autoroute moi ça me repose… Mais bon, je ne suis pas une motarde comme les autres 😉

  3. Moi, ce qui me rend dingue sur l’auto-beurk c’est que je suis déjà obligée de descendre à moitié de ma bagnole pour prendre le ticket (ou payer) mais en moto c’est le même combat: même en étant tout prêt du trottoir, faut que je descende de la moto pour atteindre la borne. En général je rigole toute seule de ma taille (pas très grande) mais là j’me sens carrément handicapée et j’enrage à chaque fois, j’me sens persécutée, suis sur que les types qui ont placé les bornes les ont reculé juste pour pouvoir se marrer en matant les gens de taille RESPECTABLE se galérer… est ce qu’on sent à quel point j’aime l’auto-beurk???

  4. Petit conseil pour jamais se faire avoir sur le prix du péage : la file la plus à droite détecte tous les types de véhicule normalement sans se tromper. De plus en plus la détection est correcte sur toutes les files de péage, mais pour les petits péage ou juste pour être sûr, faut prendre la file de droite !

    Et la règle des 20km pour les stations, c’est sur les portions d’autoroute payantes uniquement. D’où les distances allongées à l’approche de Paris ou des grandes villes qui une périphérique/une rocade, ou sur les autoroutes gratuites.

  5. « au moins ça tourne, au moins tu risques de te mettre au tas » : je confirme , testé et approuvé. La prochaine fois que ça pisse dru (pardon, que les conditions météorologiques sont défavorables) , je n’hésiterai pas à prendre l’autoroute pour éviter les rond-points gasoilés. Sûr que mon genou me remerciera.

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